Les communautés côtières toujours affectées
La faune subit encore aujourd’hui les impacts de cette marée noire, la pire qu’aient connue les Etats-Unis, et les impacts sur l’environnement, notamment sur les marais salants, pourraient être irréversibles. Le tourisme et la pêche, principales activités économiques de la région, ont été durement frappés, grevant les revenus des communautés côtières.
De nombreux habitants se débattent également avec des problèmes de santé liés à l’exposition prolongée au pétrole et autres produits toxiques utilisés comme « dispersants » pour limiter les effets visibles de la marée noire.
Les communautés locales paient un lourd tribut à l’exploitation pétrolière : outre cette marée noire, elles ont été frappées par l’ouragan Katrina, la tempête Sandy ou bien encore les inondations meurtrières de l’été dernier – des phénomènes aggravés par les changements climatiques, eux-mêmes accentués par l’exploitation et la consommation des combustibles fossiles.
Quelles leçons pour les compagnies pétrolières ?
BP a finalement été contrainte, fin 2015, de verser des indemnités record de près de 21 milliards de dollars pour dédommager les victimes et nettoyer les 2 000 kilomètres de côtes souillés dans cinq États (Alabama, Floride, Louisiane, Mississippi et Texas). A cela s’ajoutent les quelque 500 millions de dollars dépensés par la compagnie en communication pour restaurer son image.
La semaine dernière, BP a annoncé qu’elle renonçait à son projet de forage dans la Grande Baie australienne, une zone abritant une faune marine exceptionnelle. Faut-il voir dans cette décision le spectre de la catastrophe de Deepwater Horizon ? Ce n’est qu’après avoir essuyé plusieurs refus des autorités australiennes pour non-respect des normes environnementales, évalué les risques et les coûts prohibitifs (dans un contexte de baisse du prix du pétrole et de durcissement des législations), et fait face à une opposition citoyenne déterminée que la compagnie pétrolière a renoncé à ce projet controversé.
Début octobre, BP a dû fermer une de ses plateformes en mer du Nord suite au déversement de 95 tonnes de pétrole, à 75 km au large des Shetlands. Chaque semaine, les infrastructures pétrolières continuent d’être à l’origine de fuites, d’incendies mortels, de collisions, de nappes de pétrole et autres déboires, sans parler des marées noires permanentes dans le nord de la Russie ou le Delta du Niger…
Les citoyens se mobilisent et les énergies renouvelables se développent
Aujourd’hui, les habitants du golfe du Mexique continuent de se mobiliser pour demander la justice climatique, l’arrêt des nouveaux projets de forage et une transition vers des énergies propres et renouvelables.
Sur le front juridique, les initiatives se multiplient à l’encontre les compagnies pétrolières : en juillet dernier, la Commission des droits de l’homme des Philippines a porté plainte contre 47 entreprises, dont BP, pour leur contribution au dérèglement climatique ; il y a quelques jours, plusieurs organisations (dont Greenpeace) ont porté plainte contre les autorités norvégiennes pour avoir autorisé la prospection pétrolière dans les eaux arctiques en mer de Barents.
BP et consorts vont également devoir revoir leurs stratégies de façon à les rendre compatibles avec l’accord de Paris sur le climat. Pour limiter la hausse des températures, il faut que les ressources pétrolières inexploitées restent dans le sol.
Aujourd’hui, les énergies renouvelables sont en plein boom et battent de nouveaux records. Dans un rapport publié hier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) revoit ses prévisions à la hausse et table sur une progression de 42 % du déploiement des énergies renouvelables d’ici à 2021. Le monde est en train de changer, n’en déplaise à l’industrie pétrolière.