La déforestation contre le climat
Mais les forêts sont menacées. La déforestation, les incendies, l’exploitation forestière industrielle augmentent les émissions de CO2 et sapent la capacité des forêts à absorber le carbone de l’atmosphère. La déforestation des forêts tropicales génère chaque année des milliards de tonnes de CO2, à hauteur d’environ 12% des émissions mondiales anthropiques annuelles de gaz à effet de serre.
La déforestation et la dégradation des forêts ont un lien étroit avec le climat :
La déforestation limite les capacités de nos écosystèmes à séquestrer du carbone : la photosynthèse permet aux écosystèmes forestiers de séquestrer une partie des gaz à effets de serre de l’atmosphère. Plus il y a de forêts, plus notre capacité de séquestration du carbone est importante !
La déforestation accélère le réchauffement climatique. En effet, détruire les forêts libère les gaz à effet de serre contenus dans la biomasse et même les sols forestiers. Ainsi, en raison de la déforestation, l’Amazonie brésilienne émet désormais plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en stocke.
En les fragmentant, la dégradation forestière rend les forêts restantes plus vulnérables au réchauffement climatique et aux événements extrêmes qu’il induit (feux, sécheresse..). Par ailleurs, une forêt dégradée séquestre moins le carbone et rend moins bien ses services écosystémiques.
Pour empêcher un emballement climatique dangereux, les émissions liées aux combustibles fossiles doivent être progressivement éliminées d’ici à 2050, grâce à une transition vers des énergies 100 % renouvelables.
Cependant, s’il est indispensable de se débarrasser des énergies fossiles, ce n’est pas suffisant. L’accord de Paris devra garantir la protection des forêts qui subsistent et la restauration des forêts endommagées (entre autres écosystèmes).
Progrès accomplis à ce jour
Les Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2015 constituent une base solide à partir de laquelle renforcer le rôle des forêts dans la lutte contre les changements climatiques, en particulier avant l’entrée en vigueur de l’accord de Paris en 2020.
L’ODD n°15 prévoit de mettre un terme à la déforestation et de restaurer les forêts dégradées d’ici à 2020. Cet objectif renforce la Déclaration de New York sur les forêts, initiative commune et ambitieuse pour la protection et la restauration des forêts adoptée par des représentants des États, des gouvernements locaux, des entreprises, des peuples autochtones et de la société civile lors du Sommet des Nations unies sur le climat, à New York en septembre 2014. Cette déclaration appelle à mettre fin à la déforestation, à restaurer 350 millions d’hectares de forêts, à renforcer la gouvernance forestière et à donner plus d’autonomie aux communautés locales.
La Conférence de Paris sur le climat (COP21)
Dans leur contribution nationale (INDC), la plupart des pays font référence à « l’usage des terres », concept qui inclut les forêts. Mais le nouveau projet d’accord publié par les coprésidents de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) début octobre traite très peu la question de l’usage des terres et sa place dans le futur accord. On ne sait pas dans quelle mesure les efforts faits par les pays en développement pour réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) seront soutenus. Bien que plus de 30 pays mentionnent REDD+ dans leur INDC, le financement insuffisant de cette initiative, et les doutes sur son efficacité, retardent sa mise en œuvre.
La conférence de Paris doit confirmer l’ODD de mettre fin à la déforestation et de restaurer les forêts dégradées d’ici à 2020. Pour y parvenir, l’accord de Paris doit prévoir que le Fonds vert pour le climat et d’autres mécanismes financiers accordent la priorité au financement des mesures d’adaptation et d’atténuation qui visent à protéger et à restaurer les forêts et d’autres écosystèmes.
Les pays qui ont intégré les forêts et autres écosystèmes à leurs efforts d’atténuation et d’adaptation doivent veiller à ce que les droits des peuples autochtones et des communautés locales soient respectés. La protection et la restauration des forêts et autres écosystèmes ne devra pas ouvrir droit à des crédits de compensation carbone, notamment afin d’éviter que le marché carbone ne contribue à perpétuer l’usage des combustibles fossiles (mais également pour d’autres raisons méthodologiques et éthiques).
L’accord de Paris devra également combler les lacunes des règles de comptabilisation du carbone établies par le protocole de Kyoto. Le financement de l’atténuation et de l’adaptation devra être accéléré de façon à protéger et restaurer les forêts et autres écosystèmes. Le futur accord devra reconnaître que les forêts jouent un rôle crucial à la fois dans les mesures d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ses effets.
Enfin, la conférence de Paris devra obtenir des engagements ambitieux en termes de financement, notamment pour la protection et la restauration des forêts, de façon à atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, puis à augmenter ces contributions sur le long terme. Les financements accordés avant 2020 sont particulièrement importants pour la réalisation de l’ODD sur la protection des forêts, qui prévoit de stopper la déforestation et à restaurer les forêts dégradées d’ici à 2020. Si cette étape est primordiale, il convient de souligner qu’il ne s’agit que de l’amorce d’un processus qui devra aboutir, à l’horizon 2050, à des forêts mieux protégées, plus vastes et en meilleure santé.