Les armes nucléaires, une menace pour l’humanité
La Seconde Guerre mondiale a vu des dizaines de villes en Europe et au Japon être totalement rasées après des raids aériens qui ont duré des jours entiers, impliquant l’utilisation de plusieurs milliers de bombes. Le 6 août 1945, Hiroshima est en un instant, avec ses 140 000 civils, vaporisée par une seule et unique arme nucléaire. L’humanité va alors découvrir que les armes nucléaires ne ressemblent à aucune autre arme existante. Dans les jours qui ont suivi, Albert Camus écrit dans son journal Combat un éditorial qui traduit le risque auquel l’humanité est désormais confrontée : « Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif et l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques ».
L’arme nucléaire est classée dans la catégorie des armes de destruction massive (au même titre que les armes biologiques et chimiques) en raison de sa capacité immense de destruction provoquée par les effets thermiques, de souffle et de rayonnement qui se succèdent. À titre de comparaison à ce jour, les plus grosses bombes conventionnelles n’atteignent même pas la puissance de 0,01 kilotonne (Kt), soit très loin des 15 Kt de la bombe nucléaire larguée sur Hiroshima. D’autre part, l’impact sanitaire de l’arme nucléaire se poursuit dans le temps auprès des survivants touchés par les radiations, mais aussi possiblement auprès de leurs descendants.
L’insécurité mondiale posée par cette arme de destruction massive a été rapidement soulignée avec la première résolution de l’ONU (24 janvier 1946), puis avec la création en 1968 du Traité de non prolifération nucléaire (TNP). Il faut rajouter à cette prise de conscience des États une communication importante dès le départ sur les conséquences humanitaires de l’explosion de cette arme par le Comité international de la Croix-Rouge. De même, des ONG (comme Greenpeace) ont su montrer l’impact environnemental des essais nucléaires (plus de 2050) réalisés entre 1945 et 2017 dans le monde.
Près de 15 000 armes nucléaires (États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine, Israël, Inde, Pakistan, Corée du Nord) composent l’arsenal nucléaire mondial. Autant d’armes qui peuvent provoquer une catastrophe et changer définitivement la société comme nous la vivons et la connaissons actuellement. Loin de faire du catastrophisme, il faut absolument être lucide face aux conséquences de toute détonation nucléaire.
- Leur utilisation, même à une échelle restreinte, aurait des conséquences catastrophiques et durables pour la santé humaine, l’environnement, le climat, la production alimentaire et le développement socio-économique.
- Les conséquences humanitaires de l’explosion d’armes nucléaires ne se limiteront pas aux États où elle se produit, les autres États et leur population seraient également touchés.
- Les impacts que ces armes ont sur la santé peuvent durer des décennies et affecter les enfants des rescapés par les dommages génétiques causés à leurs parents.
- Il n’existe aucun moyen efficace au niveau international permettant d’aider une grande partie des rescapés d’une explosion nucléaire, tout en protégeant convenablement ceux qui apportent une assistance.
Toutes ces conséquences peuvent être le fait d’une décision volontaire. Malheureusement, de nombreux exemples historiques montrent qu’une détonation nucléaire pourrait aussi être réalisée par erreur ou de façon accidentelle. Plus d’une fois l’humanité a frôlé la catastrophe nucléaire : crise des missiles de Cuba (1962), interprétation par l’Union soviétique de l’exercice militaire de l’OTAN Able Archer comme un possible scénario d’attaque (1983), détection d’un missile non identifié par les radars russe (1995). Outre ces incidents, on peut relever des menaces explicites d’emploi de l’arme nucléaire : crise de Suez 1956, crise de Berlin 1961, guerre du Vietnam 1968, menace de bombardements nucléaires soviétiques sur la Chine 1969, crise du Cachemire 2002.
Les risques de prolifération sont également bien réels, et le nucléaire dit « civil », c’est-à-dire la technologie utilisée à des fins de production d’électricité, ne fait que les aggraver. En effet, le « carburant » servant à faire tourner les centrales électriques est le même que celui qui entre dans la composition d’une bombe atomique : l’uranium ou le plutonium. Entre 300 et 450 kilos de plutonium, issus des réacteurs nucléaires exploités en France, sont transportés chaque semaine sur les routes de notre pays, vers des sites de retraitement. Il suffit de quatre à huit kilos de plutonium pour fabriquer une bombe atomique… Que se passerait-il si ce plutonium tombait dans les mains de personnes mal intentionnées ? Il n’y a pas de frontière entre nucléaire civil et nucléaire militaire.
En cas d’utilisation (même d’une petite quantité d’armes nucléaires, telle qu’une centaine de bombes), les incendies déclenchés par l’explosion des armes dégageront des millions de particules de poussières dans l’atmosphère qui plongeraient tout ou partie de la planète dans l’obscurité sur une période de plusieurs mois. La baisse des températures, due à cette « nuit » permanente, entraînerait rapidement une absence de récolte céréalière et donc des pénuries alimentaires capables d’exposer selon les dernières études au moins deux milliards de personnes à la famine
L’existence des armes nucléaires ne ressort que d’une décision politique. Il est temps de mettre un terme à un danger auquel nous avons pour le moment échappé…
En savoir plus :
- Sur la campagne Paix et désarmement de Greenpeace
- Sur le Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICE)
- Sur la dissuasion nucléaire
- Sur le Traité de non-prolifération (TNP)
- Sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)
Contenu rédigé en collaboration avec Ican France.