Paris, le mercredi 22 avril 2009 : Dans l’affaire d’espionnage qui est maintenant relayée dans les principaux médias internationaux, les conseils légaux des bureaux anglais et allemands de Greenpeace ont entamé des démarches officielles ou légales vis-à-vis des filiales d’EDF dans leurs pays. Leur objectif : savoir si le système d’espionnage mis en place par EDF en France a également été utilisé dans leurs pays.
Les dernières révélations publiées par Médiapart le jeudi 16 avril laissent en effet à penser que l’intrusion dans le système informatique de Greenpeace s’est étendue à d’autres bureaux européens de l’organisation. L’activité d’espionnage qui a valu la mise en examen notamment du n°2 de la sécurité d’EDF -et qui met d’ores et déjà le groupe dans une très délicate posture- prendrait alors une dimension internationale.
Greenpeace UK a de son coté envoyé successivement deux demandes officielles à EDF Energy, filiale anglaise d’EDF, sans pour l’instant obtenir les garanties demandées.
Le bureau allemand a pour sa part demandé une déclaration d’engagement au distributeur d’électricité EnBW AG (dont EDF est actionnaire à 41,5% et gestionnaire). Selon cette procédure légale allemande, EnBW peut s’engager et déclarer officiellement qu’elle n’a pas utilisé de méthodes illégales pour obtenir des informations sur Greenpeace Allemagne. Un tel engagement, si l’entreprise l’accepte, est assorti d’une clause de pénalité de 500 000 Euros.
« En pratiquant des barbouzeries d’un autre âge, EDF nuit gravement à l’image de la France dans le monde. Qu’attendent le Président Sarkozy et le Ministre d’Etat Borloo pour y mettre fin ? », s’inquiète Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France.
« Ou bien les dirigeants d’EDF sont incompétents ou bien ils sont malhonnêtes ? Dans les deux cas, cela confirme nos inquiétudes ! »
Le n°1 de la sécurité du groupe EDF, Jean-Marc Sabathé, répondait à une interview dans Le Monde du lundi 20 avril. Et la ligne de défense adoptée dans le quotidien par le dirigeant prête parfois au ridicule. « Contrairement à ce que dit Jean-Marc Sabathé, les accusations ne viennent pas de Greenpeace, puisque notre organisation vient seulement de se constituer partie civile dans un dossier instruit depuis avril 2008, explique Pascal Husting, c’est un juge d’instruction qui a mis en examen les responsables d’EDF et de Kargus, et non pas Greenpeace. »
Depuis le début de cette affaire, la direction d’EDF tente de se faire passer pour une victime collatérale, d’abord de leur sous-traitant, l’officine Kargus Consultant, puis d’erreurs de procédures internes. Or, la collaboration d’EDF avec Kargus remonte à 2004. Et le dossier d’instruction contient deux contrats signés entre EDF et Kargus en 2004 et 2007, d’une valeur respective de 156.000 Euros et 47.000 Euros.
« Ou bien les dirigeants d’EDF sont incompétents et ne savent pas ce qui se passe dans leur entreprise. On peut dans ce cas fortement s’inquiéter de la façon dont sont gérés les 58 réacteurs nucléaires français. Ou bien ils sont malhonnêtes, ont des choses à cacher et tentent de faire porter le chapeau à de simples subalternes, ce qui nous pose d’aussi graves questions ? Que se passe-t-il lorsqu’un incident intervient comme à Tricastin l’an passé? Peut-on s’attendre à une information sincère et totale des citoyens? », s’interroge Pascal Husting.
Enfin, Greenpeace tient à rappeler son rôle de lanceur d’alerte et d’information du grand public. « A la différence de Monsieur Gadonneix et d’EDF, Greenpeace assume pleinement ses actes et n’a rien à cacher. A chaque fois que nos militants pénètrent sur un site nucléaire, ce sont les faces cachées du nucléaire que l’organisation tient à mettre en lumière : l’insécurité et le fiasco économique et environnemental de cette industrie » conclut Pascal Husting.