Une légitimité scientifique indispensable
Le laboratoire de recherche de Greenpeace, aussi appelé « unité scientifique », a été créé en 1986 par le Docteur Paul Johnston, au sein du Queen Mary and Westfield College de l’université de Londres. À l’époque, ce scientifique spécialisé dans la biologie marine avait été missionné par Greenpeace pour effectuer des recherches sur la pollution des eaux du littoral britannique. La nécessité de disposer d’un laboratoire pour analyser les échantillons prélevés lui a donné l’idée d’installer une structure dédiée au sein de son université.
L’appui scientifique devenant au fil des ans de plus en plus indispensable au travail de Greenpeace de protection de l’environnement, le laboratoire a été transféré en 1992 dans les locaux plus spacieux et mieux équipés de l’université d’Exeter. Depuis, le laboratoire, toujours dirigé par Paul Johnston, n’a eu de cesse d’enrichir le travail de tous les bureaux de Greenpeace dans le monde, de renforcer la légitimité de l’association et de guider ses prises de position, ses revendications et ses actions.
Des missions scientifiques très variées
Des missions très variées sont confiées à l’unité scientifique : prélèvement d’échantillons sur le terrain, analyse en laboratoire, formulation de recommandations à l’attention des responsables politiques, suivi des progrès scientifiques, contributions à des revues spécialisées, représentation de Greenpeace auprès d’instances internationales comme la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou encore la Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est (OSPAR).
Une équipe scientifique internationale
Sept scientifiques, hommes et femmes, de nationalité britannique, hongroise, espagnole et chinoise, constituent l’équipe actuelle du laboratoire. Leurs travaux portent sur des sujets très divers (conséquences de l’exploitation minière sur les fonds marins, pollution des océans par les microplastiques, analyse des produits chimiques dangereux utilisés par l’industrie textile…).
Le travail de l’unité scientifique est à la base de nombre de rapports que nous publions, par exemple sur la contamination des vergers par les pesticides,, les impacts de ces derniers sur notre santé, le déclin des abeilles, la pollution des cours d’eau par l’industrie textile, les produits chimiques dangereux dans les vêtements pour enfants, les conséquences sanitaires et environnementales de la consommation de viande et de produits laitiers, pour n’en citer que quelques-uns.
Le laboratoire est équipé d’instruments de pointe qui permettent, par exemple, de séparer les composants d’un échantillon puis de détecter et de déterminer les différentes substances qu’il contient, même en très petites quantités.
Des travaux de recherche axés sur les solutions
Les solutions aux défis environnementaux font également partie des sujets de recherche de l’unité, par exemple les substituts aux combustibles fossiles et l’agroécologie. Reyes Tirado, chercheuse au sein du laboratoire depuis 2006, a étudié pendant plus d’un an, en Inde, les rendements des champs de coton transgénique et de coton biologique. La scientifique se souvient : « J’ai constaté que l’agriculture industrielle causait des dommages à l’environnement, mais aussi aux agriculteurs. À l’inverse, les champs exploités selon des méthodes de production naturelles, fondées sur des connaissances traditionnelles et le maintien de la biodiversité, garantissaient des revenus plus élevés aux agriculteurs ».
Des avancées concrètes ont été obtenues au niveau international grâce aux travaux de recherche et de sensibilisation de l’unité scientifique : prévalence du principe de précaution dans l’élaboration des réglementations, renforcement du contrôle de la pollution des eaux, interdiction de l’immersion des déchets, prise de conscience de la nécessité de réduire la production et la consommation de viande et de produits laitiers…
À l’heure des fake news, où nombre d’informations fantaisistes circulent, le travail de l’unité scientifique de Greenpeace apparaît plus que jamais indispensable. « Une partie de notre travail consiste aussi à rendre nos rapports et enquêtes accessibles au plus grand nombre, précise Reyes Tirado. Nous essayons de “traduire” en langage simple des notions qui, de prime abord, peuvent paraître compliquées. Tout le monde doit être à même de comprendre les mécanismes scientifiques des crises du climat et de la biodiversité. La compréhension est essentielle pour que nos sociétés puissent ensuite décider d’agir collectivement dans le bon sens. »
En savoir plus : le site du laboratoire de recherche de Greenpeace