Les banques éthiques n'investissent pas dans les énergies fossiles - Protestation contre le financement bancaire des énergies fossiles

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Les banques éthiques sont-elles fiables ?

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Par leurs financements et investissements colossaux, les banques ont le pouvoir de favoriser certains secteurs d’activité. De 2016 à 2021, les banques françaises ont en effet injecté 352 milliards de dollars dans les énergies fossiles, se plaçant au rang de premier financeur européen dans ce secteur…et alimentant directement le réchauffement climatique. Face à ce constat, que faire ? Les banques éthiques sont-elles une bonne alternative aux banques conventionnelles ? 

Comment les banques détruisent-elles le climat ? 

Une empreinte carbone de taille

En 2020, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement des six plus grosses banques françaises représentaient huit fois les émissions de CO2 de la France… Alors que l’Accord de Paris a fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2100, les banques françaises investissent massivement dans les énergies fossiles. Résultat : la France occupe la 3e place dans le classement des pays investissant le plus dans l’industrie fossile, derrière les Etats-Unis et la Chine. Une médaille de bronze de la honte car, selon un récent rapport d’Oxfam France, à cette cadence il sera impossible de rester sous les 2 °C de réchauffement. 

Ce rapport fait un bilan particulièrement alarmant sur les activités des banques BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole qui, si elles continuent sur leur lancée, nous rapprochent d’une augmentation de 4 à 5 °C d’ici 2100. En 2022, ces trois banques ont notamment accordé, aux côtés de neuf autres établissements, un “chèque en blanc” de huit milliards de dollars à TotalEnergies.

La dépendance alarmante des banques vis-à-vis de l’industrie fossile

Alors que l’exploitation des énergies fossiles – charbon, gaz et pétrole – est la cause principale du réchauffement climatique, les banques françaises et internationales continuent inlassablement de financer ce secteur. Lorsqu’en 2020 la crise sanitaire fait chuter la valeur boursière des grands groupes pétroliers, des banques comme la BNP Paribas et la Société Générale leur ont prêté main forte, quitte à investir à perte pour les soutenir. À elle seule, BNP Paribas a injecté 10 milliards d’euros dans les huit majors pétrolières (Total, Shell, BP, ExxonMobil, Chevron, Eni, Equinor, Repsol).

Pourquoi un tel soutien ? L’industrie fossile est tout simplement un client historique des banques, qui leur permet de toucher des commissions astronomiques.

Des activistes de Greenpeace qui protestent près d'une plateforme pétrolière dans la Mer du Nord

Plateforme pétrolière appartenant à Shell située dans la partie britannique de la Mer du Nord © Marten  van Dijl / Greenpeace

Qu’est-ce qu’on appelle les “banques éthiques” ? 

Les banques éthiques : un modèle financier plus vertueux 

Selon la charte de la Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives, les banques éthiques présentent notamment trois caractéristiques fondamentales :

  • Le financement exclusif de projets écologiques, sociaux et culturels. Par exemple la Nef, banque éthique pionnière en France, oriente ses financements principalement vers l’agriculture biologique, les énergies renouvelables ou encore les activités culturelles. 
  • La transparence des financements :  une banque éthique s’engage à vous dire où va votre argent… Depuis 2010, la Nef publie ainsi tous les ans l’intégralité des projets financés avec l’argent des épargnant·es.
  • Le management collaboratif : les banques éthiques cherchent, sous différentes formes juridiques, à maximiser la participation des salarié·es et des adhérent·es. Beaucoup, à l’instar du Crédit Coopératif ou de la Nef, choisissent la forme coopérative

Les néo banques sont-elles des banques éthiques ? 

De plus en plus de néobanques qui se disent “vertes” voient le jour avec pour ambition de stopper les financements aux énergies fossiles. C’est une très bonne nouvelle que de nouveaux acteurs financiers communiquent sur la nécessité de stopper au plus vite les investissements fossiles.

Les « néobanques » ne se valent néanmoins pas. Si toutes s’engagent à ne pas financer directement les énergies fossiles, certaines déposent les fonds de leurs clients dans des banques connues pour leur contribution majeure au réchauffement climatique. C’est le cas d’OnlyOne (Société Générale) et Lydia (BNP Paribas).

Ces acteurs étant encore récents, il est difficile de savoir précisément comment est utilisé l’argent déposé dans une « néobanque ». A ce stade, Helios semble être la seule à financer directement des projets qui contribuent à accélérer la transition énergétique, via la Banque Européenne d’Investissement. D’autres néobanques pourraient vouloir placer l’argent récolté dans des fonds d’Investissement Socialement Responsable (ISR). Or selon l’association Reclaim Finance, 94% de ces fonds contiennent des entreprises problématiques.

Banques éthiques ou greenwashing ?

Certaines grandes banques adoptent peu à peu des comportements plus vertueux, comme la Banque Postale qui a décidé d’abandonner le financement des hydrocarbures d’ici 2030. Une décision marquante, puisqu’une grande banque française reconnaît enfin l’urgence climatique et environnementale de délaisser les énergies fossiles. 

Malheureusement, si les autres grandes banques font aussi la promotion d’engagements climatiques et environnementaux, elles continuent de financer les majors pétrolières… BNP Paribas s’est révélée experte en matière de greenwashing : plus gros soutien financier européen aux développeurs d’énergies fossiles de l’année 2021, elle n’hésite pas à communiquer abondamment sur ses soi-disant engagements climatiques qu’elle ne tient pas. 

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Découvrez notre décryptage sur le greenwashing !

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Investissements, assurances et banques éthiques : que faire à son échelle ?

Soyons clairs : c’est tout le système financier qu’il faut changer, afin que les critères écologiques et sociaux soient au cœur des stratégies d’investissement. L’association Oxfam propose ainsi d’obliger les grandes entreprises, dont les banques, à réduire leur empreinte écologique sous peine de sanction financière. À votre échelle, il est également possible d’accélérer ce mouvement en optant pour une banque et une assurance éthiques, ou même en finançant directement des projets responsables.

Opter pour une banque éthique 

Votre banque est-elle éthique ?

En tant qu’épargnant·e, on a très peu de visibilité sur les projets que financent nos banques et donc notre argent, et il faut savoir que les grandes banques classiques françaises sont en tête de classement lorsqu’il s’agit de financer des bombes climatiques. Par exemple, l’expansion en Arctique par les compagnies pétro-gazières est soutenue par des acteurs comme la BNP, le Crédit Agricole et la Société Générale (la compagnie d’assurance AXA figure aussi parmi les soutiens). Pour savoir à quel point votre banque est néfaste pour le climat, Oxfam met à votre disposition un calculateur de l’empreinte carbone de votre banque qui vous aidera à déterminer le taux d’émission de CO2 produit à partir de votre argent. L’association Reclaim Finance, membre des Amis de la Terre, a elle analysé les différentes banques et néobanques selon leurs politiques climatiques.

Militants de Greenpeace qui protestent contre le financement des énergies fossiles dans les banques

Protestation devant la Banque Centrale Européenne à Frankfort contre le financement des énergies fossiles
© Bernd Hartung / Greenpeace

Quelles sont les banques les plus éthiques ?

Si vous souhaitez que votre argent finance des projets vertueux et responsables, les banques éthiques sont une alternative aux grands groupes classiques. Si aucune banque n’est 100% vertueuse, voici quelques suggestions, inspirées de l’analyse de l’association Reclaim Finance, pour les personnes qui souhaiteraient changer de banque :

  • En France, la Nef est la banque éthique de référence (même si ça n’est pas une « banque » à proprement parler car vous ne pouvez y ouvrir un compte courant par exemple). Indépendante, elle investit dans des projets à la fois environnementaux, culturels et solidaires. C’est d’ailleurs la banque avec la plus faible “intensité carbone” (c’est-à-dire les gaz à effet de serre émis par chaque euro déposé). C’est donc un très bon établissement pour ouvrir un livret d’épargne. En revanche, vous devrez aller ailleurs pour ouvrir un compte courant et obtenir une carte bleue. 
  • Le Crédit Coopératif est l’autre banque éthique en France. En 2019, Les Amis de la Terre lui avaient attribué une note de 7,4/10, soit bien au-dessus de la moyenne des banques (et un peu moins que La Nef, qui avait obtenu 10/10). Elle offre tous les services bancaires traditionnels : compte courant, comptes épargnes, prêts immobiliers…. . 
  • La Banque Postale est la troisième banque à sortir du lot. Bien qu’elle ait une intensité carbone encore trop élevée (388 grammes par euro déposé selon un rapport d’Oxfam, soit 3 fois plus que la Nef), elle a pris l’engagement de sortir à court terme de toutes les énergies fossiles, dont le gaz et le pétrole. Une décision historique.

Quid des « néobanques » ? Helios est une option intéressante pour ouvrir un compte courant. Une partie des fonds (40%) est utilisée pour financer directement des projets à impact (l’autre partie est mise en réserve à la Banque centrale européenne). Alexandre Poidatz, d’Oxfam France, fait partie du “comité de mission consultatif” de l’entreprise.

Comment ouvrir un compte dans une banque éthique ?

Changer de banque peut parfois être complexe, surtout lorsqu’on rembourse déjà un crédit.  Heureusement, des solutions existent. Par exemple, certaines banques acceptent de racheter vos crédits. Si vous êtes engagé·e auprès de votre banque actuelle avec un prêt immobilier, rien n’est perdu puisque vous pouvez toujours transférer votre épargne vers une banque éthique. Enfin, si changer de banque d’un coup vous semble trop complexe, il est tout à fait possible de commencer par ouvrir un livret épargne, à la Nef par exemple, et d’y verser peu à peu de l’argent, à mesure de vos moyens.

Si vous avez pour projet de quitter votre banque actuelle pour une banque éthique, félicitations ! N’oubliez pas de motiver votre départ auprès de la banque que vous quittez. Envoyez un message ou faites un retour client mettant en cause la politique nocive de la banque contre l’environnement. Cela participera à faire évoluer le système bancaire dans le bon sens.  

Choisir une assurance éthique ?

Les assurances investissent elles aussi dans les énergies fossiles. Ce qui frise l’absurde, puisque de nombreuses compagnies d’assurance s’inquiètent déjà des conséquences du réchauffement climatique sur leur secteur. Par exemple, aux États-Unis, en raison du dérèglement climatique, des assurances commencent à refuser de couvrir certains risques climatiques (ouragans, sécheresses, inondations) car ils deviendront de plus en plus systémiques avec le temps.   

À votre échelle, il est possible d’opter pour une assurance éthique d’un point de vue climatique. L’association Reclaim Finance analyse régulièrement les politiques climatiques des assureurs. Voici quelques conseils en vidéo, par sa directrice Lucie Pinson (à partir de 0:45).

Investir directement dans la finance durable

De manière générale, c’est tout le système financier actuel qui est obsolète et orienté vers des secteurs d’activités ou des projets extrêmement polluants. 

Choisir une assurance ou une banque éthique est une excellente idée, mais si vous disposez d’un peu d’argent de côté il est aussi possible de l’investir directement dans des projets liés à la transition énergétique, comme Lita, Terre de Lien ou encore Energie Partagée.

Et si vous souhaitez agir au quotidien sur d’autres sujets que l’éthique bancaire, vous pouvez vous inscrire à la newsletter des Mardis verts. Tous les mardis, on décortique l’empreinte écologique d’un objet du quotidien, et on vous donne des idées pour agir à votre échelle.