Les ONG dénoncent le sabotage mené par l’administration Bush et la disparition d’engagements chiffrés qui auraient fait la réussite de Bali :
– l’objectif de maintenir l’augmentation globale des températures en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle ;
– la nécessité de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2050 ;
– l’engagement des pays industrialisés de réduire de 25 à 40 % leur émissions d’ici à 2020, par rapport aux niveaux de 1990 ;
– le « pic », c’est-à-dire le fait que les émissions doivent culminer d’ici 10 à 15 ans.
« Le consensus scientifique est réduit à une note de bas de page, qui renvoie à un tableau où chaque pays peut opter le scénario qui lui convient, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. La feuille de route dessinée à Bali prend le risque du + 3°C, du bouleversement irréversible des écosystèmes, de centaines de millions de réfugiés climatiques. »
Les organisations de défense de l’environnement sont satisfaites :
– du calendrier adopté : les négociations pour les engagements post 2012 devront être terminées fin 2009 au plus tard, lors de la Conférence de Copenhague ;
– de l’évolution du dialogue informel entre les participants à la Convention (pays en développement et pays industrialisés, dont les États-Unis) en un véritable processus de négociations.
La divine surprise de cette Conférence de l’Onu, c’est la main tendue dès le premier jour par les quelque 150 États membres du G 77, en particulier la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. « Ces pays ont manifesté une volonté d’agir contre les changements climatiques, déclare Benoît Faraco, de FNH. Leur ténacité et le soutien affiché in extremis par l’Union européenne ont eu raison d’Américains obnubilés par leurs seuls intérêts. »
Le G 77 a conditionné son engagement dans la lutte contre les changements climatiques à la garantie que les pays industrialisés s’engagent à leur transférer les technologies et les financements nécessaires. Les ONG se félicitent des avancées obtenues sur ces deux points, comme de la prise en compte, dès 2012, de la réduction des émissions de CO2 liées à la déforestation et à la dégradation des forêts tropicales. Elles veilleront à ce que ce processus garantissent les droits des populations autochtones. Sans garde fou, il pourrait renforcer certaines politiques forestières injustes et non durables.
« Bali a enregistré quelques avancées importantes mais a échoué sur l’essentiel : trouver un accord commun comprenant des objectifs chiffrés. Si on a évité le pire, beaucoup de travail reste à faire jusqu’à la Conférence de Copenhague, fin 2009 », conclut Morgane Créach, chargée de mission International du Réseau Action Climat-France.