Nos activistes sont poursuivi·es pour dégradation, trouble au fonctionnement d’installation à usage aéronautique et refus de se soumettre au prélèvement biologique, suite à l’action de mars 2021. Ils et elles risquent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75000 € d’amende. Air France et Aéroport de Paris (ADP) ont porté plainte.
Les activistes en procès
[Audience du 4 novembre 2021] La procédure prévue le 4 novembre 2021 au tribunal judiciaire de Bobigny a été annulée. Pourquoi ? Parce que les activistes ont subi un traitement judiciaire particulièrement répressif et disproportionné suite à l’action. Après une garde à vue prolongée, ils et elles ont passé une nuit au dépôt du tribunal judiciaire Bobigny (les geôles du tribunal) dans des conditions particulièrement déplorables.
Le tribunal de Bobigny a jugé que leur rétention était illégale. Il a été conclu que leurs droits fondamentaux n’avaient pas été respectés et que le juge n’était pas valablement saisi. Cette décision est la reconnaissance d’une répression disproportionnée à l’encontre de ces militant·es du climat. Leur action participait de leur droit à exercer une liberté fondamentale : la liberté d’expression. Face à l’urgence climatique, alors que nous aurions déjà pu agir il y a des décennies, nous pensons aussi que l’état de nécessité justifiait leurs actes.
[Audience du 8 février 2024] Les activités ont été reconvoqué·es pour une nouvelle audience le 8 février 2024 au tribunal judiciaire de Bobigny. Lors de l’audience, leur avocate a plaidé la relaxe au nom de la liberté d’expression. Le procureur a quant à lui requis entre 700 euros d’amende et 120 jours amende à 10 euros, tandis que les avocats d’Air France et d’Aéroports de Paris ont demandé 1 euro symbolique de dommages et intérêts en tant que partie civile.
La décision est tombée deux semaines plus tard. Les activistes ont été sévèrement condamné·es : des amendes et une peine d’interdiction de paraître aux aéroports Roissy-Charles-de-Gaulle et Le Bourget pendant 3 ans sous peine de 6 mois d’emprisonnement ferme. Cette décision envoie un très mauvais signal, en privant de fait des militant·es de leur liberté de circuler. Elle témoigne aussi d’un refus judiciaire de s’adapter au contexte d’urgence climatique lorsque des prévenu·es agissent pour l’intérêt général.
Les activistes vont faire appel de cette décision. Nous devons faire le maximum pour les défendre et les soutenir. Merci à celles et ceux qui ont soutenu les activistes ces derniers mois et années. Et merci aux milliers de personnes qui se mobilisent pour la réduction du trafic aérien.
Pourquoi les activistes ont eu raison d’agir ?
Parce que l’aviation et la croissance incontrôlée du trafic aérien sont une menace pour le climat.
Alors que la crise climatique provoque des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes et fait de plus en plus de victimes, ces dernières années, le trafic aérien a explosé au niveau mondial et pourrait encore doubler d’ici 2037, selon l’Association du transport aérien international (IATA). Et, aujourd’hui, le transport aérien est vraisemblablement déjà responsable de 7% de l’empreinte carbone de la France, ce qui est loin d’être négligeable. Or, rien n’est fait pour ralentir la croissance du trafic aérien. C’est même tout le contraire.
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Face à cela, le débat devrait porter sur la nécessité pour le secteur aéronautique d’opérer une transition écologique et sociale lui permettant d’être aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris, tout en protégeant les salarié·es du secteur. Il n’en est rien. En juin 2020, des chèques en blanc sans contrepartie écologique et sociale solide ont été adressés au secteur aéronautique dans le cadre des plans de sauvetage liés à la crise du Covid 19.
La loi “Climat et Résilience”, adoptée en août 2021, est loin (très loin) d’engager la réduction du trafic aérien, pourtant incontournable pour le climat : elle laisse se faire tous les projets d’extension d’aéroports actuellement à l’étude et se contente de supprimer uniquement quelques vols internes pour lesquels il existe une alternative en train de 2h30 maximum (soit un bénéfice climat ridiculement faible).
Si le gouvernement se donne aussi peu de mal pour réduire le trafic aérien, c’est parce qu’il pense avoir LA solution miracle : l’avion vert. C’est sur des solutions technologiques qui n’en sont encore qu’à leurs prémices que le gouvernement mise tout. Pour ce faire, il s’était trouvé un VRP de choix en la personne de Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports jusqu’en 2022 et ancien pilote.
Pourquoi l’avion vert ne suffit pas ?
En 2021, Emmanuel Macron se faisait lui aussi directement le porte-étendard de l’avion vert, comme c’était le cas lors de la présentation du plan d’investissement France 2030. Il avait affirmé de manière non étayée, mais avec aplomb, que la construction d’un avion vert pour 2030 était possible. C’est faux, et il le sait, puisque les experts du sujet disent eux-mêmes que cela n’arrivera au plus tôt qu’en 2035.
Qu’à cela ne tienne, Emmanuel Macron avait annoncé une enveloppe de 4 milliards d’euros pour les industries automobile et aéronautique, notamment pour accélérer la construction d’un avion “bas carbone”. Sauf que l’avion vert ne sauvera pas le climat, et il faut cesser de perdre du temps en s’entêtant sur ce mirage technologique et en ignorant l’enjeu de réduction du trafic aérien. C’est pour cela que des activistes de Greenpeace sont passé·es à l’action le 5 mars 2021.
Entendons-nous : nous ne sommes pas contre les innovations technologiques. Mais nous dénonçons avec fermeté la faiblesse des mesures qui ont été prises jusqu’à maintenant pour réduire le trafic aérien, et l’obsession du gouvernement pour l’avion vert comme solution miracle pour endiguer les émissions carbone du secteur.
Cet avion neutre en carbone, qui fait tant rêver le gouvernement, n’est rien d’autre qu’un écran de fumée derrière lequel se cache son inaction climatique. L’avion vert ne pourra pas absorber le volume et la croissance du trafic aérien qu’on connaissait avant la crise sanitaire, quelle que soit la technologie envisagée. Certains types d’avions verts représentent même un risque supplémentaire pour le climat (comme l’avion qui fonctionne aux agrocarburants). Pendant que les industriels s’entraînent pour le concours Lépine, le trafic aérien, lui, continue d’augmenter. Et le climat continue de se dérégler.
Lire la note : Climat : verdir les avions ne suffira pas
Mobilisez-vous pour la réduction du trafic aérien !
Vous aussi, à votre échelle, vous pouvez agir pour la réduction du trafic aérien. Il existe de nombreuses campagnes locales contre des projets d’extension d’aéroports ou pour la suppression de lignes internes pour lesquelles il existe une alternative ferroviaire. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont déjà mobilisées. Rejoignez-les en vous rendant sur la plateforme GreenVoice et rejoignez la campagne collective pour la réduction du trafic aérien.
Vous pouvez aussi vous mobiliser pour pousser des mesures concrètes comme la taxation du kérosène. Le gouvernement doit mettre un terme aux privilèges qu’il fait au secteur aérien, comme cette absence de taxe sur le kérosène ou la TVA réduite. Ce type de mesure permettrait de débloquer un budget qui pourrait être investi dans des alternatives plus écologiques, comme le train, pour les rendre plus accessibles à toutes et tous.