Il y a un peu plus de 50 ans, 12 hommes embarquaient sur le Phyllis Cormack pour s’opposer aux essais nucléaires américains près de l’île d’Amchitka, en Alaska. Aucun d’entre eux n’imaginait alors que cet acte de courage déclencherait un mouvement mondial de lutte pour la protection de notre planète… qui allait devenir Greenpeace.
Si ces hommes ont fait les gros titres, de nombreuses femmes fortes et visionnaires ont également contribué à l’expédition d’Amchitka et à donner vie à Greenpeace. Nous souhaitons rendre hommage à ces femmes sans qui cet incroyable voyage n’aurait pu être initié.
Dorothy Stowe fut la première présidente de l’un des plus gros syndicats américains. En 1953, elle épousa Irving Stowe avec qui elle passa sa nuit de noces… à un dîner de bienfaisance pour les droits civiques. Ils immigrèrent au Canada en signe de protestation contre la guerre que menaient les Etats-Unis au Vietnam. Fondamentalement pacifiste, publiquement engagée contre l’arme nucléaire, elle accueillit chez elle les premières réunions du comité “Don’t Make A Wave”, qui deviendrait bientôt Greenpeace. Elle a contribué à porter des valeurs fortes et apaisantes de solidarité, d’inclusion et de communauté au sein du mouvement.
Marie Bohlen était illustratrice naturaliste, membre du Sierra Club, et pacifiste. En 1967, pour ne pas que leur fils participe à la guerre du Vietnam, Marie et Jim Bohlen immigrèrent à Vancouver, au Canada. Ils y rencontrèrent les Stowe, avec qui ils co-fondèrent le comité “Don’t make a wave”. En février 1970, alors que le groupe discutait de la manière d’arrêter les essais nucléaires américains en Alaska, Marie eut l’idée de faire naviguer un bateau (le Phyllis Cormack) jusqu’au site où avaient lieu les essais et de s’interposer physiquement face à la bombe. Ce fut la première campagne de Greenpeace. Marie décida de ne pas embarquer à bord du Phyllis Cormack mais de rester à Vancouver pour travailler avec d’autres sur l’aspect communication de la campagne.
Dorothy Metcalfe, journaliste chevronnée, fut la première attachée de presse de Greenpeace durant les deux premières campagnes contre les essais nucléaires. En 1971, lors de l’expédition vers Amchitka, elle transforma sa maison en salle de radio et l’utilisa pour relayer auprès des médias les reportages de Ben, son mari embarqué sur le Phyllis Cormack. Dorothy Metcalfe était une militante créative, qui savait comment capter et retenir l’intérêt des médias et du public.
De nombreuses autres femmes ont également contribué aux premières heures de Greenpeace. On peut citer
Zoe Hunter, l’épouse de Bob Hunter, qui a activement participé à la préparation de la première expédition d’Amchitka. Mais aussi les néo-zélandaises Ann-Marie Horne et Mary Lornie, les deux premières femmes à embarquer sur un bateau de Greenpeace, le Vega, en 1973, pour protester contre les essais nucléaires français au large de l’atoll de Mururoa. Lorsque l’armée française prit d’assaut le bateau, elles réussirent à réaliser et extraire des images de l’assaut qui permirent de contredire la version des faits erronée présentée par les autorités françaises.
L’antenne de Colombie Britannique de “la voix des femmes pour la paix” (BC Voice of Women for Peace), la plus vieille association féministe canadienne, dirigée par Deeno Birmingham, a également joué un rôle clé dans la première campagne de Greenpeace, en recueillant des fonds et en adressant une pétition au gouvernement canadien pour qu’il soutienne la protestation. Deeno a fait appel à son mari, Dave Birmingham, pour travailler comme ingénieur sur le Phyllis Cormack. Et c’est Lille d’Easum, également membre de la Voix des femmes, qui a rédigé le tout premier rapport technique de Greenpeace, une étude sur les effets des radiations.
A noter que Greenpeace France, créée en 1977, compte également une femme, Katia Kanas, parmi ses membres fondateurs.
Nous devons nous souvenir des femmes qui ont fait partie du mouvement qui a donné naissance à Greenpeace, et dont le rôle est souvent passé sous silence. Même si, en fin de compte, seuls des hommes ont participé à la première expédition d’Amchitka, celle-ci n’aurait pas eu lieu sans ces femmes et leur soutien sur le terrain. Ces femmes courageuses et fortes de leurs convictions nous ont montré la voie à suivre. Nous tenons à leur rendre hommage et aussi à saluer toutes les militantes, bénévoles, activistes et salariées de Greenpeace qui, partout dans le monde, poursuivent leur combat aujourd’hui.
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