Menace sur une immense zone forestière encore intacte
Les zones visées sont situées dans une région stratégique où l’on retrouve encore de grandes aires forestières intactes. Elles sont aujourd’hui protégées, mais si elles sont ouvertes à l’exploitation, au déboisement ou à la construction de méga-infrastructures, de nombreux services environnementaux et une biodiversité essentielle seront perdus.
Déjà en 2016, la déforestation dans l’État d’Amazonas a augmenté de 54 % par rapport à l’année précédente.
Les défenseurs du projet de déclassification des zones protégées affirment que des activités économiques y sont déjà développées. Ainsi, le déclassement de ces zones ne ferait qu’officialiser un état de fait.
Greenpeace est allée survoler la zone menacée pour vérifier ces allégations. Et en réalité, on y trouve d’immenses surfaces de forêts encore préservées, sans trace importante d’occupation ou de dégradation. Il n’y a qu’en bordure de ces zones préservées qu’on aperçoit des signes de déforestation récente et de parcelles incendiées, qui indiquent peut être l’implantation récente d’exploitations agro-industrielles ou forestières.
Le déclassement des zones de conservation ressemble donc plutôt à l’ouverture d’une nouvelle frontière pour les industriels qui cherchent à étendre leurs activités dans une région qui a été sanctuarisée par le précédent gouvernement.
Une décision à contresens des urgences climatiques et environnementales
Au moment où il faudrait prendre des mesures urgentes pour réduire la déforestation, le gouvernement brésilien multiplie les attaques contre la préservation de l’Amazonie, au profit des lobbies industriels. Il compromet ainsi sérieusement les engagements qu’il a pris dans le cadre de l’Accord de Paris pour lutter contre le réchauffement climatique. Il rompt également les promesses faites aux donateurs internationaux, comme la Norvège et l’Allemagne, qui ont soutenu le pays dans ses efforts pour contrôler la déforestation en Amazonie au cours des dernières années.
La création de zones protégées est pourtant l’un des moyens clés pour préserver les forêts. En Amazonie, cela a contribué à réduire le taux de déforestation entre 2005 et 2012. Avec cette proposition de déclassement, le gouvernement ouvre la voie à l’accaparement des terres et à la destruction de zones encore intactes, à contresens des mesures qu’il faudrait prendre alors que nous faisons face à une double crise climatique et d’extinction de la biodiversité.