
Agriculture et alimentation
Comment manger sainement sans détruire la planète ?
L’agriculture est au cœur de notre système alimentaire. Suivant les modes de production utilisés, notre alimentation, notre santé et la planète seront directement impactées. Aujourd’hui, l’agriculture est responsable de 20,6 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. Cet état de fait résulte d’une volonté politique affirmée, depuis plus de cinquante ans, d’industrialiser toujours plus l’agriculture, quelles qu’en soient les conséquences pour les populations et l’environnement. Pourtant, une autre forme d’agriculture est possible ; bénéfique pour la planète, pour notre alimentation, pour notre santé et pour les paysans et les paysannes.
Quels sont les impacts de l’agriculture industrielle sur l’environnement et dans notre assiette ?
Méga-fermes et monocultures : biodiversité en danger
L’agriculture industrielle, qui répond à un objectif de production massive, favorise la monoculture et la mécanisation à outrance. Cela provoque l’épuisement des sols, l’appauvrissement de la biodiversité, la destruction d’écosystèmes naturels complexes et la disparition des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Par ailleurs, l’expansion des surfaces agricoles et l’utilisation de produits phytosanitaires ont aussi changé le métier de paysan. La France est passée d’une agriculture familiale à une agriculture industrielle monoculturale, dépendante des industries agrochimiques, des marchés internationaux et nécessitant moins de main-d’œuvre (les agriculteurs et agricultrices ne représentent plus que 3,4 % de la population active française).
Toujours plus d’OGM
Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont le symbole de cette vision productiviste et industrielle du modèle agricole dominant. Ils sont source de pollution génétique et menacent la biodiversité car ils peuvent contaminer les cultures avoisinantes et les plantes sauvages. La majorité des OGM présentent une résistance à un ou plusieurs herbicides, ce qui encourage l’utilisation abusive de ces intrants chimiques qui polluent les sols et les nappes phréatiques. Malgré de belles promesses, ils ne remplissent pas les objectifs de sécurité alimentaire et d’adaptation au changement climatique qui leur sont officiellement assignés. Les premières générations d’OGM existent depuis bientôt trente ans et ils n’ont pourtant pas résolu le problème de la faim dans le monde ni démontré leur valeur ajoutée en matière d’adaptation au changement climatique.
En revanche, ils accroissent la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des grandes multinationales semencières comme Monsanto et standardisent l’agriculture. Ils posent aussi la question de la brevetabilité du vivant, de l’accaparement de la biodiversité sauvage et cultivée, et celle du droit qu’ont les agriculteurs de vivre de leur métier et d’utiliser leurs propres semences. C’est le principe même de souveraineté alimentaire qui est remis en cause.
Des pesticides dans nos assiettes
Les pesticides et l’utilisation massive d’engrais chimiques sont au cœur du modèle agricole industriel. S’ils permettent de produire plus, dans un temps réduit, avec moins de main-d’œuvre, cela enclenche un terrible cercle vicieux : plus de pesticides, c’est plus de rendement à court terme mais une terre de moins en moins fertile, un écosystème déséquilibré et donc… un recours accru aux engrais chimiques et aux pesticides !
Résultat ? Malgré la mise en place d’un plan Ecophyto pour réduire l’usage des pesticides il y a plus de 10 ans, il n’y a pas eu de vraie baisse : le nombre total d’hectares traités par des pesticides reste 10 % plus élevé en 2020 qu’en 2008. Avec sa deuxième place, la France se maintient sur le podium des plus gros consommateurs de pesticides en Europe.
Ce recours massif aux engrais chimiques et aux pesticides pollue dangereusement les sols et l’eau, détruit la flore et la faune (dont les abeilles), aggrave le dérèglement climatique, fragilise notre sécurité alimentaire, et se retrouve dans notre alimentation sous forme de résidus, générant des risques pour notre santé.
La mainmise de l’agro-industrie sur le système alimentaire
Une poignée de multinationales contrôle des pans entiers de notre système alimentaire. Les agriculteurs et les consommateurs sont pris en tenailles par quelques grandes entreprises. Notre système alimentaire ne répond pas aux besoins des êtres humains mais à ceux du capital.
En France, l’exemple de la grande distribution est significatif : près des deux tiers des achats alimentaires des Françaises et des Français sont ainsi réalisés dans des hypermarchés ou des supermarchés, souvent pour des raisons financières et/ou par manque d’accès à d’autres distributeurs alimentaires à proximité.
Parallèlement, la grande distribution est dominée par seulement neuf groupes dont deux poids lourds : Carrefour et Leclerc, qui représentent quasiment la moitié des parts de marché. Ces géants de la grande distribution pratiquent des marges importantes sur leurs produits tout en menant leurs négociations commerciales de façon opaque. Ce modèle empêche les agriculteurs et agricultrices d’avoir des marges de manœuvre suffisantes, notamment lorsqu’il s’agit de négocier les prix de vente de leurs productions. Leurs prix de vente baissent donc tandis que, parallèlement, leurs coûts de production explosent ! L’agriculture industrielle est en effet un modèle coûteux : il engendre une très forte dépendance des agriculteurs aux intrants extérieurs. Ce cercle vicieux empêche toute transition vers une agriculture agroécologique, plus saine pour la planète et notre santé.
Des fermes-usines dangereuses
En 2023, 60 % des animaux étaient concentrés dans 3 % des fermes d’élevage en France. Ce chiffre affolant illustre comment l’élevage s’est radicalement transformé au profit d’une industrialisation qui entasse des centaines de milliers d’animaux dans des bâtiments sans accès aux espaces extérieurs, sans préoccupation aucune pour le bien-être animal. Au-delà des conditions abjectes dans lesquelles ces animaux sont « élevés », les conséquences sur l’environnement et la santé des riverains et riveraines de fermes-usines sont majeures. Pollution de l’air, de l’eau, des sols, développement des algues vertes, déforestation, antibiorésistance, zoonose ou encore disparition des savoir-faire paysans : ces méga-fermes, qui n’ont de fermes que le nom, sont l’incarnation d’un modèle d’élevage à bout de souffle et délétère.
Une alimentation saine pour la santé et pour le climat, comment faire ?
Réduire drastiquement l’utilisation de pesticides et d’intrants chimiques
C’est une nécessité pour préserver la santé humaine et protéger l’environnement. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de promouvoir des pratiques agricoles alternatives, comme l’agriculture biologique et l’agroécologie, qui privilégient des méthodes naturelles de lutte contre les ravageurs. L’utilisation de pesticides est indissociable de la compétition sur les prix et du libre-échange. Il faut donc une transformation du modèle économique et une politique publique forte, soutenue par des investissements dans la recherche et l’innovation. Cela permettrait d’accompagner cette transition vers une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement.
Appliquer le principe de précaution pour les OGM et nouveaux OGM en Europe
Aujourd’hui, la culture de maïs OGM (et de tout autre OGM de première génération) est interdite sur le territoire français mais ce n’est pas le cas partout en Europe. Il est indispensable que les gouvernements européens appliquent rigoureusement le principe de précaution concernant les OGM.
Par ailleurs, le débat porte désormais sur ce que l’on appelle communément les « nouveaux OGM », c’est-à-dire les produits issus de nouvelles techniques de modification génétique. Pour protéger notre santé et celle de la planète, et par principe de précaution, les nouveaux OGM doivent être réglementés comme les OGM de première génération. Si ces nouveaux OGM n’étaient pas réglementés de la même manière, ils ne seraient alors pas soumis aux obligations d’étiquetage ou d’évaluation des risques. En réalité, comme leur présence serait passée sous silence, nous pourrions en consommer sans le savoir.
Mettre fin à la surconsommation de viande et de produits laitiers
L’industrialisation et l’hyper-concentration des fermes-usines sur le territoire, impulsées par les lobbys de l’agro-alimentaire, sont un véritable fléau contre lequel il faut lutter de toute urgence. Dans un contexte d’urgence climatique, diminuer la production et la consommation de viande est une priorité absolue, les experts du GIEC nous le rappellent depuis plusieurs années. L’industrialisation de l’élevage contribue à l’épuisement des ressources planétaires, par définition limitées, et à la dégradation de l’environnement.
Pour sortir de ce modèle, il est inévitable de réduire la production et la consommation de viande et de produits laitiers, afin de limiter l’empreinte écologique de ce secteur. L’enjeu est alors pour chacun et chacune de passer de régimes alimentaires trop carnés qui exercent une pression dangereuse sur notre planète, déstabilisent les écosystèmes et nuisent à notre santé, à une alimentation plus végétale tout en incluant en quantité limitée de la viande et des produits laitiers issus d’élevages paysans, locaux et/ou biologiques, si on le souhaite.
Adopter des politiques publiques pour une alimentation saine et accessible
Pour garantir que chaque citoyen et chaque citoyenne puisse bénéficier d’une nourriture saine et équilibrée, nous avons besoin de mesures qui encouragent la transformation de nos pratiques alimentaires (campagnes de sensibilisation pour diminuer la consommation de produits d’origine animale au profit d’alternatives végétales, soutien à l’agriculture biologique et à l’élevage paysan ou mécanismes pour lutter contre la précarité alimentaire). La mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation permettrait par exemple l’achat, par toutes et tous, de produits alimentaires écologiques et sains dont le conventionnement serait décidé démocratiquement.
Par ailleurs, il est crucial de réformer notre système alimentaire en favorisant par exemple l’accès à la consommation de produits sains, notamment dans les cantines scolaires. Les marchés publics doivent se fournir auprès de producteurs locaux et proposer de manière régulière des plats végétariens et biologiques.
Subventionner la transition agricole
Il est nécessaire d’abandonner les méthodes chimiques de contrôle des parasites au profit de pratiques basées sur le respect de la biodiversité et la santé des écosystèmes. Les bénéfices se retrouveront aussi dans les assiettes !
Il faut accorder davantage de subventions à la recherche et au développement d’alternatives agricoles écologiques mais aussi repenser notre système alimentaire et mieux répartir et organiser l’agriculture sur le territoire pour que les productions soient adaptées aux spécificités de leurs territoires (climat, capacités des sols, etc.) et qui répondent aux besoins du territoire. Les politiques publiques doivent financer l’accompagnement des agriculteurs, et en particulier des éleveurs, dans la transition.
Garantir une rémunération digne pour les agriculteurs et les agricultrices
Le gouvernement doit réellement appliquer les mesures issues des lois Egalim et affaiblir ainsi la mainmise inacceptable de la grande distribution sur la détermination des prix. Plusieurs leviers peuvent être activés comme la mise en place de prix minimums garantis, la réinstauration de quotas de production, en particulier sur le lait, et l’encadrement strict des marges des intermédiaires, notamment de la grande distribution. Mieux rémunérer les agriculteurs et les agricultrices, c’est leur donner la possibilité d’engager une transition de leur mode de production vers une alimentation plus saine et locale.
Que faire à son échelle ?
Adapter ses achats
Quand c’est possible, s’approvisionner au maximum en produits locaux, de saison ou bio/sans pesticides. Découvrez notre guide des fruits et légumes de saison.
Prendre de bonnes habitudes alimentaires
Végétaliser son alimentation, et manger « moins mais mieux » de viande et de produits laitiers en s’approvisionnant, si cela est possible, auprès de producteurs locaux et engagés dans la transition écologique.
Faire pression sur le gouvernement
Signer notre pétition contre l’essor des fermes-usines en France.
Soutenir financièrement nos actions en faveur de la transition agricole
Faire un don pour soutenir nos actions et une agriculture durable.
Agir avec nous sur le terrain
Rejoindre un groupe local de Greenpeace pour agir localement contre l’expansion des fermes-usines en France·
Crise agricole : les raisons de la colère
L’Europe et les « normes environnementales » sont-elles responsables de la crise ?
[Action] Voici les VRAIS coupables de la crise agricole
Algues vertes : retour à l’envoyeur !
Non aux nouveaux OGM dans nos assiettes !
Essayez notre moteur de recherche !
rechercherDécouvrir
S’informer
Agir
L'actualité environnementale décryptée : découvrez la newsletter de Greenpeace.
Rejoignez plus d'un million de personnes en France et, vous aussi, agissez pour la planète !