Abeilles en danger : un fléau aux causes multiples et aux conséquences catastrophiques
La disparition des abeilles, et plus largement des pollinisateurs, est une catastrophe planétaire qui met en danger l’humanité. Il est urgent d’agir pour les protéger !
Les abeilles : clé de voûte de notre sécurité alimentaire
Une alimentation saine dépend de pollinisateurs en bonne santé. Il suffit de quelques chiffres pour s’en rendre compte :
- 75 % de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs.
- Entre 60 et 90 % des plantes sauvages ont besoin d’insectes pollinisateurs pour se reproduire.
- 265 milliards de dollars : c’est la valeur estimée du service rendu par la pollinisation dans le monde.
Et pourtant, les pollinisateurs disparaissent. La situation est dramatique :
- Les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25 % en Europe entre 1985 et 2005.
- Ces derniers hivers, la mortalité de ces populations était de 20 % en moyenne en Europe, voire de 53 % dans certains pays.
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Les principales raisons de la disparition des abeilles
Elles sont multiples et s’entretiennent les unes les autres : dérèglements climatiques, nouveaux virus et agents pathogènes, acariens (varroa destructor), parasites (nosema ceranae), disparition des habitats naturels en raison des monocultures et, bien évidemment, traitements phytosanitaires.
Pesticides : une toxicité avérée
Ralentissement du développement, malformations, perte d’orientation (les abeilles ne retrouvent plus leur ruche), incapacité à reconnaître les fleurs, affaiblissement des défenses immunitaires… L’utilisation de pesticides impacte les populations de pollinisateurs. Sans oublier que ces derniers sont exposés aux risques des cocktails chimiques. En effet, les abeilles peuvent se nourrir de pollen contenant jusqu’à sept pesticides différents !
La toxicité d’un contact direct n’est pas niée par les fabricants, mais les résidus de pesticides que l’on retrouve ensuite dans le nectar, le pollen et même l’eau des plantes traitées présentent également un danger mortel pour les pollinisateurs. Sans compter les effets d’une exposition répétée à de faibles doses…
Des tueurs à bannir de toute urgence !
L’imidaclopride, le thiaméthoxame, la clothianidine, le fipronil, le chlorpyriphos, la cyperméthrine et la deltaméthrine : autant de noms barbares qu’il faut rayer définitivement de la liste des pesticides autorisés !
Trois de ces insecticides (l’imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine) font partie de la classe des néonicotinoïdes (cent fois plus toxiques que d’autres insecticides). Il s’agit de la famille d’insecticides la plus vendue dans le monde à l’heure actuelle. Ces pesticides sont dits systémiques ; ils sont particulièrement dangereux car ils pénètrent dans toute la plante. Ainsi, 80 000 abeilles peuvent être tuées par un seul grain de maïs enduit de 0,5 mg de clothianidine !
En 2013, face à l’accumulation de preuves scientifiques mettant en cause ces pesticides tueurs d’abeille, l’Union européenne a restreint provisoirement certains usages pour trois néonicotinoïdes (l’imidaclopride, la clothianidine et le thiamétoxame) ainsi que pour le fipronil. Il est grand temps de pérenniser cette interdiction européenne et de l’élargir à tous les pesticides tueurs d’abeilles.
Loi biodiversité : un pas en avant pour les pollinisateurs
Conformément à la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, adoptée par l’Assemblée nationale en juillet 2016 malgré les tentatives de sape du Sénat, les néonicotinoïdes seront interdits en France à partir de 2018. La loi permet néanmoins des dérogations jusqu’en 2020 pour certains usages. C’est un pas en avant, donc, mais qui se fait attendre.
Pour rappel, au-delà de leur toxicité, les néonicotinoïdes présentent une rémanence exceptionnelle. À titre d’exemple l’imidaclopride peut être absorbé par des cultures non traitées jusqu’à deux ans après la première utilisation, et peut se retrouver dans les pollens et les nectars à des niveaux toxiques pour les abeilles. L’enjeu maintenant est donc de s’assurer que le texte sera effectivement appliqué.
Cependant, certains acteurs n’attendent pas 2018. Le secteur de la grande distribution connaît quelques frémissements, notamment avec l’enseigne Monoprix qui a annoncé un partenariat avec le label Bee Friendly dans le but d’accompagner ses fournisseurs vers la fabrication de produits plus respectueux des pollinisateurs. Au total, 13 filières fruits et légumes sont concernées. L’objectif est qu’un tiers des fournisseurs travaillent en conformité avec le label Bee Friendly d’ici trois ans. Un bon début.
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