Dans le cadre de sa lutte contre la destruction des forêts, Greenpeace défend le bois « durable » et dénonce le bois « illégal ». Que signifient ces deux expressions ?
Le bois « illégal »
Le trafic de bois illégal est une immense industrie parallèle qui pèse des milliards et menace les forêts du monde entier. Certaines recherches montrent que près de 10 % du commerce de bois international concernerait du bois illégal, soit 150 milliards de dollars par an. Comme rappelé par Interpol, les atteintes à l’environnement qui en découlent vont souvent de pair avec d’autres infractions comme la corruption ou le blanchiment.
En effet, ce trafic peut-être défini par les pratiques suivantes, souvent concomitantes : corruption pour obtenir des accès à des zones forestières protégées ; coupes d’arbres sans permissions dans ces zones, dont des espèces rares et protégées ; prélèvements supérieurs aux quotas autorisés ; production de faux documents lors des contrôles aux frontières ; soustraction à toute la fiscalité en vigueur sur ces produits.
Les conséquences sociales du trafic de bois illégal sont souvent dévastatrices ; d’abord parce qu’il induit une criminalité parfois violente, du travail forcé – y compris d’enfants – ainsi que des conditions de travail souvent désastreuses. En outre, le trafic de bois illégal porte généralement atteinte aux droits des peuples autochtones.
Le bois « durable »
En 1992, le Sommet de la Terre à Rio a défini ce qu’est une « gestion forestière durable ». Elle est écologiquement adaptée, socialement bénéfique et économiquement viable. Mais cette bonne gestion n’est qu’une première étape.
Il faut dans un second temps aider le consommateur à faire le bon choix pour qu’il achète ce bois « durable » plutôt qu’un autre. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un label de bonne gestion des forêts. En 1993 est donc apparu le label FSC (pour Forest Stewardship Council, Conseil de bonne gestion forestière).
Derrière ces trois lettres, on trouve des représentants d’organisations de protection de l’environnement (dont Greenpeace), de défense des peuples indigènes, de forestiers et de revendeurs de produits en bois. Ils ont établi une liste de dix critères qui garantissent notamment le respect des ressources forestières, les droits des communautés locales et ceux des ouvriers.
D’autres labels existent, mais le FSC est celui qui a le cahier des charges le plus exigeant (sans être parfait non plus). C’est la plus haute norme écologique, sociale et économique d’exploitation forestière. C’est un bon compromis pour les consommateurs (particuliers ou collectivités) soucieux de la provenance de leurs achats de bois et de ses dérivés (contreplaqué, papier, etc.).
Actuellement, 191 millions d’hectares sont certifiés à travers le monde. Il faut continuer à faire pression sur les gouvernements et les entreprises pour que le FSC soit généralisé et s’applique à l’ensemble des forêts de la planète. Les produits bois et papiers consommés à travers le monde doivent être FSC. Il faut enfin que le système d’écocertification reste crédible. Dans le bassin du Congo, en Russie, en Europe du Nord, au Canada, le label est décrié. À chaque fois, Greenpeace se bat pour maintenir le FSC à un haut niveau élevé d’exigence.
Le développement de l’exploitation industrielle des dernières forêts anciennes n’est plus acceptable. Il faut passer d’une logique d’exploitation à une logique de protection de ces forêts pour assurer un avenir durable à la planète