Aviation : nos demandes pour une décroissance du secteur et des alternatives durables

De nombreuses compagnies aériennes manquent de trésorerie et demandent des mesures de sauvetage qui pourraient atteindre 200 milliards de dollars au niveau mondial. L’impact du coronavirus s’étend jusqu’aux secteurs de l’aéronautique et du tourisme. Quelques gouvernements européens ont déjà décidé d’accorder des prêts ou des garanties de prêts à certaines compagnies (Suède, Norvège) ou de nationaliser leur compagnie aérienne (comme en Italie), et d’autres mesures sont attendues pour les aider à faire face à la crise. Jusqu’à présent, aucune condition environnementale n’a jamais été posée à l’octroi de ces aides.

Alors que certain·es dirigeant·es et actionnaires du secteur ont accumulé bénéfices et profits pendant des années, le secteur est dépendant de l’aide publique pour se développer. En France, plusieurs aéroports régionaux sont subventionnés, le secteur aérien bénéfice d’avantages fiscaux comme l’absence de taxation sur le kérosène ou de TVA sur les vols internationaux (et une TVA réduite sur les vols domestiques), etc. De l’argent public est injecté en permanence dans ce secteur en dépit des inégalités qu’il cristallise (une infime partie de la population européenne vole fréquemment) et de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre généré par le trafic aérien (les émissions de ce secteur sont celles qui ont augmenté le plus vite en Europe au cours des dernières décennies). Sans compter la pollution atmosphérique et sonore…

Il faut que ça cesse ! Si les gouvernements font le choix de renflouer sans condition l’industrie de l’aviation, ils ne feront qu’empirer la crise climatique. L’histoire à montrer que conséquemment à chaque crise, le trafic aérien repart de plus belle.

Un retour à la normale (ou pourrait-on dire “à l’anormal”) ne peut pas être une option. La réduction du trafic aérien est nécessaire pour avoir une chance de rester sous la barre de 1,5°C d’augmentation des températures et limiter la crise climatique. Cette crise, celle que nous vivons en ce moment, doit être le point de départ d’une transition juste et écologique pour le secteur des transports. La priorité des mesures de sauvetage déployées pour le secteur aérien doit être de protéger les emplois des travailleur·euses de ce secteur. C’est pourquoi ces mesures doivent mettre en leur cœur la protection sociale, dans une perspective de réduction du trafic aérien. Il faut impérativement soutenir, comme nous ne l’avons jamais fait auparavant, le développement d’alternatives moins polluantes (comme le ferroviaire), en œuvrant à la formation et à la reconversion des travailleur·euses de l’industrie aérienne et en permettant la création d’emplois au service de modes de transports plus adaptés au défi climatique.

Nos demandes prioritaires concernant le sauvetage du secteur aérien en Europe

 

 

 

 

 

Et la France dans tout ça ?

Ce qui se profile en France n’est pas de bon augure pour le climat. Suivant les recommandations du gouvernement, le projet de loi de finances rectificative a été voté par le Sénat cette nuit. Ce plan devrait permettre la recapitalisation d’Air France par l’Etat, sans contrepartie sociale et environnementale. Le montant qui sera versé à Air France provenant de l’enveloppe de 20 milliards du budget de crise reste encore à confirmer. Par ailleurs, une négociation est en cours autour d’un prêt garanti par l’Etat qui pourrait atteindre 10 milliards d’euros !

Le dernier rapport du Haut Conseil pour le climat préconise de mettre la transition écologique au cœur de la relance du pays. Cette instance indépendante, composée de chercheurs et d’économistes et présidée par Corinne le Quéré (climatologue), nous alarme depuis sa création par Emmanuel Macron l’an dernier, mais cela ne semble pas émouvoir outre mesure le gouvernement et sa majorité parlementaire.

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