Une enquête pleine de rebondissements
Notre enquête pour trouver le récif a débuté le 3 mai, lorsque nous avons levé l’ancre du port de Cayenne avec l’Esperanza. Depuis, nous avons traqué le récif chaque jour, sans relâche, de l’aube au crépuscule, malgré la force des courants et de la houle.
Tous les matins à 6 heures, avant que l’air ne devienne trop étouffant, un ballet millimétré se mettait en branle sur le pont du navire. Chaque membre de l’équipage était à sa place pour descendre à l’eau et remonter, à l’aide de cordes, d’une poulie et de beaucoup d’huile de coude, tous les instruments scientifiques que nous avions embarqués pour dénicher les coraux de leur cachette.
À chaque fois que nous remontions la caméra étanche à la surface, tout le monde courait s’agglutiner autour du petit écran pour tenter d’apercevoir un bout de corail, d’étoile de mer ou d’éponge.
Parfois, les écrans étaient vides et nos espoirs déçus. Les matelots essuyaient alors leur sueur d’un revers de gant et recommençaient les manœuvres, toujours avec le même entrain. Oh hisse et hauts les cœurs ! Un jour, la drague est restée coincée par le fond. La corde a commencé à s’émousser… Une odeur de brûlé a envahi le pont. Coup de stress. Heureusement, les matelots ont réussi à remonter l’engin sans faire de blessé. Les ingénieurs ont passé la nuit à réparer l’instrument endommagé pour qu’il puisse être remis à l’eau dès le lendemain.
Parfois, les fonds guyanais daignaient nous livrer quelques secrets. L’équipage attendait alors, impatient, le verdict des scientifiques qui examinaient photos, vidéos et échantillons durement recueillis. Un peu comme un papa dans une salle d’accouchement.
Puis soudain : « Félicitations, c’est le Récif de l’Amazone ! »
Nos fins limiers ont repéré des formations récifales dans deux zones d’exploration différentes, à quelque 150 kilomètres des côtes et à une profondeur comprise en 95 et 120 mètres.
Protégeons la biodiversité, pas les profits des pétroliers !
La découverte de ce récif est une bonne nouvelle pour le patrimoine guyanais et pour la science. La nature est encore loin de nous avoir livré tous ses secrets ! C’est pourquoi il est impératif de protéger ce nouveau biome, du Brésil jusqu’en Guyane.
La compagnie pétrolière Total prévoit d’effectuer des forages pétroliers dans la région, à la fois au large du Brésil et au large de la Guyane.
Un accident ou une marée noire serait catastrophique pour le récif, mais aussi pour les côtes brésiliennes et guyanaises et leurs habitants.
Notre enquête est terminée pour le moment, mais pas le travail de la science. Notre combat ne fait que commencer. Nous comptons sur vous pour le livrer avec nous.
L’équipe de Greenpeace doit rencontrer ces jours-ci à Cayenne les responsables des communautés autochtones, des représentants des autorités locales, de la société civile guyanaise, et des écoliers. Le Récif de l’Amazone est le patrimoine des Guyanais-es et nous serons à leurs côtés pour le protéger.
Comme nous l’a dit une lectrice de ce journal de bord : Tchimbé rèd pas moli !
Merci de votre soutien. À bientôt.