Les saumons en décomposition, « catalyseurs » de la crise
Si, comme le montrent les données satellite, des nappes d’algues toxiques étaient déjà présentes dans la zone début 2016, le déversement de saumons en décomposition a joué le rôle de « catalyseur » en augmentant l’étendue et l’intensité de ces nappes.
Les saumons en décomposition produisent de l’ammonium (NH4) en grande quantité. Or il se trouve que cette molécule est l’aliment préféré des algues toxiques à l’origine des marées rouges. Le déversement de 5000 tonnes de saumons pourris a donc stimulé le développement de ces micro-organismes toxiques.
Vous pouvez télécharger la totalité du rapport d’enquête ici (en espagnol).
Le gouvernement savait mais a fermé les yeux
Le gouvernement a décidé, en moins de 24 heures, d’autoriser les centres d’élevage à déverser en mer 9000 tonnes de saumons en décomposition (sur lesquelles 5000 ont effectivement été déversées).
Pourtant, les autorités savaient que des algues toxiques proliféraient déjà dans la région à ce moment-là. Elles auraient donc dû analyser les effets qu’auraient ces déversements sur les algues, l’écosystème marin ainsi que la population de l’île dont les ressources dépendent de la pêche. De plus, les habitants de l’archipel n’ont été ni informés ni consultés.
En autorisant ces déversements dans une zone où les algues toxiques étaient déjà présentes, les autorités n’ont fait qu’empirer la situation.
Une industrie hors de contrôle
La salmonicutlure n’est pas sans impact sur l’environnement. L’utilisation massive d’antibiotiques et de produits chimiques pour prévenir ou traiter les maladies du saumon, mais aussi l’alimentation des saumons (il faut 3 kg de poisson pour produire 1 kg de saumon) et les déjections des saumons sont autant de facteurs qui pèsent sur l’écosystème et modifient la composition de la colonne d’eau, favorisant le développement des micro-algues responsables des marées rouges.
La région de Chiloé est particulièrement concernée, puisque le nombre de concessions salmonicoles a explosé au cours des dernières années, comme le montre cette illustration.
(source : rapport d’enquête de Greenpeace Chili)
« Le gouvernement a agi dans la précipitation pour préserver les intérêts de l’industrie de la salmoniculture, sacrifiant l’île et utilisant la mer comme une poubelle. Ce qui est arrivé à Chiloé ne doit jamais se reproduire », a déclaré Matías Asún, directeur de Greenpeace Chili, devant la Commission environnementale du Sénat chilien, où il était invité le mois dernier à présenter les résultats des analyses de Greenpeace.
Greenpeace Chili continue de demander au gouvernement chilien de prendre les mesures nécessaires pour garantir que cette catastrophe soit la dernière.