D’après nos recherches, près de la moitié des feux de forêts et de tourbières constatés en 2015 dans les régions de Riau et du Kalimantan occidental (Bornéo) étaient situés dans des concessions de palmiers à huile ou d’arbres à pâte à papier. Au nord du Kalimantan, 48% de ces feux étaient localisés dans des concessions de palmiers à huile.
Le gouvernement indonésien estime qu’1,7 million d’hectares – une surface à peine plus petite que le Pays de Galles, sont partis en fumée en 2015, pour un rejet de CO2 dans l’atmosphère supérieur à la totalité des émissions du Royaume-Uni pendant un an (EN). En 25 ans, l’Indonésie a perdu un quart de sa forêt tropicale, l’une des plus importantes et des plus précieuses au monde.
L’huile de palme, suspect n°1
Il est clair aujourd’hui que les producteurs d’huile de palme doivent répondre de ces feux : peu importe qui allume la flamme, c’est le défrichage et le drainage des tourbières ; pour planter des palmiers à huile et autres essences industrielles, qui établissent les conditions propices aux incendies.
Pour faire face à ce fléau environnemental et sanitaire, le gouvernement indonésien s’est engagé à contraindre les entreprises à restaurer les parcelles détruites par les incendies. Et plusieurs centaines de milliers d’entre nous ont fait pression pour que les grandes marques comme Colgate renforcent leurs politiques Zéro Déforestation.
IOI, entreprise scélérate
Alors que des progrès significatifs sont observés dans le secteur de l’huile de palme, certains négociants restent à la traîne. C’est notamment le cas d’IOI, un géant de l’huile de palme basé en Malaisie, qui s’évertue depuis près d’une dizaine d’années à faire des promesses pour les briser aussitôt. IOI est l’un des plus gros importateurs d’huile de palme en Europe et a fourni, par le passé, des marques comme Nestlé ou Unilever. S’il est difficile de toujours tracer précisément l’huile de palme, celle produite par IOI est indéniablement présente dans les dentifrices et les biscuits que nous consommons.
Pour le moment, IOI s’en sort en restant discrète. A l’inverse des entreprises qui s’adressent directement à la grande consommation et qui doivent par conséquent s’adapter aux exigences du grand public, IOI n’a aucune marque publique à défendre et opère dans l’ombre : 87 followers sur Twitter. Pourtant IOI est sans doute l’une des pires entreprises dont vous n’ayez jamais entendu parler.
IOI détruit des forêts tropicales précieuses
IOI et la déforestation, c’est une longue histoire. Greenpeace a révélé son implication dans la déforestation qui frappe la région de Kalimantan en 2008. Depuis, IOI a converti des dizaines de milliers d’hectares en plantations de palmiers à huile – dont des zones d’habitat d’une espèce d’orang-outan aujourd’hui menacée. De plus, elle continue d’acheter de l’huile de palme à des compagnies qui déboisent.
Elle ignore également les risques d’incendie liés au drainage des tourbières, qui une fois asséchées sont rendues extrêmement inflammables. Les incendies sont une aubaine pour les planteurs : ils défrichent les zones boisées et les rendent fertiles pour leurs plantations industrielles. Le gouvernement indonésien essaie de résoudre ce problème en obligeant les entreprises à restaurer les parcelles brûlées. IOI ne semble pourtant pas avoir reçu la consigne : en 2016, des membres de Greenpeace ont visité une plantation de l’entreprise et ont trouvé des preuves que des palmiers à huile venaient d’être plantés (EN) dans des zones récemment brûlées.
IOI méprise les droits humains
IOI a toujours connu de violents conflits sociaux. The Long Teran Kanan (EN), une communauté malaisienne dont les terres ont été accaparées par IOI en 1996 et converties en plantations de palmiers à huile, a tenté de faire reconnaître ses droits pendant six ans.
L’entreprise a également été accusée d’abus sur ses salariés (EN) – comme la confiscation de leur passeport et l’exercice de pressions pour les empêcher de se syndiquer. Beaucoup d’entre eux ont également témoigné qu’IOI les payait bien en-dessous du salaire minimum légal.
… et le secteur industriel la laisse tranquille
La Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO ), une “table-ronde” réunissant des entreprises de plantations de palmiers à huile mais également des entreprises consommatrices et des ONG, est supposée vérifier que ceux qui se réclament de ce label mettent en place des politiques de durabilité concrètes et efficaces. Mais elle s’avère bien peu sérieuse.
Alors qu’elle connaît les pratiques d’IOI depuis des années, la RSPO a attendu le mois d’avril de cette année pour l’exclure… avant de la réintégrer en août, avant même qu’IOI ne fasse quoi que ce soit pour réparer les dommages dont elle est responsable.
…MAIS PAS NOUS
Aujourd’hui, il est tout à fait possible, en appliquant la méthodologie HCS reconnue et mise en œuvre par un nombre croissant d’acteurs industriels, de produire de l’huile de palme Zéro Déforestation. C’est pourquoi nous menons aujourd’hui une action pour demander à IOI de changer totalement ses pratiques : plusieurs de nos activistes, avec l’aide de notre navire Esperanza, bloquaient ce matin les marchandises d’IOI dans le port de Rotterdam, en Hollande.
Nous demandons à IOI de stopper immédiatement ses fournisseurs responsables des feux de forêts, de réparer les dommages commis, de protéger ses salariés ainsi que les communautés locales, et de travailler avec un consultant indépendant qui puisse guider l’entreprise vers des politiques Zéro Déforestation.
Pour ajouter votre voix à ce combat :