Un trésor climatique déjà menacé
C’est ce qu’a permis de découvrir l’expédition menée par Greenpeace Afrique avec plusieurs scientifiques. Les résultats ont été dévoilés sur l’Esperanza, navire de la flotte de Greenpeace, qui a croisé dans les eaux d’Afrique centrale et mouillé aux ports camerounais de Douala et congolais de Matadi pour sensibiliser les populations aux enjeux de la protection de la forêt, renforcer le dialogue avec les autorités politique et mobiliser les communautés locales qui souffrent directement de la déforestation qui décime la seconde forêt tropicale du monde.
A l’heure de la COP 23 et du cri d’alarme sans précédent de la communauté scientifique mondiale, la protection de cette tourbière est indispensable pour relever le défi climatique. En effet, les appétits de l’industrie forestière risquent de la mettre en péril. En République démocratique du Congo, sur un total de 57 concessions forestières dédiées à l’industrie du bois, au moins 29 sont illégales (soit cinq millions d’ha). Or ces concessions illégales chevauchent environ 650 000 ha de forêts marécageuses de tourbière contenant du bois dur, recherché par les industriels.
Greenpeace travaille avec les communautés locales en RDC pour développer des alternatives à l’exploitation forestière destructrice et préconise que la forêt du Bassin du Congo soit protégée en conservant un moratoire de 15 ans sur l’attribution de nouvelles concessions d’exploitation forestière. La récente découverte des tourbières ajoute au besoin urgent de trouver des voies de développement qui amélioreront radicalement les moyens de subsistance et le bien-être des populations locales sans compromettre l’intégrité de l’écosystème.
Le gouvernement congolais sur la mauvaise pente
Malheureusement, le gouvernement congolais fait fausse route. Il s’est réuni à Kinshasa le 10 novembre pour lancer un processus qui conduirait à la destruction de vastes zones de la forêt congolaise, en violation de sa propre loi forestière et d’un décret présidentiel.
La réunion, convoquée par le ministère congolais de l’Environnement et du Développement durable, avait en effet pour but officiel d’entamer un processus de travail qui mènerait à la levée du moratoire de 2002 sur l’attribution de toute nouvelle concession forestière – après plusieurs violations caractérisées révélées par Greenpeace. C’est pourtant ce moratoire qui a contribué à limiter tant bien que mal la destruction de la forêt congolaise ces dernières années.
Dans ce contexte, les efforts fournis par la communauté internationale visant à l’amélioration de la gouvernance forestière en RDC, à travers la collaboration et le financement du gouvernement congolais pour protéger ses forêts et ses tourbières, seraient discrédités, au même titre que le leadership de la RDC pour la Coalition des Nations des Forêts tropicales humides, un effort diplomatique international pour préserver les forêts tropicales.
Nous appelons donc le gouvernement de la RDC à renoncer à son projet de lever le moratoire sur l’exploitation industrielle des forêts, à déclarer le maintien du moratoire et à annuler et publier les informations relatives à tout accord passé avec des sociétés concernant l’allocation de nouvelles concessions. Nous encourageons également la communauté internationale à soutenir le gouvernement de la RDC pour l’annulation immédiate des cinq millions d’hectares de concessions forestières actuellement exploités sans plan de gestion, et donc en situation d’illégalité.