Au Cameroun, Herakles viole la loi et les libertés

De nouveaux éléments révélés par Greenpeace International démontrent qu’Herakles Farms a continué de défricher la forêt pendant une période de suspension des travaux imposée par le gouvernement camerounais qui aurait dû impliquer l’arrêt de tous les travaux.

ces grumes sont datées du 5 mai 2013, en plein pendant la période de suspension qui court du 22 avril au 29 mai 2013

Dans un communiqué publié le 18 mai, la SG Sustainable Oils Cameroon (SGSOC) filiale locale de l’entreprise Herakles farms, avait fait savoir qu’elle avait arrêté ses travaux « mettant en danger de milliers d’emplois et une opportunité de développement pour les populations de la localité« .

Mais lors d’un voyage sur le terrain, des membres de Greenpeace et d’autres ONG locales ont constaté que des grumes estampillées de la marque de l’investisseur et datées de la période supposée de suspension ont été stockées dans les installations. Selon la loi, au-delà de 50 hectares seule une signature du président de la république attribue une concession foncière. Pourtant sur la base d’un document signé par un ministre, le groupe américain revendique 60 000 hectares et en exploite déjà près de 1000 !

Des villageois visitent le site d’Herakles et découvrent les grumes

En agissant ainsi, Herakles porte une atteinte grave au respect de l’autorité camerounaise.

On est témoins, ici, d’une violation flagrante de la loi camerounaise car la loi nationale n’autorise pas une entreprise agricole installée dans une forêt à couper du bois à des fins commerciales sans qu’elle ai obtenu une autorisation spéciale. Autorisation qui, une fois de plus, fait défaut à Herakles Farms.
Plus encore, Herakles met à mal la mise en œuvre des accords APV-FLEGT ayant pour objectif de lutter contre l’exploitation illégale des forêts et le commerce associé en introduisant la traçabilité des bois exportés à partir du Cameroun, notamment vers les pays européens.

Herakles bafoue la loi et les droits des communautés

La publication d’un rapport [en anglais] par l’ONG Forest Peoples Programme (FPP) en juillet 2013 prouve que certaines communautés n’ont presque aucune information sur le devenir de leurs terres coutumières.

L’objectif principal de FPP est de soutenir l’autodétermination des peuples qui vivent dans les forêts et en tirent leur subsistance, ainsi que le développement et la mise en œuvre de lois protégeant leurs droits. Son enquête a révélé qu’Herakles Farms a utilisé des méthodes de coercition et de pression politique pour forcer l’adoption de décisions dans les villages et que les communautés n’ont en fait pas donné leur consentement libre, informé et préalable pour que le projet aille de l’avant.

Les habitants de la zone sont désormais entravés dans leur circulation sur des terres qui leur appartiennent pourtant ! Herakles Farms est en train de mettre en œuvre une entreprise de spoliation des terres et d’exploitation illégale de bois, malgré ses dénégations répétées !

Les méthodes douteuses employées par Herakles Farms pour consulter les communautés sont symptomatiques d’un problème plus large affectant les populations à travers l’Afrique, alors que les entreprises d’huile de palme étendent de plus en plus leurs opérations en Afrique centrale et de l’ouest. Des projets dans des pays comme le Libéria, le Congo-Brazzaville et le Nigeria ont fait l’objet de controverses similaires, où des communautés sont déplacées de leurs terres coutumières souvent sans être dûment consultées et informées.

Greenpeace appelle le gouvernement camerounais à mettre fin à ce projet, et à mettre en place un moratoire sur l’attribution de toutes les concessions foncières à grande échelle au Cameroun jusqu’à ce que des gardes fous soient mis en place pour protéger les moyens de subsistance des communautés locales et les forêts dont ils dépendent.

Sur l’huile de palme en Afrique, l’accaparement des terres et le dossier Herakles, notre page : Afrique, la dernière frontière de l’huile de palme

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