La semaine dernière, le gouvernement brésilien a lancé un nouvel assaut contre les droits des peuples autochtones, dans le but d’affaiblir la procédure de démarcation de leurs territoires. Cette initiative intervient dans un contexte où les formalités de reconnaissance des terres indigènes sont déjà extrêmement lentes et les institutions compétentes manquent de moyens. Ainsi, la décision concernant la délimitation officielle du territoire des Mundurukus, qui devait être rendue en novembre dernier, se fait encore attendre. Le gouvernement va-t-il céder aux lobbies qui rêvent de transformer le cœur de l’Amazonie en zone industrielle ?
Le pire évité in-extremis…
Le 19 janvier, sous la pression des industriels et de l’agrobusiness, le gouvernement brésilien lance la charge et tente de faire passer un décret affaiblissant considérablement les droits fonciers des communautés indigènes, pourtant garantis par la Constitution.
Entre autres dispositions controversées, le décret prévoyait que pour obtenir la reconnaissance d’un droit sur une terre, il fallait l’avoir occupée en 1988, année de création de l’État brésilien moderne. Or beaucoup de populations ont été déplacées de force par la dictature avant cette date, alors qu’elles occupaient leurs terres depuis des siècles !
… Mais la menace reste vivace
Face au tollé créé par ce projet, le gouvernement brésilien fait machine arrière au dernier moment et renonce à ce décret. Mais il établit toutefois un groupe de travail qui sera chargé de revoir la procédure de reconnaissance des droits des indigènes, ouvrant la porte à une nouvelle offensive contre ces peuples. Ce groupe inclurait en effet des lobbies industriels, alors que le processus ne relevait jusqu’ici que de la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI), l’organisme chargé de délimiter les territoires des peuples autochtones.
Le budget de la FUNAI a été amputé de 23 % en 2016, par rapport à 2015. Privée de moyens financier, cet organisme manque également cruellement de personnel : elle ne compte qu’une quinzaine de personnes environ pour traiter les quelque 3000 dossiers en attente, dont celui des Mundurukus.
Restons mobilisé-e-s pour la forêt et les Mundurukus !
Si les Mundurukus avaient remporté une première victoire l’été dernier avec l’annulation de la licence du projet de méga-barrage sur le fleuve Tapajós, la reconnaissance officielle de leurs terres est un enjeu majeur car c’est le seul moyen de garantir la préservation de leurs droits fonciers à long terme, et d’empêcher la construction de mégaprojets industriels sur leurs territoires.
La protection des droits des communautés indigènes est également un élément clés pour la protection des forêts. Or au moment où les tentatives d’affaiblir leurs droits se multiplient, la déforestation de l’Amazonie a augmenté l’année dernière, pour la deuxième année consécutive. Un drame pour la biodiversité, le climat, et les populations qui y vivent.