Les changements climatiques et la destruction de l’environnement sont aujourd’hui responsables de nombreuses migrations de populations. Minimiser le problème n’est pas la solution, il est grand temps d’agir !

Climat

La catastrophe
qu’on ne veut pas voir

Les changements climatiques et la destruction de l’environnement sont aujourd’hui responsables de nombreuses migrations de populations. Minimiser le problème n’est pas la solution, il est grand temps d’agir !

Les faits sont indéniables : de plus en plus de personnes dans le monde sont forcées de quitter leur foyer à cause du bouleversement climatique. Si, la plupart du temps, ce phénomène n’est pas l’unique facteur responsable des déplacements de populations, il les amplifie dans les pays où la situation est déjà difficile. Cette situation doit plus que jamais être prise en compte car le temps presse. Nous ne pouvons plus continuer à nous voiler la face sur cette catastrophe qui touche le monde entier. Une étude de Greenpeace Allemagne fait le point sur cette problématique.

Image montrant l’étendue des dégâts causés par les typhons qui ont touché les Philippines en 2009. Cette photo fait partie d’une exposition ayant eu lieu dans trois pays du d’Asie du Sud-Est pour souligner l’urgence d’agir en matière de climat.
© Veejay Villafranca / Greenpeace

Les changements climatiques : un facteur de risques

On sait aujourd’hui que le réchauffement planétaire augmente le risque de migration due à des catastrophes naturelles et que ce risque est à présent 60 % supérieur à ce qu’il était il y a 40 ans. En effet, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les fortes précipitations, les tempêtes et les inondations sont plus intenses et plus fréquents qu’auparavant.

Par ailleurs, les périodes de forte chaleur et de sécheresse participent à la perte des surfaces agricoles, déjà fortement sollicitées ou surexploitées en raison du pillage des ressources naturelles. De plus en plus de personnes sont ainsi contraintes de quitter la campagne pour s’installer dans des zones urbaines, la plupart du temps dans des bidonvilles, un phénomène susceptible de générer des problèmes supplémentaires et de participer à l’apparition de nouveaux conflits.

Enfin, la montée du niveau de la mer constitue une autre menace avec un risque accru d’inondation des littoraux et d’infiltration d’eau salée dans les nappes phréatiques.

Aux Philippines, en 2010, des campements d’urgence sont mis en place par différentes ONG. Glissements de terrains et inondations laissent des milliers de personnes sans logement. L’exemple des Philippines montre à quel point il est urgent de relever le défi climatique. © Veejay Villafranca / Greenpeace

Des déplacés climatiques de plus en plus nombreux

Le nombre de personnes chassées de chez elles par des catastrophes d’origine météorologique ou climatique est absolument effrayant. D’après l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), les catastrophes naturelles ont contraint 24,2 millions de personnes à se déplacer à l’intérieur de leur pays rien qu’en 2016, et 97% de ces déplacements étaient dus à des phénomènes d’origine climatique ou météorologique. Toujours selon l’IDMC, « les catastrophes ont contraint trois fois plus de personnes à fuir que les conflits« .

Les pays à faible revenu, qui ont le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre et donc au dérèglement climatique, sont les plus touchés. L’Asie orientale et les petits Etats insulaires du Pacifique paient ainsi un tribut disproportionné en termes de déplacement de populations.

Les déplacés climatiques restent en premier lieu à l’intérieur de leur pays

Si les catastrophes soudaines poussent souvent des groupes entiers de population hors de chez eux, ceux-ci se déplacent la plupart du temps à l’intérieur de leurs frontières, restant parfois même à proximité de la région qu’ils ont dû quitter. La majeure partie de ces déplacés retournent d’ailleurs chez eux dès que possible pour participer aux travaux de reconstruction.

Mais ces travaux représentent un coût élevé et lorsque les pouvoirs publics ne participent pas à leur financement, un cercle vicieux s’installe. C’est notamment le cas dans les pays en développement, où chaque catastrophe appauvrit encore un peu plus les populations et amoindrit chaque fois davantage leurs capacités à mettre en œuvre des mesures préventives pour lutter contre les prochains épisodes de sécheresse ou d’inondation.

Suite aux catastrophes naturelles qui ont touché les Philippines en 2009, les évacués se retrouvent dans un gymnase de la ville de Pasig. © Veejay Villafranca / Greenpeace

L’Europe comme dernier refuge

Seule une infime partie des personnes déplacées dans le monde quittent leur pays ou fuient vers l’Europe. Elles ont pour la plupart été poussées à l’exil par des catastrophes naturelles, des violences et/ou des conflits bien des années auparavant. Et c’est uniquement lorsqu’elles ne trouvent plus aucune aide et n’ont plus aucun espoir qu’elles décident de finalement gagner l’étranger, un périple loin d’être sans danger.

Ne l’oublions pas : certains grands pollueurs, notamment européens, sont en partie responsables de cette tragédie, car ils sont à l’origine des émissions de gaz à effet de serre. Parmi eux, on retrouve sans surprise des entreprises françaises comme Total ou Lafarge. Ces entreprises doivent rendre des comptes pour leur contribution au dérèglement climatique.

Quelles sont les mesures à prendre ?

Il est grand temps de prendre enfin le problème des migrations climatiques au sérieux. Cela suppose en premier lieu de donner un véritable statut à ces réfugiés en leur garantissant des droits et une protection internationale quand ils sont contraints de quitter leur pays. Ensuite, les pays industrialisés – qui sont à ’l’origine des changements climatiques – doivent soutenir financièrement les efforts entrepris en matière d’adaptation par les pays les plus menacés et les plus vulnérables. . Enfin, la communauté internationale dans son ensemble doit continuer à tout mettre en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.

Que fait la France ?

En France, les coupes budgétaires faites par le gouvernement d’Emmanuel Macron dans la lutte contre la pauvreté et l’aide au développement sont de très mauvais signaux envoyés dans la lutte contre les changements climatiques. Les solutions sont pourtant connues, et à notre portée.

Emmanuel Macron et son premier ministre Edouard Philippe n’ont pas tenu leur promesse sur la taxe sur les transactions financières (TTF). En se montrant plus sensibles aux besoins de la finance qu’à ceux des populations les plus pauvres et les plus vulnérables aux changements climatiques, ils nous privent d’un outil qui aurait pourtant permis de financer efficacement la solidarité internationale en matière de climat.

De la même façon, le rabotage de 5% de l’aide publique au développement annoncé en juillet ne va pas dans le sens de ses discours sur la solidarité et le climat. Si le président Macron veut se montrer à la hauteur de ses “coups de com’”, il doit d’urgence changer de cap !