Bois illégal ou d’« origine incontrôlée » : inspections Greenpeace dans près de 50 magasins de 23 villes françaises

Samedi dernier, les militants des groupes locaux de Greenpeace ont investi pacifiquement quatre enseignes de bricolage ou de meubles, à savoir Brico Dépôt, Leroy Merlin, Castorama, et Maison du monde dans 23 villes de France.


Et les salons de jardins en teck, plinthes en wengé, parquets en merbeau, contreplaqués en okoumé sont passés à la loupe de ces inspecteurs d’un genre particulier. Le but de cette enquête : démêler les produits en bois local ou tropical d’origine durable et légale des nombreux produits bois d’ « origine incontrôlée », c’est-à-dire potentiellement d’origine illégale.
Informer les consommateurs, demander plus de transparence aux distributeurs sur l’origine de leurs produits bois mais surtout exiger d’eux qu’ils bannissent le bois illégal en commençant par connaitre l’origine des produits qu’ils vendent, c’était l’objectif principal de cette inspection, qui a reçu un très bon accueil de la part des clients partout en France. Des clients qui découvraient parfois à quel point le bois illégal se mêlent aux produits en bois légal et durable dans les rayons de leur magasin…

« Le bois illégal est un des moteurs de la destruction des forêts en Amazonie, dans le bassin du Congo ou en Indonésie. De 20 à 40% du bois qui entre sur le marché européen est d’origine illégale, c’est-à-dire coupé en dehors des règles, sans égards pour les hommes et la biodiversité des forêts, » expliquait Pascal Ewig, coordinateur du groupe local de Paris qui a visité le magasin Leroy Merlin de Paris Beaubourg.

Bon caddy, mauvais caddy !
Dans certains magasins, comme par exemple à Toulouse, certains militants étaient déguisés en gorille, d’autres composaient un caddy « Achat irresponsable » regroupant des produits douteux, mal étiquetés, non labellisés d’un coté, et de l’autre coté un caddy « achat responsable » composé de produits labellisés FSC ou en bois local.
« Le bois illégal se retrouve dans nos magasins de bricolage ou d’ameublement. Il faudrait au minimum que le consommateur puisse savoir clairement comment et où le bois qu’il achète a été coupé, transformé, acheminé, etc. Cette information est très rarement disponible sur les étiquettes, pourquoi ? » s’interrogeait Sophie Rehspringer du groupe local de Toulouse devant un caddy chargé de produits en bois exotique d’origine inconnue.

Responsabiliser les distributeurs, mais aussi les politiques : bientôt une loi européenne sur le bois ?
Certaines enseignes inspectées ce samedi ont déjà pris des engagements pour ne vendre à terme que du bois exotique labellisé FSC ou pour substituer progressivement les bois tropicaux douteux par des bois produits localement. Aujourd’hui, le certificat FSC est le seul label de gestion durable des forêts reconnue comme crédible par les ONG.
« La concrétisation des engagements se fait souvent attendre dans les rayons des magasins. Nous demandons donc à ces enseignes d’accélérer le mouvement ! » explique Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêt pour Greenpeace France.

Un projet de loi européenne sur le bois est actuellement en discussion entre le parlement et le conseil européen. Ce projet pourrait être adopté rapidement si nos ministres de l’agriculture ne cherchent pas à torpiller les initiatives constructives.
Greenpeace, avec les autres ONG environnementales, exige notamment qu’un système de traçabilité complet pour tous les produits bois vendus en Europe soit rendu obligatoire ; que des contrôles de terrain réguliers soient instaurés et que la possession comme le commerce de bois illégal deviennent des délits. Mais cette loi a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être votée et Greenpeace se mobilise à tous les niveaux pour qu’elle soit au final réellement efficace pour bannir le bois illégal d’Europe.

La question de la préservation et de la bonne gestion des forêts sont cruciales pour la biodiversité et le respect des droits des populations autochtones. Mais la déforestation est aussi responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Stopper le réchauffement climatique passe aussi par un arrêt de la déforestation !