Cupithon est un thon albacore. Afin de protéger ses acolytes (albacores, obèses et listaos) de la surpêche et pour qu'ils puissent jouir d'une vie épanouie, Cupithon s'est spécialisé dans le conseil relationnel auprès des acteurs de la pêche thonière.
En France, le marché du thon est principalement alimenté par la pêche thonière à la senne, un immense filet déployé autour des DCP (dispositifs de concentration de poissons).
Depuis les années 1950, l'industrialisation de la pêche au thon tropical a entraîné le déclin de la plupart des stocks, et la population d'une grande partie des stocks de thons a diminué de moitié. Scientifiques, ONG et industriels du secteur thonier s'accordent pour dire que la capacité de pêche est trop élevée par rapport à la quantité de thons que la mer peut offrir. L'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) indiquait en 2014 que 2/3 des stocks de thons étaient surexploités ou pêchés à leur limite de durabilité, ce qui compromet sérieusement les possibilités de renouvellement.
Le thon albacore de l'Atlantique est clairement surpêché. La population de thons obèses dans le Pacifique correspond à 16% seulement de la population initiale.
Des milliers de DCP sont utilisés et déployés par les bateaux de pêche. Les thons ont une tendance naturelle à se regrouper autour et à former des bancs. Mais la multiplication anarchique du nombre de DCP artificiels modifie le milieu de vie des thons et perturbe leurs routes migratoires, leur comportement alimentaire et leur reproduction.
Les DCP entraînent également la prise de thons juvéniles, ce qui représente une menace supplémentaire pour des stocks déjà fragiles. Les petits thons albacores et obèses ont tendance à rechercher des compagnons de même taille plutôt que de la même espèce. Ils se retrouvent alors sous les DCP avec des thons listaos, de petite taille même à l'âge adulte. Conséquence : quand la senne est déployée sur ces bancs où se mélangent thons adultes et thons juvéniles, les jeunes sont capturés en masse.
Les thons sont attirés par les DCP comme par un aimant. Mais ils ne sont pas les seuls. Un cortège d'espèces les accompagne : requins longimanes et soyeux, tortues olivâtres, raies, espadons, dorades coryphènes, balistes... Lorsque la senne est déployée sur un DCP, elle remonte tout ce qui se trouve à proximité. Or, seul le thon est ciblé par les pêcheurs. Les espèces non commercialisables vont le plus souvent être rejetées à la mer...
Au niveau mondial, la pêche thonière tropicale sur DCP génère 2 à 4 fois plus de rejets que la même pêche sans DCP, soit 100 000 tonnes par an. Jusqu'à 960 000 requins soyeux sont tués par les DCP chaque année dans l'océan Indien. Ces animaux figurent pourtant sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN).
Le DCP peut nuire durablement à la santé de l'écosystème marin. De l'aveu même des entreprises de pêche, environ 20% des DCP sont perdus chaque année. Or, lorsqu'un DCP est pris dans un récif corallien, les filets qui le constituent se trouvent coupés et lacérés, ce qui augmente le risque d'emmêlement des animaux marins, notamment des tortues. Il agit alors comme un filet fantôme. Aux Seychelles, on compte 10 000 DCP actifs et au moins 2 000 DCP fantômes qui dérivent au gré des courants et continuent à avoir un impact sur la vie marine.
Des emplois précaires pour les populations locales - le cas de l'océan Indien
À bord des thoniers senneurs européens opérant dans l'océan Indien, les marins qui travaillent à la préparation du poisson et au tri dans les cales sont le plus souvent des Indonésiens et Philippins.
Parmi les marins de pont, on trouve beaucoup d'Africains, le plus souvent des Malgaches et des Sénégalais. D'après les témoignages de marins malgaches recueillis lors d'une expédition de Greenpeace dans la région, ces derniers nous ont confié ne gagner qu'une centaine d'euros par mois et travailler selon des conditions contractuelles très précaires. Ils sont systématiquement obligés de passer par des agences de recrutements - appelées agences de « manning » - qui paient très en retard les salaires et prélèvent une part qui peut parfois atteindre 50%.
À terre, les principaux emplois liés à l'industrie du thon sont ceux des conserveries, qui sont aux Seychelles, à Maurice, à Madagascar. De l'aveux même des industriels, le modèle économique repose sur une main d'œuvre très bon marché qui est chargée des tâches à forte intensité et à très faible valeur ajoutée. C'est en particulier le cas pour la préparation du poisson dans les conserveries. À Madagascar, la conserverie emploie surtout des femmes dont les salaires sont très bas, à peine quelques dizaines d'euros par mois.
Du poisson de plus en plus rare pour les pêcheurs artisans
L'industrie thonière a également un impact négatif sur les communautés de pêcheurs locaux et les populations qui dépendent du poisson pour leur subsistance.
Les pêcheurs artisans qui ciblent le thon souffrent de la pression que les industriels font peser sur les stocks. Les pêcheurs de Mayotte, de l'Ile Maurice et de la Réunion rencontrés par Greenpeace ont témoigné de la même difficulté : à cause d'un trop grand nombre de navires et de l'utilisation massive des DCP, il devient de plus en plus difficile de trouver du poisson.
Les thoniers senneurs ne pêchent pas que du thon.
Un cortège de prises accessoires rempli également les filets, comprenant des espèces habituellement pêchées par les petits pêcheurs locaux, comme les dorades coryphènes par exemple.
Le thon jugé comme de moindre qualité et les autres espèces de poissons commercialisables sont utilisés pour payer les dockers en nature. Ces derniers les vendent ensuite sur les marchés locaux, notamment en Côte d'Ivoire et à Madagascar. Or l'arrivée de ce « faux poisson » ou « poisson cassé », comme il est communément appelé, déstabilise les marchés locaux car il est vendu à bas prix. Le « faux poisson » vendu au port est si bon marché que les pêcheurs locaux n'arrivent plus à vendre leur pêche et voient leurs revenus s'effondrer.
Souvent présenté par l'industrie comme un moyen de fournir de la nourriture à des populations pauvres et d'éviter le gaspillage de poisson, le « faux poisson » est en fait une manière cynique pour l'industrie de détourner l'attention du vrai problème : un niveau trop élevé de prises accessoires.
Il est nécessaire d'avoir un partage équitable de la ressource entre les puissances de pêche lointaines et les États côtiers, entre les flottes industrielles et les flottes artisanales comme les pêcheries de thon à la canne.
La pêche au thon ne pourra être durable que si elle l'est aussi du point de vue humain et social.
La pêche au thon tropical est une des principales pêcheries au niveau mondial, en volume et en valeur.
Ce business mondialisé est concentré entre les mains de quelques multinationales, dominées par un géant : Thaï Union. Numéro un mondial des produits de la mer, Thaï Union possède notamment Petit Navire.
Complètement incontrôlée, cette industrie met en péril la source de ses profits : les thons tropicaux.
Ces dernières années, la quantité de thons pêchés a stagné. Mais si on observe la tendance sur un temps plus long, on peut observer que les prises ont été multipliées par plus de 10 depuis les années 1950. L'industrialisation de la pêche et son intensification (introduction massive des DCP pour la pêche à la senne dans les années 1990) a conduit la majorité des stocks vers le déclin.
La capacité de pêche au thon demeure incontrôlée.
En 2009, les pays industrialisés avaient pris l'engagement de geler leur capacité de pêche thonière. Pourtant la capacité de pêche industrielle a continué de croître.
Ce sont 52 nouveaux thoniers senneurs armés par des pays industrialisés qui ont rejoint la flotte ces six dernières années. En outre, entre 50 et 60 thoniers ont été commandés et devraient gonfler les rangs de la flotte d'ici la fin de l'année. Pourtant, il existe un consensus entre scientifiques, ONG et industriels du secteur thonier pour dire que la capacité de pêche est trop élevée par rapport à la quantité de thons disponible. Mais aucun quota n'est défini pour la pêche des thons tropicaux...
Les DCP sont des démultiplicateurs de la capacité de pêche.
Equipés de balises GPS, les DCP sont facilement repérables par les bateaux de pêche industriels. Un écho-sondeur, attaché au DCP, permet également au pêcheur d'évaluer la quantité de poissons situés autour du DCP.
La pêche est devenue un ramassage industrialisé des thons.
Une estimation indique que 91 000 DCP seraient actuellement déployés à la surface des océans. La Commission thonière de l'océan Indien a récemment adopté une « limite » à 550 DCP actifs par navire. Or si chaque senneur industriel appliquait cette « limite », 370 000 DCP flotteraient dans les océans tropicaux, soit plus du triple de l'estimation actuelle.
L'industrie de la pêche thonière est dans une dynamique de course aux poissons !
La Sapmer est une illustration parfaite de cette frénésie. L'an dernier, cet armement thonier voyait son chiffre d'affaires baisser. L'explication ? Des cours du thon beaucoup trop bas pour assurer la rentabilité d'un armateur qui a construit en quelques années une flotte de 9 thoniers ultra modernes. Sa solution ? Pêcher encore plus, en augmentant le nombre de DCP et le volume des prises par bateau.
Selon des scientifiques, il y a tellement de DCP aujourd'hui dans certaines zones des océans tropicaux que le comportement des thons, espèces migratoires, commencerait à être affecté. Dans ces zones, il est désormais très rare de croiser des bancs de thons listaos évoluant naturellement en mer. Ils sont systématiquement regroupés sous des DCP.
Il est urgent que les gestionnaires des pêcheries thonières prennent des mesures contraignantes d'encadrement de la capacité de pêche, pour garantir un futur à une pêche thonière plus durable.
Les marques de thons en boîte ont un rôle à jouer pour protéger les océans et soutenir une pêche durable, en intégrant des exigences environnementales et sociales dans les cahiers des charges qu'elles transmettent à leurs fournisseurs.
Assurez-vous qu'elles respectent les conseils de Cupithon !