Certains pays riches traînent des pieds alors que d’autres avancent.
Les États-Unis, le Canada, le Japon, l’Arabie Saoudite, et, dans une moindre mesure, l’Australie, font partis des pays désireux de saborder le processus. Aujourd’hui, des fuites ont révélé que la délégation canadienne voulait obtenir des engagements contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la part de tous les pays.
« Cette proposition est inacceptable et constitue une tentative de faire exploser Bali en faisant porter la responsabilité des changements climatiques aux pays pauvres à égalité avec les pays riches, affirme Morgane Créach, chargée de mission International au Rac-F. Si la Chine et l’Inde doivent réduire leurs émissions, il n’a jamais été question de les soumettre à des objectifs chiffrés absolus. »
En revanche, certains pays du G 77 tendent la main. Ainsi, la Chine a proposé que les pays en développement s’engagent à adopter, dès 2012, « des politiques et des mesures de développement durable » réduisant les émissions, mais à la condition que les pays industrialisés leur fournissent une aide financière et technologique.
La balle est donc dans le camp des pays industrialisés, qui doivent réaffirmer les engagements pris à Vienne, en août dernier. Le projet de décision proposé aujourd’hui par les co-présidents de la COP va dans ce sens. S’il ne se réfère pas à l’objectif global de maintenir le réchauffement en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle, il rappelle :
– la nécessité pour les pays industrialisés de réduire de 25 à 40 % leur émissions d’ici à 2020 ;
– le besoin impérieux que les émissions atteignent leur maximum dans les 10 à 15 prochaines années pour décliner ensuite.
« Attention, il ne s’agit que d’un projet qui va être discuté, voire passé à la moulinette par les pays les plus récalcitrants, explique Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. Si la fourchette de moins 25-40 % déjà adoptée à Vienne disparaît de la décision finale, Bali fera figure de pas en arrière dans la lutte contre les changements climatiques. »
Déforestation : une chance historique à saisir
Sauf coup de théâtre de dernière minute, le mécanisme « REDD » (pour « réduction des émissions issues à la déforestation et à la dégradation » des forêts) devrait sortir indemne des discussions qui se terminent ce soir. L’idée, c’est de rétribuer les émissions de CO2 évitées grâce à une lutte contre deux types de déboisements : la déforestation, qui ravage le Brésil ou l’Indonésie, ainsi que la dégradation subie par les forêts africaines, notamment le bassin du Congo. Ainsi, on protège la forêt et on évite d’émettre du carbone en finançant des projets de développement local durables et respectueux de l’environnement. Reste cependant plusieurs aspects à surveiller, notamment que la réduction des émissions de CO2 soit comptabilisée à l’échelle nationale, et non projet par projet.
Le chantier de l’adaptation progresse
Un accord semble émerger permettant enfin au Fonds pour l’adaptation du protocole de fonctionner. En clair, cela signifie que des financements pourraient rapidement être débloqués à l’intention des pays les plus pauvres, pour les aider à faire face aux impacts des changements climatiques. En revanche, reste à augmenter le volume de ces financements – comptabilisés en millions – pour satisfaire des besoins chiffrés entre 10 à 40 milliards de dollars.