La situation décrite ici ne vaut pas intégralement pour chaque pays membre de l’UE, France comprise. Mais les forêts européennes font face à des problèmes communs, comme le changement climatique et certaines pratiques de l’industrie forestière, qui méritent d’être abordées de manière transversale. C’est tout l’objet de cet article.
1- La diversité est menacée
Forêt des Carpates, Pologne.
Octobre 2020. ©Katarzyna Gubrynowicz / Greenpeace
2- Nous perdons nos plus grands arbres… et nos espèces endémiques
Plus de la moitié des arbres endémiques d’Europe – ceux qui n’existent nulle part ailleurs sur Terre, comme le marronnier d’Inde, le frêne européen et le sorbier – sont menacés d’extinction. Dans le même temps, nous perdons les plus hautes forêts d’Europe. Les forêts naturelles diversifiées et écologiquement précieuses qui prospéraient autrefois sur le continent sont remplacées par des forêts fortement gérées, composées de peu d’espèces d’arbres, généralement à croissance rapide, et d’arbres d’âge uniforme. En France métropolitaine par exemple, 80% de la forêt a moins de 100 ans. Ceci a un impact considérable sur la biodiversité locale.
3- Les forêts deviennent plus vulnérables
Incendies en Gironde, en juillet 2022. Plus de 20 000 hectares sont partie en fumée.
© Pierre Larrieu / Greenpeace
4- 97 % des forêts anciennes d’Europe ont déjà disparu
Les forêts anciennes et autres forêts à haute valeur naturelle constituent l’un des écosystèmes forestiers les plus riches. Ces forêts jouent un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes de notre planète en servant de barrière protectrice contre les conséquences de la crise climatique. Malheureusement, les forêts primaires et anciennes de l’UE n’existent que dans des parcelles fragmentées. Elles sont donc rares, limitées en taille, et représentent moins de 3 % de la surface forestière totale de l’UE.
5- La biodiversité de l’Europe diminue de manière alarmante
Bisons d’Europe dans les Carpates, en Pologne. Les Carpates abritent environ 30 % de la flore européenne et les plus grandes populations d’ours bruns, de loups, de lynx, de bisons européens et d’espèces d’oiseaux rares.
Juin 2023. © Max Zielinski / Greenpeace
La déforestation, les coupes rases et l’élimination des arbres-habitats, du bois mort et des souches ont un impact négatif important sur les espèces dépendant de la forêt, telles que les insectes, les mammifères, les plantes non vasculaires et les oiseaux nicheurs.
L’état actuel des forêts européennes exige une action et des décisions urgentes. Des entreprises cupides, soutenues par des banques qui leur prêtent des milliards d’euros, exploitent et détruisent la nature en Europe et dans le monde entier. Il est temps de s’opposer aux profiteurs qui mettent en péril notre bien-être et la biodiversité. Les responsables européens doivent assumer leurs responsabilités et protéger les forêts européennes. Pour commencer, ils doivent immédiatement mettre fin à l’exploitation des forêts anciennes et mettre en place une sylviculture proche de la nature afin d’éviter de répéter les mêmes erreurs à l’avenir.
Les gouvernements doivent agir de toute urgence pour atténuer les effets de la crise climatique, arrêter les profiteurs et placer la nature au centre des priorités.
Nos demandes
- Créer des aires protégées sur 30% de l’ensemble du territoire terrestre et maritime de l’UE
- Garantir la protection des écosystèmes contre des activités telles que l’agriculture et la sylviculture industrielles, en mettant en place des mesures efficaces permettant à la nature de prospérer.
- Instaurer une gestion active des zones protégées pour améliorer les processus naturels tels que la prévention des incendies et assurer la restauration des forêts.
- Conserver au moins un tiers des zones riches en biodiversité et en carbone intactes et strictement protégées.
- Restaurer 20 % des zones maritimes et terrestres de l’UE : nous devons non seulement protéger nos écosystèmes les plus précieux, mais aussi restaurer la nature là où elle a été dégradée.
- Réorienter les subventions toxiques et les financements privés vers la restauration de la nature, la résilience et une transition équitable pour les communautés dont les revenus sont affectés.
- Transformer le système forestier pour qu’il soit géré au plus proche de la nature et mettre fin immédiatement à l’exploitation des forêts anciennes.
- Réduire considérablement la production et la consommation de bois pour l’énergie et les produits à courte durée de vie et promouvoir l’utilisation de produits à longue durée de vie.
- Abandonner les fausses solutions telles que la compensation carbone, les systèmes de certification ou les grandes monocultures d’arbres.
Protéger la nature n’implique pas d’en exclure l’humain. Les droits fonciers, l’accès et l’utilisation durable par les peuples autochtones et les communautés locales doivent donc faire partie intégrante du concept de protection. Nous devons également tenir compte des différences biogéographiques de l’Europe dans la mise en œuvre des objectifs, en veillant à ce que la conservation en Europe ne nuise pas aux forêts et aux autres écosystèmes, ni aux droits humains dans le reste du monde.