Depuis 8h30 ce matin, cinq militants de Greenpeace bloquent l’entrée principale du ministère de l’Agriculture et de la Pêche. Quatre d’entre eux sont enchainés aux sièges et au volant de la petite « thonmobile ». Le cinquième s’est attaché sur le toit du véhicule, à côté d’un thon géant de deux mètres soixante.
Par cette action, Greenpeace dénonce la position de Bruno Le Maire qui défend pour 2011 le maintien du quota de pêche au thon rouge, ce qui ne laisse que peu de chance à l’espèce de se reconstituer. Bruno Le Maire défend coûte que coûte les pêcheurs industriels.
Le Maire torpille seul les négociations européennes au nom de la France
L’Iccat, l’organisme international chargé de gérer la pêche au thon rouge, se réunit cette année à Paris, du 17 au 27 novembre. C’est l’Union européenne qui s’exprime au sein de l’Iccat, et les États membres de l’UE sont actuellement en train de statuer sur une position commune.
Suite aux accords de Nagoya sur la biodiversité, où la France s’est officiellement engagée à ce que tous les stocks de poissons soient exploités de façon durable d’ici à 2020, Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie, plaide avec raison en faveur d’une baisse drastique du quota de pêche au thon rouge. La commissaire européenne à la Pêche, Maria Damanaki, est sur la même ligne.
La position que la France va défendre constitue un test grandeur nature pour juger de la crédibilité des engagements français en termes de gestion des ressources naturelles. Aujourd’hui, Bruno Le Maire méprise l’opinion publique française, ignore les engagements français pris à Nagoya et n’est que le porte-parole du lobby des thoniers senneurs de Sète et de Marseille.
Les erreurs de B. Le Maire lorsqu’il parle du thon rouge
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Le scandale de la dette française…
Les thoniers français doivent rembourser une dette. En 2007, ils ont en effet pêché… 100 % de plus que le quota autorisé, soit la « bagatelle » de 5 000 tonnes !
Un accord passé à l’Iccat organise le remboursement de cette dette. Ainsi, cette année, sur les 2 500 tonnes de quota alloué à la France, les thoniers français n’ont eu droit de pêcher effectivement « que » 2 000 tonnes de thons rouges, afin de rembourser 500 tonnes. Pour 2011 et 2012, ils doivent rembourser 1 500 tonnes.
Ainsi, même si Bruno Le Maire obtient un maintien du quota actuel pour 2011 – soit 13 500 tonnes – les pêcheurs français n’auront droit de pêcher que 500 tonnes de thon rouge. Dans ces conditions, la pêche à la senne ne serait plus du tout rentable… Pourquoi le ministre s’entête-t-il pourtant à soutenir ce quota ?
Greenpeace sait que Bruno Le Maire négocie en sous main pour obtenir un nouvel étalement de la dette et autoriser ainsi que se perpétue le pillage d’une ressource menacée. Alors qu’une investigation menée par des journalistes indépendants met gravement en cause la France dans sa gestion de la pêche au thon rouge, Bruno Le Maire prétend que les pratiques dénoncées n’ont plus cours. Mais en réalité, le temps des petits arrangements est loin d’être révolu !
La France fait aujourd’hui ce qu’elle a toujours fait : elle agit en coulisses pour défendre une poignée de pêcheurs industriels puissants, principaux responsables de l’effondrement de plus de 75 % du stock de thon rouge au cours des vingt dernières années.
Pour suivre toute la campagne : www.greenpeace.fr/thon-rouge