Des émissions supérieures aux limites légales
Greenpeace Royaume-Uni a obtenu et analysé en détail les émissions de NOx lors de tests en conditions de conduite réelles pour des voitures diesel autorisées à la vente entre avril 2016 et septembre 2017. La moitié d’entre elles seraient interdites à la vente aujourd’hui, alors que certaines ne sont sur le marché que depuis quelques mois.
En effet, d’après les données rassemblées par Greenpeace, les émissions de nombreux nouveaux modèles diesel sont supérieures aux limites légales en conditions de conduite réelles. Mais les voitures en question ont passé ces nouveaux tests avant septembre 2017, alors que les résultats de ces derniers n’étaient pas encore pris en compte pour autoriser ou non la vente des véhicules.
Rappelons-le, les oxydes d’azote (NOx) sont un des gros problèmes du diesel. De manière générale, le transport routier est une des principales sources d’émission de NOx (plus de la moitié des émissions). Une pollution élevée de l’air au NOx peut avoir de graves conséquences sur la santé : ainsi, dans la famille des NOx, les dioxydes d’azote (NO2) s’attaquent aux voies respiratoires, et les NOx riment aussi avec la présence de particules toxiques dans les poumons, reconnues cancérogènes par l’OMS depuis 2012. Selon l’ONG ICCT (Conseil international pour des transports propres), les NOx sont à l’origine de plus de 100 000 décès prématurés par an dans le monde.
Le lobby automobile à la manœuvre
Les tests en conditions de conduite réelles avaient été une des réponses au scandale du DieselGate de 2015 qui avait révélé l’installation par le groupe Volkswagen d’un logiciel truqueur sur des millions de voitures, afin de réduire artificiellement les émissions lors des tests en laboratoire.
Gêné par l’introduction, en avril 2016, de ces tests sur route plus rigoureux, le lobby automobile a manœuvré pour qu’aucune limite d’émissions de NOx ne lui soit imposée sur ces nouveaux tests avant septembre 2017.
Les constructeurs automobiles ont ainsi exploité les faiblesses de la législation européenne et ont fait homologuer, pendant la période de transition entre deux systèmes de tests, des dizaines de nouveaux modèles extrêmement polluants, au mépris de la santé de toutes et tous.
Irresponsabilité des constructeurs automobiles
Et le constructeur automobile français Renault n’est pas en reste. Des modèles Scenic, Mégane et Captur, parmi les meilleures ventes de Renault en 2017, font partie des dix modèles les plus polluants lors des tests de conduite en ville. La Renault Scenic Energy dCi 95 émet 396 mg/km de NOx en moyenne dans les tests en conditions de conduite réelles, soit 2,4 fois plus que la limite légale actuelle et près de 5 fois plus que la norme Euro 6.
Petite explication de texte : comme les précédentes normes Euro, imposant aux voitures des seuils de rejet de pollution à ne pas dépasser, la norme Euro 6 fixe depuis septembre 2014 de nouveaux seuils d’émissions pour les gaz polluants, notamment pour les NOx. Mais, là encore, le lobby automobile a fait pression sur les législateurs européens et a obtenu que cette norme soit assouplie pour les tests en conditions de conduite réelles : la limite légale actuelle pour ces derniers, en vigueur depuis le 1er septembre 2017, est donc plus de deux fois supérieure à la norme Euro 6.
Selon les chiffres du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA), Renault est en tête des marques de voitures les plus vendues en France en 2017. En 2017, le constructeur automobile Renault a ainsi enregistré des bénéfices records : plus de 5 milliards d’euros.
Dure semaine pour le diesel
Lundi dernier, le constructeur automobile Fiat Chrysler a dévoilé des plans visant à supprimer prochainement le diesel de ses catalogues, possiblement d’ici à 2022. Le groupe est actuellement dans le viseur de la justice française, car soupçonné de “tromperie” sur les dispositifs de contrôle des émissions de ses véhicules diesel.
Mardi, la justice allemande ouvrait la voie à l’interdiction des voitures diesel polluantes dans les grandes villes du pays.
Dans la même journée, la maire de Rome annonçait vouloir interdire les véhicules au diesel dans le centre-ville d’ici à 2024 afin de combattre la pollution de l’air.