Plus de 70 activistes de Greenpeace Suède sont passés à l’action ce matin, dans deux centrales nucléaires suédoises. Un stress test grandeur nature mené pacifiquement, pour que la ministre Lena Ek, responsable de la sûreté nucléaire, ferme ces deux réacteurs dangereux immédiatement.
A 7:30 ce matin, des activistes ont utilisés des échelles et d’autres des vélos, pour entrer à l’intérieur de la centrale de Forsmark pour faire, une nouvelle fois en Europe, la preuve de la faiblesse des installations face au risque d’intrusion malveillante.
En mai 2011, suite à la catastrophe de Fukushima, la Commission européenne a décidé de procéder à un examen de sûreté des centrales européennes. Cette analyse s’est concentrée sur trois aspects : les risques naturels, la perte des systèmes de sûreté et la gestion des accidents graves. Cet audit, réalisé intégralement au sein du consortium nucléaire, s’est borné à étudier les problèmes liés à des événements naturel (séismes, inondations…).
Risque terroriste, chute d’avion, virus informatique : aucun risque d’agression externe d’origine “non-naturelle” n’y a été pris en compte.
Après l’action de Greenpeace France au mois de décembre, Greenpeace vient une nouvelle fois de montrer que de simples militants aux intentions pacifistes ont réussi, avec peu de moyens, à atteindre le cœur d’une centrale nucléaire ! Pourquoi ? Comment ? Car les dispositifs de sécurité existants sont insuffisants !
Actions, rapports scientifiques … Greenpeace n’a de cesse de montrer combien les installations nucléaires européennes sont fragiles.
Greenpeace publiait en Juin dernier une contre-expertise de l’évaluation finale européenne qui a été été étudiée, décortiquée, analysée par Antonia Wenisch et Oda Becker, experts indépendants.
Ces experts ont donc étudié en profondeur des cas de centrales nucléaires réparties dans toute l’Europe en France, Allemagne, Espagne, Suède, Grande-Bretagne, Slovaquie, Slovénie, Suisse et en Belgique, découvrant ainsi des éléments inquiétants.
Consulter le résumé du rapport (en anglais) : Critical Review of the EU Stress Test performed on Nuclear Power Plants; Study commissioned by Greenpeace; Antonia Wenisch, Oda Becker; Wien, Hannover May 2012
Et en France ?
Expertises et contre expertises ont rendu leur verdict : les 58 réacteurs nucléaires français sont aussi fragiles que ceux de Fukushima.
La Commission européenne a rendu publique le rapport sur les stress tests menés sur les centrales nucléaires européennes. Le rapport avaient fuité dans la presse le lundi 1er octobre puis officiellement rendu public 3 jours plus tard dans une version quelque peu édulcorée. Le parc nucléaire français y était sérieusement pointé du doigt (lire : Le parc nucléaire français mis au piquet par l’UE) . Ce rapport montre que les dix-neuf installations gérées par EDF ne sont pas sûres au regard des standards établis après la catastrophe japonaise.
Les enseignements à tirer sont donc évidents. Il faut maintenant avoir une approche multirisque qui prenne en compte un certain nombre de facteurs de risques liés à l’environnement proche d’une centrale, ou à la centrale elle-même.
On pense évidemment au risque sismique et au risque d’inondation. Mais la présence de sites Seveso doit être aussi prise en compte. La question de la taille du bassin de population dans la zone PPI (Plan particulier d’intervention – 10 km) voire dans la zone « Fukushima » (30 km autour de la centrale) doit peser également. Quel âge a la centrale ? Quel combustible est utilisé, est-ce du Mox comme à Fukushima ? Quelle est la puissance de la centrale, le nombre de réacteurs, la quantité de radioactivité contenue dans la centrale, puisqu’on a vu que plusieurs réacteurs pouvaient être touchés au même moment ? La proximité d’un aéroport international augmente-t-elle la probabilité d’une chute d’avion ?
Il faut considérer le cumul et la conjugaison de ces risques, des causes mais aussi des potentielles conséquences d’un accident majeur pour identifier quelles sont les centrales réellement les plus dangereuses et les fermer en priorité.
Fukushima a démontré que le nucléaire sûr n’existe pas, qu’il faut avec l’énergie nucléaire penser l’impensable, envisager l’inenvisageable.