La forêt amazonienne est la plus grande du monde. En plus d’être indispensable à l’équilibre climatique de la planète, elle abrite une biodiversité inégalable ainsi que de nombreuses populations qui dépendent d’elle directement pour vivre. Malheureusement, elle est aussi très vulnérable : depuis plusieurs décennies maintenant, elle est la cible des appétits coupables des grandes compagnies forestières, qui ouvrent des voies de pénétration au cœur de la forêt dense et favorise ainsi le déboisement définitif à des fins agricoles.
Mise à jour : pour défendre l’Amazonie, signer le manifeste !
Au Brésil, c’est par exemple une surface équivalente à deux fois la superficie de l’Allemagne qui a d’ores et déjà été ravagée (soit 740 000 km2), très souvent à la suite d’une exploitation forestière illégale. Une nouvelle enquête de Greenpeace démontre que la situation n’a pas changé.
Car si les autorités brésiliennes ont mis en place plusieurs mesures censées stopper son exploitation abusive, celles-ci se sont avérées jusqu’à maintenant largement inefficaces, notamment parce qu’elles recèlent des failles qui sont exploitées par les compagnies forestières. Tant et si bien que celles-ci continuent non seulement de récolter du bois illégalement, mais que le système de blanchiment auquel elles recourent pour écouler leur bois sur le marché mondial demeure parfaitement opératoire.
Blanchiment et marché mondial
Faire croire que des récoltes en réalité illégales sont légales est relativement simple : il suffit de fabriquer ou d’obtenir des quotas de coupe correspondant à des arbres fictifs. Grâce à eux, le bois récolté ailleurs, dans les zones sensibles de la forêt amazonienne peut être usiné tranquillement. Et une fois que les grumes ont quitté la scierie, il devient pratiquement impossible de savoir d’où elles viennent – de zones autorisées ou non. L’année dernière, après des mois entiers d’investigation, Greenpeace a révélé comment l’entreprise Agropecuaria Santa Efigenia Ltd avait blanchi et écoulé pour plus de 7 millions de dollars de bois illégal.
En surestimant de façon exorbitante (1300 %) les volumes d’ipé – une essence rare et très valorisée – présents sur sa concession, cette société a obtenu des quotas de coupe fictifs qui par la suite, ont servi à blanchir du bois précieux récolté illégalement dans d’autres sites.
Aujourd’hui, presque un an après la révélation de ce scandale, les autorités brésiliennes ont confirmé que cette compagnie s’était rendue coupable de fraude à grande échelle et que des sanctions avaient été prononcées. Hélas, beaucoup trop tard : le bois vendu par la compagnie a été écoulé sur le marché mondial depuis bien longtemps.
Un problème global
Les compagnies comme Agropecuaria Santa Efigênia Ltd comptent sur l’intraçabilité du bois au niveau global. Par exemple, dans le cas de Agropecuaria Santa Efigênia Ltd, ce sont pas moins de 22 scieries qui ont usiné le bois récolté par la compagnie, lequel a ensuite été vendu à 45 exportateurs qui, à leur tour, ont fourni environ 150 importateurs dans différents pays dont le Danemark, la France, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, Israël, le Canada, le Mexique, les Etats-Unis, la Chine, le Japon, la Corée du sud, etc. Et comme les grumes sont quasiment impossibles à tracer une fois mises sur le marché, les compagnies délinquantes ne sont jamais inquiétées. Les consommateurs acquièrent ainsi du bois volé au cœur même de la forêt amazonienne sans le savoir.
Voilà pourquoi, suite à ce nouveau rapport, Greenpeace rappel aux entreprises commerciales qui vendent du bois tropical qu’elles ont l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour s’assurer de sa provenance et des conditions de sa récolte, ou à défaut, doivent cesser d’acheter et d’importer du bois brésilien. En mai 2014, nous avions symboliquement « mis sous scellé » du bois importé du Brésil et de République démocratique du Congo sur le port de La Rochelle, pour dénoncer l’inaction de la France contre l’importation de bois illégal. Depuis, des équipes de contrôleurs ont été mis en place en France. Nous attendons toujours de pouvoir vérifier que les contrôles ont bel et bien lieu et sont efficaces.
Parallèlement aux efforts français et européens, il est impératif que le gouvernement brésilien réorganise entièrement l’industrie forestière de son pays : il est en effet grand temps que les autorités remplissent leurs obligations et appliquent vraiment les lois existantes.
Pour que la planète continue à respirer correctement, la destruction de l’Amazonie doit cesser d’être un business.