Dans un an, les gouvernements du monde sont attendus à Paris pour la signature d’un nouvel accord global sur le climat. Les négociations préparatoires ont déjà commencé, et des éléments clés seront discutés ces deux prochaines semaines à Lima, au Pérou.
Ces négociations de l’ONU sur le climat, également connues sous le nom de COP (Conference of the Parties), marqueront le début d’une période cruciale qui doit placer la lutte contre le changement climatique au premier rang des priorités politiques mondiales.
2014 année charnière
La COP20 de Lima vient clore une année 2014 qui a replacé la lutte contre les changements climatiques sur le devant de la scène.
Elle a lieu quelques semaines après la remise du 5ème rapport du GIEC, une synthèse dans
laquelle les experts scientifiques ont confirmé que les bouleversements climatiques exigent une action immédiate. Dans le “résumé pour les décideurs”, les auteurs vont au-delà du diagnostic : ils donnent aux dirigeants des pays une feuille de route concrète de ce qu’ils doivent enclencher pour maintenir le réchauffement global en deçà de 2°C. Les politiques doivent maintenant choisir : d’un côté, l’engagement en faveur d’une transition énergétique globale dans un effort partagé et équitable. De l’autre, un accroissement des émissions de carbone dans le monde entier qui engendreront des impacts sur le climat, la santé et l’économie.
Lire notre article : Comprendre (et contrer!) les dérèglements du climat en 10 points clés
Cette COP20 se tient aussi deux mois après que des centaines de milliers de personnes ont participé à la plus grande mobilisation citoyenne mondiale jamais organisée sur l’enjeu climatique. Provenant de tous horizons, les manifestants ont lancé un appel urgent à agir contre les changements climatiques, une mobilisation massive et internationale qui a marqué le Sommet du climat.
Enfin, cette COP20 a lieu alors qu’en novembre, les États-Unis et la Chine, les deux principaux émetteurs de carbone de la planète ont annoncé avoir conclu un accord. Cet accord, négocié dans la discrétion pendant plusieurs mois, constitue le premier geste concret de la Chine dans le sens des objectifs internationaux de réduction des émissions de carbone. Important d’un point de vue diplomatique, cet accord Chine / États-Unis devra encore être renforcé en termes de politique climatique et énergétique.
Dernier signal : en novembre, les pays riches ont commencé à mettre sur la table les fonds tant attendus pour aider les pays pauvres à faire face aux changements climatiques.
La route à suivre
À travers la négociation de Lima, les gouvernements auront l’occasion de faire avancer l’agenda international pour le climat en vue de sceller un accord à Paris en 2015.
Et la direction à suivre est claire. Elle tient en trois chiffres clés : zéro. zéro. cent.
Zéro fossiles : le rapport du GIEC montre qu’il est indispensable de stabiliser les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre – et donc de réduire drastiquement nos émissions. Limiter d’ici la fin du siècle la hausse des températures à 2 °C suppose aussi de réduire les émissions mondiales entre 40 % et 70 % d’ici 2050 et de les ramener à un niveau proche de zéro, d’ici la fin du siècle. C’est pourquoi, selon les recommandations de l’Agence Internationale de l’Énergie, les réserves de charbon, de pétrole et de gaz qui n’ont pas encore été exploitées doivent rester dans le sol. Pour cela, il faudra une réorientation massive des investissements vers les énergies renouvelables dans les décennies à venir. Il faut donc que les négociations sur le climat actent explicitement le début de la fin de l’ère des énergies fossiles.
Zéro fausses solutions : pour faire baisser les émissions de GES, la sortie des fossiles est la seule solution. Les autres options ne sont que des subterfuges : nucléaire, capture et stockage de carbone, géo-ingénierie, agrocarburants ou encore la compensation et les marchés du carbone… Il est urgent de changer de modèle énergétique mais sans se tromper de direction.
Cent : 100% d’énergies renouvelables! Pour remplacer les combustibles fossiles et enclencher une mutation de nos sociétés qui soit juste et respectueuse du climat, nous avons toute une panoplie d’alternatives. Mais avant tout, nous devons renforcer notre efficacité énergétique, c’est-à-dire la façon dont nous stockons, transportons et utilisons l’énergie, de façon à en perdre et à en gaspiller le moins possible. Sur d’autres fronts, nous devrons aussi stopper la déforestation et rendre la production alimentaire plus durable. Le potentiel des ENR est quant à lui loin d’être exploité ! Chaque région du monde peut produire assez d’énergie renouvelable pour couvrir 2,6 fois ses besoins…
La transition vers une énergie 100 % renouvelable peut contribuer à garantir un accès universel à l’énergie d’ici à 2030, objectif que s’est fixé l’ONU, et donc à aider les populations les plus démunies.
Agir contre les changements climatiques, tout en aidant les populations les plus vulnérables à s’adapter est un devoir moral pour les pays les plus riches.
La France en opération séduction …
On l’a vu dans la communication mise en œuvre par le Quai d’Orsay, le ministère du Développement Durable ou par la présidence de la République. François Hollande, “pèlerin” du climat en Océanie titrait ainsi RFI au moment du sommet du G20 à Brisbane, Hollande part en guerre sur le climat annonçait le Monde… La France semble avoir eu, à un an de la COP de Paris, une sorte d’épiphanie climatique.
“On me demande quand je suis devenu écologiste. A partir du moment où je suis arrivé aux responsabilités du pays. Car il faut aussi laisser sa trace. Et la trace que nous allons laisser tous ensemble, c’est un accord historique sur le climat. »
François Hollande, 27 novembre 2014 à la conférence environnementale.
Reste que face à tant de déclarations, à tant d’ambitions, on est en droit de s’interroger concrètement. Où en est la France ? Où en est-elle concrètement du développement des énergies renouvelables, où sont les projets, leurs permis, leurs financements…
Alors que rien de concret n’avance, le gouvernement français recule : il vient par ailleurs d’abandonner purement et simplement l’écotaxe poids-lourds (mesure votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale) qui taxait les transports routiers les plus polluants.
La France, en tant que pays qui présidera la Conférence Paris Climat 2015, a aussi une responsabilité considérable. Elle doit s’assurer que l’accord de Paris marque la fin de l’ère des énergies fossiles et contribue à l’essor de solutions réellement efficaces face au double défi des changements climatiques et du droit au développement. Elle doit aussi s’assurer que les engagements pris soient à la hauteur des enjeux et que l’accord protège les populations les plus pauvres et les plus vulnérables et respecte les droits humains.
Pour y arriver, la France se doit de mettre en cohérence ses discours et ses actes, dans toutes les instances
Pour nous et pour les générations futures, nous devons nous débarrasser des combustibles fossiles et fissiles au plus vite et accélérer la transition vers une énergie 100% renouvelable, équitable et accessible à tous.