L’Esperanza face aux navires de pêche illégale
Au printemps 2017, l’Esperanza, navire de la flotte arc-en-ciel de Greenpeace, partait en expédition pour documenter la pêche illégale au large des côtes ouest-africaines. Ces opérations, menées conjointement avec les inspecteurs de pêche de plusieurs pays de la région, ont permis d’appréhender des navires de trois compagnies chinoises, pris en flagrant délit de pêche illégale dans les eaux de Guinée-Bissau.
Filets non réglementaires, activités de pêche sans autorisation, coupe d’ailerons de requins… Toutes ces preuves d’infractions ont été réunies par Greenpeace et remises aux autorités ouest-africaines et chinoises, afin de les aider dans leur lutte contre la pêche illégale.
Grâce à ces éléments, le gouvernement chinois a pu prendre récemment des mesures concrètes contre les bateaux battant pavillon de la Chine impliqués dans la pêche illégale. Le ministère chinois de l’Agriculture, en charge du dossier, a ainsi gelé les subventions, pourtant vitales, aux compagnies propriétaires de bateaux qui avaient été appréhendés. Il a également supprimé la licence d’une grande entreprise, Lian Run Pelagic Fishery Ltd. Celle-ci était impliquée depuis des années dans la pêche illégale.
Des dizaines de bateaux hors d’état de nuire
Concrètement, cela signifie que plusieurs dizaines de bateaux vont être retirés de l’eau et mis hors d’état de nuire. C’est une étape significative dans la lutte contre la pêche illégale amorcée par les autorités chinoises hors de leurs eaux nationales depuis quelques années. Celles-ci ont renforcé la réglementation et durci les sanctions. La Chine possédant la flotte la plus importante au monde, ces mesures sont loin d’être anecdotiques.
Depuis 2016, 264 navires de pêche appartenant à 78 compagnies chinoises de pêche lointaine ont ainsi vu leurs subventions supprimées. Les certificats de pêche lointaine de trois compagnies ont été annulés. Et quinze armateurs et entrepreneurs ont été mis sur une liste noire.
D’autres sanctions contre la pêche illégale attendues
Face à la surpêche et la diminution des stocks de poissons à un rythme effréné en Afrique de l’Ouest, les récentes sanctions prises par la Chine montrent que les initiatives des gouvernements locaux pourraient être efficaces grâce à des systèmes d’échange d’information entre les Etats ouest-africains eux-mêmes et ceux des navires concernés. Il est nécessaire de persévérer dans cette voie. D’autres navires ont en effet été appréhendés par les inspecteurs de pêche de pays ouest-africains lors des patrouilles conjointes avec Greenpeace, mais les sanctions se font encore attendre.
L’enjeu est tant environnemental qu’économique et humain : il s’agit de la survie et de la sécurité alimentaire de millions de personnes et de communautés locales qui dépendent de ces ressources aujourd’hui pillées.