Quand Superman se plante…
Ce mardi 3 juillet, un drone aux allures de Superman a pénétré dans l’enceinte de la centrale nucléaire du Bugey, une zone interdite de survol mais visiblement mal protégée. Le super héros était téléguidé par des militants et militantes de Greenpeace France. Il a pu survoler la centrale sans être inquiété puis s’est dirigé droit vers le mur de la piscine d’entreposage de combustible usé, bâtiment de la centrale le plus chargé en radioactivité, où il a été volontairement crashé par ses pilotes, sans qu’aucune mesure ne l’en ait empêché.
… suivi d’un avion radiocommandé
Peu après, le crash de Superman, un avion radiocommandé a lui aussi pénétré dans la zone de sécurité interdite de survol, toujours dans la centrale nucléaire du Bugey. Il est également venu se crasher délibérément contre le même mur de la piscine d’entreposage du combustible usé. A nouveau, aucune réaction ni de la part de la protection du site d’EDF ni de la part de la protection aérienne.
Pourquoi ces deux crashes sont inquiétants
Que les fans du super héros se rassurent : Superman n’était en réalité qu’un drone inoffensif. Ce drone comme l’avion radiocommandé qui a pris le même chemin étaient pilotés par des militant-e-s non violents dont le seul but était de dénoncer l’insécurité des installations nucléaires. Aucun des aéronefs de Greenpeace n’a été intercepté. Seuls les « débris » de Superman et de l’avion radiocommandé ont pu être collectés au pied du mur de la piscine d’entreposage de combustible usé. La réalité, mise en lumière par cette action symbolique, n’en est pas moins inquiétante. Le survol et le crash de ce drone ont montré que l’espace aérien n’était pas inviolable. Les piscines d’entreposage de combustible usé, telle que celle visée par ce « Superman » et cet avion, sont très facilement accessibles et extrêmement vulnérables face au risque d’attaques extérieures. Cela a été montré à deux reprises ce matin.
Des bâtiments conçus dans les années 1970
Quand ces bâtiments nucléaires ont été conçus, dans les années 1970, la menace extérieure n’a pas été prise en compte. Les piscines d’entreposage de combustible usé n’ont pas été dotées d’une enceinte de confinement robuste. Contrairement, à ce qu’EDF tente de faire croire, ses installations n’ont pas été conçues pour résister à une chute d’avion de type gros porteur.
Des mesures d’urgence pour la sécurité nucléaire ?
Greenpeace France a lancé de multiples alertes sur les failles de sécurité des installations nucléaires, que ce soit par la remise d’un rapport d’experts indépendants aux autorités ou par de précédentes actions en octobre à la centrale de Cattenom en Moselle et en novembre 2017 à la centrale de Cruas-Meysse en Ardèche. Jusqu’à présent EDF s’est contenté de réagir en engageant des poursuites judiciaires à l’encontre de celles et ceux qui ont donné l’alerte. L’entreprise doit pourtant effectuer d’urgence les travaux indispensables à la sécurisation de ses centrales. Comment ? Notamment par une bunkerisation des piscines d’entreposage de combustible usé qui permettrait de sécuriser ces installations.
Un rapport parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire
Alors que la Commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaire publiera son rapport dans quelques jours, dans lequel nous plaçons beaucoup d’espoirs, plusieurs questions fondamentales demeureront : quand l’entreprise EDF se décidera-t-elle enfin à répondre aux multiples alertes et à investir dans la sécurité de ses centrales nucléaires ? Et quand fera-t-elle enfin le choix de se passer du nucléaire et de développer les énergies renouvelables, plutôt que d’investir des dizaines de milliards dans le rafistolage de vieux réacteurs ? Il en va de la sécurité des populations françaises et européennes.