Le système néolibéral, moteur de la crise écologique et sociale
La crise du coronavirus va « changer la nature même de la mondialisation dans laquelle nous vivons depuis quarante ans […] Personne n’hésite à faire des choix profonds et radicaux quand c’est une question de vie ou de mort. C’est la même chose avec le risque climatique ». Ces propos d’Emmanuel Macron mâtinés de radicalité détonnent. Ils sonneront d’autant plus faux s’ils ne sont pas traduits en actes immédiats.
La crise du coronavirus exacerbe les travers d’un système déconnecté du bien commun, nous le voyons déjà. Le capitalisme néolibéral creuse les inégalités et meurtrit la planète, cherchant à accumuler les richesses au profit de quelques uns, alors que la Terre n’en finit plus de montrer ses limites. Résultat : le réchauffement climatique pourrait atteindre +7°C d’ici 2100 et donc des conditions de vie intenables, si nous ne changeons rien. En France, l’inaction climatique des dirigeants et des entreprises est criminelle : notre empreinte carbone globale n’a pas diminué depuis 1995, malgré l’urgence et les promesses.
Des entreprises criminelles du climat et championnes des dividendes
Un actionnaire qui touche 100€ de dividendes de la Société Générale, du Crédit agricole, de BNP Paribas ou d’Engie pollue beaucoup plus qu’un Français moyen en un an. Une autre comparaison ? Cent euros de dividendes de la Société Générale équivalent à 30 allers-retours Paris-New York en avion pour un passager, comme nous le montrons dans notre rapport “Climat : l’argent du chaos”. Or ces dividendes climaticides sont versés à coups de milliards d’euros chaque année, avec un record pour l’exercice 2018. C’est là le cœur du problème : certaines entreprises du CAC 40 ont fait du dérèglement climatique le moteur de leur développement, du fait de l’absence de régulation. Un exemple criant : BNP Paribas investit sans relâche dans les énergies fossiles. Son empreinte carbone est la plus élevée du CAC 40 et ses actionnaires s’en frottent les mains : BNP leur a versé 3,7 milliards d’euros en 2019. Quant à Total, l’entreprise a émis 444 millions de tonnes de CO2, soit autant que les émissions de toutes les activités conduites sur notre territoire.
Le gouvernement complice des entreprises polluantes
Le laxisme climatique du gouvernement se joue dans le porte-monnaie d’une minorité favorisée : il y a énormément d’argent en jeu derrière les activités polluantes. Si la France fait partie des 195 pays signataires de l’Accord de Paris de 2015 pour contenir le dérèglement climatique, cinq ans plus tard, les entreprises ne sont toujours pas tenues d’en respecter les objectifs. Et ce alors que 75% de la baisse des émissions de gaz à effet de serre nécessaire pour respecter l’Accord de Paris dépend de l’État et des entreprises.
Mais le gouvernement n’est pas seulement laxiste face à ce crime contre le climat. Il en est le complice. Il a en effet subventionné les industries fossiles à coups de milliards d’euros en 2019. Cette même année, Emmanuel Macron et son gouvernement ont déployé d’intenses efforts pour continuer à faire bénéficier Total d’une niche fiscale sur l’huile de palme d’environ 80 millions d’euros d’argent public, alors que le pétrolier carbure à la déforestation.
Pour une interdiction des dividendes climaticides
Le gouvernement se plaît à parler d’une économie décarbonée ? Qu’il décarbone la finance. Car aussi longtemps que placer son argent dans des entreprises climaticides enrichira, la transition écologique restera un vœu pieux. La solution tombe sous le sens : il faut fixer aux multinationales des objectifs annuels et contraignants de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Si elles ne les respectent pas, elles auront l’interdiction de verser des dividendes à leurs actionnaires.
Pourquoi ? Parce que si les entreprises climaticides ne peuvent plus verser de dividendes, elles ne parviendront plus à attirer d’actionnaires. Privées d’investisseurs, ces entreprises dont le moteur est aujourd’hui la destruction du vivant n’auront alors d’autre choix que de s’engager (réellement !) dans la transition écologique indispensable à la préservation du vivant sur terre. Cette conversion constituerait pour elles le seul moyen d’attirer à nouveau des investissements, et donc de continuer à exister.
Il est possible de changer la donne
Nous devons de toute urgence enclencher une autre façon de vivre, de produire, de se nourrir, de se déplacer. Or il manque 18 milliards par an pour la transition écologique. C’est la somme des dividendes versées en un an par les 10 plus gros pollueurs du CAC 40.
La solution existe, la situation l’exige : l’Etat doit interdire le versement des dividendes aux entreprises qui ne respectent pas l’Accord de Paris, afin que la France puisse enfin contenir ses émissions carbone. Cette simple mesure est aussi radicale que nécessaire. Nous avons donc besoin de vous afin de la porter dès aujourd’hui dans le débat public.
Pour la soutenir, c’est simple : signez le formulaire accessible ici. Ceci nous permettra de mesurer l’adhésion qu’elle suscite, mais aussi de vous proposer d’agir à nos côtés pour la défendre. Votre signature génèrera une “attestation de sortie d’un système économique destructeur” : on vous invite vivement à la partager autour de vous, sur les réseaux sociaux et par email !
Photo : © Les Gibbon / Greenpeace