1. Combien coûtera vraiment la gestion des déchets nucléaires ?
La gestion des déchets nucléaires coûte déjà des milliards d’euros et la facture va continuer de gonfler puisque, chaque année, l’électricité nucléaire d’EDF produit environ 21 000 m3 de déchets radioactifs supplémentaires ! Et c’est sans compter les quantités considérables de « matières radioactives valorisables » (comme le combustible usé sorti des réacteurs, entre autres) : en réalité, elles s’entassent sur le territoire français sans aucune perspective de réutilisation. Quel sera le coût exact de la gestion de tous ces déchets nucléaires ? C’est la grande inconnue. Ces coûts sont chroniquement sous-estimés et régulièrement revus à la hausse. Et EDF a-t-elle vraiment dans ses caisses l’argent nécessaire pour financer les coûts de gestion des déchets nucléaires et du démantèlement ? L’analyse de ses comptes permet d’en douter.
Beaucoup d’autres questions se posent quant aux coûts des déchets nucléaires. Combien coûte vraiment la politique de « retraitement » des combustibles usés ? Où et comment seront stockées et financées les « matières » qui sont en réalité des déchets nucléaires et pour lesquelles rien n’est prévu en terme de stockage définitif ? Quel est le vrai coût du projet Cigéo, à Bure ? Combien coûtera le projet de piscine centralisée qu’EDF espère construire à proximité des vignobles ligériens, à Belleville-sur-Loire ? Combien coûtera réellement le démantèlement des centrales ? Et surtout, qui paiera l’ardoise finale si EDF n’est pas en capacité d’assumer ces coûts ?
2. Combien coûtera vraiment la prolongation des centrales nucléaires vieillissantes ?
EDF affirme vouloir et pouvoir prolonger la durée de vie de ses réacteurs nucléaires au-delà de quarante ans. Mais à quel prix ? D’après EDF, le coût du « grand carénage » s’élèverait à 45 milliards d’euros d’ici 2025. Mais de nombreuses inconnues demeurent dans l’équation proposée par EDF, puisque le gendarme du nucléaire, l’ASN, ne s’est pas encore prononcé sur la possibilité de prolonger ces centrales et sur les travaux qui seraient nécessaires pour garantir un niveau de sûreté proche de celui de l’EPR.
Quels seront les coûts finaux de mise aux normes des réacteurs, de la protection des piscines de combustibles usés face au risque d’actes de malveillance, et de l’installation d’équipements de sûreté post-Fukushima (comme les « diesels d’ultime secours », toujours pas mis en place) ?
3. Combien coûtera l’EPR de Flamanville ?
La saga de l’EPR de Flamanville n’en finit plus : anomalies, retards, budget multiplié par trois, bientôt quatre… Autant d’inconnues qui se chiffrent en milliards d’euros. Dernier déboire en date : un groupe d’experts de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a conclu qu’EDF ne pouvait pas laisser en l’état huit soudures défectueuses et difficiles d’accès. Selon eux, EDF devra engager des travaux, ce qui causerait de nouveaux retards. Dans l’attente de la décision de l’ASN sur ce sujet, quels engagements EDF prévoit-elle en vue de la réparation des fissures défaillantes ? Quels seront le coût et le calendrier ? EDF a-t-elle déjà engagé les actions préalables à la réparation (notamment la commande de pièces) telles que demandées par l’ASN ?
Compte tenu du quasi quadruplement du budget et des nombreuses incertitudes qui pèsent sur l’EPR de Flamanville, la question suivante se pose plus que jamais : quel sera le coût complet prévisionnel du mégawatt-heure produit par l’EPR ? Et quid des conséquences sur le chantier de Hinkley Point, en Grande-Bretagne, où un projet similaire d’EDF semble prendre le même chemin cahoteux ?
4. Qui paiera la dette du nucléaire ?
Avec tous les voyants au rouge et une dette brute qui frôle les 70 milliards d’euros, la situation financière d’EDF est catastrophique, plombée par le nucléaire. A tel point que l’Etat prévoit de renationaliser une partie des activités du groupe. Cela voudra-t-il dire que la dette nucléaire sera finalement reportée sur le contribuable ?
Il règne aujourd’hui encore une grande opacité sur les coûts du nucléaire, présenté par EDF à ses actionnaires comme une « rente » alors qu’il s’avère être pour les Français et les Françaises un gouffre financier. La renationalisation annoncée du nucléaire impose de faire toute la transparence sur les coûts cachés de cette industrie. Et elle rend d’autant plus urgent l’arrêt des investissements dans ce puits sans fond qu’est le nucléaire.
Nous avons adressé par écrit 39 questions détaillées à EDF, qui y a apporté des réponses très partielles, continuant d’entretenir le flou sur les principaux points soulevés par sa stratégie nucléaire.