Entre le discours d’EDF et la réalité : un fossé gigantesque
L’étude d’analyse financière, réalisée par le cabinet AlphaValue et demandée par Greenpeace, montre clairement que le modèle nucléaire ne tient plus la route. Les comptes publiés par EDF ne reflètent pas la réalité de sa situation financière, plus fragile encore que ce que l’on imaginait.
Quoiqu’en dise son PDG Jean-Bernard Lévy, le groupe EDF est au bord de la faillite sur le plan comptable. L’histoire relève du bon sens économique : en misant sur le tout nucléaire et en s’obsédant à vendre des réacteurs, EDF est tout simplement non compétitive.
Démantèlement, déchets : une petite sous-estimation de 50 milliards d’euros
C’est d’abord sur la question des coûts liés au démantèlement des centrales et au traitement des déchets que le bât blesse : EDF les sous-estime drastiquement. L’entreprise devrait dès aujourd’hui mettre 50 milliards de côté.
Mais si le groupe ne le fait pas, c’est peut-être parce que cela entraînerait irrémédiablement sa faillite. Ce n’est pas qu’une histoire de chiffres : le groupe en est tout simplement incapable et ne peut pas compter sur l’Etat, et donc sur les contribuables, pour renflouer ses comptes.
Un petit jeu qui lui permet en tout cas de tromper sur sa santé financière – et qui inquiète par son irresponsabilité.
Seule porte de sortie pour EDF : fermer les réacteurs
Sur ses investissements futurs, EDF n’a pas non plus les moyens de ses ambitions. Mis bout à bout, ces investissements représentent 165 milliards d’euros sur les dix prochaines années. Une somme astronomique sur laquelle EDF se garde bien de communiquer, une fois de plus.
La conclusion est sans appel : la stratégie industrielle de prolongation des réacteurs nucléaires en France est un échec. Selon l’étude AlphaValue, EDF bénéficiera sur le long terme d’une réduction de sa capacité nucléaire installée : le groupe sait maintenant ce qu’il lui reste à faire.
Anomalies en pagaille, retards qui s’accumulent
Les conclusions de cette étude d’analyse financière viennent s’ajouter à un contexte très lourd pour le groupe qui accumule les erreurs et tente désespérément de les cacher sous le tapis. C’est par exemple le cas sur l’EPR de Flamanville.
La demande d’EDF de prolonger à 2020 le décret d’autorisation de création de Flamanville 3 est bien le signe que le chantier prendra à nouveau du retard et que l’EPR ne sera pas mis en service en 2018, contrairement à ce qu’EDF s’obstine à prétendre.
La publication de cette demande intervient le même jour que celui choisi par l’opérateur pour se féliciter du bon déroulement du projet : cherchez l’erreur. Le calendrier annoncé par l’opérateur est en réalité intenable en raison des déboires de la cuve.
Il est aberrant d’affirmer que la cuve est apte à la mise en service de l’EPR de Flamanville. L’expert britannique John Large avait affirmé à ce sujet, dans un rapport publié par Greenpeace en septembre, que le seul moyen de garantir que la cuve de l’EPR de Flamanville est conforme aux normes de certification, c’est de procéder à un test destructif de la cuve pour vérifier sa résistance.