Pourquoi nous mobilisons-nous ? 
Face à la crise engendrée par la guerre e

Agriculture

Agriculture productiviste : action à Besançon

Plusieurs dizaines de militants et militantes représentant 24 organisations environnementales, paysannes et citoyennes sont rassemblées devant le palais des congrès de Besançon, à l’occasion du “grand oral” des candidats et candidates à l’élection présidentielle, organisé par la la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).

Pourquoi nous mobilisons-nous ? 

Face à la crise engendrée par la guerre en Ukraine, nous exprimons nos inquiétudes sur l’orientation politique proposée à court terme par le gouvernement au sein de son plan de résilience, et sur les adaptations apportées à la stratégie européenne “De la ferme à la fourchette” qui vise à favoriser une alimentation plus saine et plus durable. Nous souhaitons interpeller les candidats et candidates à l’élection présidentielle sur leur vision à long terme des politiques agricoles et alimentaires, et leur soumettre une série de propositions pour repenser en profondeur notre système alimentaire afin qu’il soit plus résilient face aux crises d’aujourd’hui et de demain. 

Cette guerre rappelle de façon tragique la fragilité de notre système agroalimentaire, trop dépendant des importations, et met en lumière les manœuvres délétères des défenseurs d’une production agricole industrielle. Au niveau national, certaines mesures du plan de résilience vont dans le bon sens, avec par exemple le renforcement du Plan Protéines Végétales qui vise notamment à réduire la dépendance de la France à ces importations et à encourager les Français et les Françaises à augmenter leur consommation de protéines végétales. Cependant, d’autres ne constituent qu’une nouvelle perfusion à un modèle dysfonctionnel et renforcent encore la dépendance des agriculteurs et agricultrices aux intrants chimiques (engrais et pesticides de synthèse) et à l’importation d’alimentation animale.

Un double discours inquiétant d’E. Macron qui montre ses limites en matière d’écologie

Le 24 mars dernier, le président a annoncé la nécessité de produire davantage en Europe, et ce, tout en respectant les normes environnementales en vigueur. Bien que ces mots semblent en apparence positifs, ils masquent la véritable intention d’Emmanuel Macron candidat, puisqu’il a également annoncé son souhait de revenir sur la stratégie “De la ferme à la fourchette”.

Sous couvert de “produire plus pour nourrir le monde”, le ministre de l’Agriculture et le président ont relayé, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, les mesures portées par l’agro-industrie et la FNSEA en particulier : mise en culture pour la dernière année de la PAC actuelle des surfaces d’intérêt écologique – dont les jachères essentielles à la biodiversité et à la restauration des sols, et autorisation de l’usage de pesticides sur ces surfaces. 

Nos organisations dénoncent fortement ce rétropédalage environnemental de la Commission européenne et du gouvernement français. Rétropédalage d’ailleurs décrié récemment par plus de 650 scientifiques et chercheurs du monde entier.

Une vision productiviste à contre-sens de la sécurité alimentaire mondiale

En tant que président du Conseil de l’Union européenne, Emmanuel Macron a récemment annoncé la mise en place d’un plan d’urgence pour la sécurité alimentaire : FARM (Food and Agriculture Resilience Mission). S’il faut saluer le fait que la France prenne la mesure de la crise alimentaire qui se profile, cette initiative ne semble pas tenir compte des connaissances et des analyses sur les causes structurelles de la faim dans le monde, pour se concentrer sur de simples enjeux de production et de gestion des marchés. 

“Produire plus” pour répondre à un manque de disponibilité n’est pas la solution : nous produisons suffisamment de nourriture pour nourrir l’ensemble de l’humanité. Certes, il y a un risque de pénurie alimentaire à moyen terme, mais il est possible d’y répondre en produisant autrement :

  • en utilisant une partie des sols actuellement destinés à l’alimentation animale et aux cultures énergétiques pour la production d’alimentation humaine,
  • en renforçant les capacités productives des pays en développement pour assurer leur souveraineté alimentaire.

Les candidat·es doivent faire les bons choix pour les politiques agricoles et alimentaires

Alors que le modèle agricole prôné par la FNSEA depuis 60 ans a aggravé la dépendance de notre système aux énergies fossiles et à un marché très mondialisé et volatile, il est temps de s’attaquer aux causes structurelles de cette situation qui nous conduit droit dans le mur. Cette guerre doit être l’occasion de faire le choix de la durabilité et de la transition, et les candidats et candidates à l’élection présidentielle doivent proposer des mesures concrètes pour aller en ce sens. 

Pour sortir de nos dépendances, assurer la souveraineté alimentaire des peuples et garantir le droit à une alimentation saine, de qualité et respectueuse de notre planète, il est urgent de soutenir le monde agricole et d’engager la transition des modèles actuels de consommation et de production alimentaires vers des systèmes réellement agroécologiques et relocalisés à forte résilience.

Vous aussi, interpellez les candidat·es !

Vous pouvez, vous aussi, participer à l’interpellation des candidat·es à la présidentielle sur Twitter. Si on a choisi ce réseau social, c’est parce qu’il regroupe des journalistes et des personnalités politiques actives et influentes. Si nous voulons nous faire entendre, c’est bien sur Twitter que nous avons besoin de vous pour agir ! Malheureusement, il s’avère qu’il n’est pas possible de les interpeller par email.

Les candidat·es prônant une vision productiviste

Les candidat·es plus en phase avec notre vision

 

© Photos : Basile Mesré-Barjon