Comptes d’EDF : une sincérité plus que douteuse
EDF dissimule une grosse partie des coûts qu’elle devrait provisionner: entre 50 et 70 milliards d’euros pour le démantèlement et la gestion des déchets nucléaires. Par ailleurs, le fragile géant de l’énergie, qui persiste dans sa fuite en avant sur la prolongation des réacteurs, prétend dans son rapport semestriel de juin dernier pouvoir exploiter ses réacteurs jusqu’à 50 ans au lieu de 40. Une hypothèse loin d’être acquise pour l’ASN, gendarme du nucléaire en France.
Une plainte déposée au nom de l’intérêt général
Pourquoi mettons-nous en cause la sincérité des comptes de l’entreprise ? Pourquoi est-il important de lever le voile sur sa situation financière réelle ? Cette démarche va dans le sens de l’intérêt général. La situation financière d’EDF renvoie directement à la capacité de l’entreprise à investir dans la sûreté nucléaire.
Si l’entreprise n’a pas les moyens de sa politique nucléaire, a fortiori dans un contexte d’anomalies qui se multiplient sur le parc français, ce sont tout simplement des incidents plus nombreux qui nous attendent. La sûreté du nucléaire en France nous concerne tous.
En masquant la réalité de la situation financière extrêmement dégradée d’EDF, ce sont les actionnaires, les investisseurs mais aussi et surtout les citoyens français qui sont induits en erreur par EDF et son PDG Jean-Bernard Lévy. Avec cette plainte, c’est le régime d’exception dont profite EDF, notamment sur le terrain financier, qui est dénoncé.
EDF n’a plus les moyens de sa stratégie nucléaire
Nucléaire: la Cour des comptes s’inquiète pour les centrales EDF https://t.co/EQhJYPcR8L pic.twitter.com/vpJXUUyGj2
— L’Express (@LEXPRESS) 10 février 2016
Cette plainte s’inscrit dans la continuité de plusieurs alertes lancées par la Cour des comptes sur les coûts de production de l’électricité nucléaire. Nous ne sommes pas les seuls à le dire : à bien des égards, le parc nucléaire français est en bout de course.
Pendant ce temps, le PDG de l’entreprise, Jean-Bernard Lévy, a quant à lui attesté que les comptes publiés en juin dernier donnent une image fidèle de la situation d’EDF…
C’est donc également la responsabilité de la société et de ses dirigeants d’EDF qui est en cause. La stratégie nucléaire d’EDF est une impasse. Il est absurde que le groupe s’y accroche : il est même désormais établi que la fermeture des réacteurs lui serait bénéfique…
Il est temps que les autorités judiciaires se prononcent sur ces pratiques boursières frauduleuses. Fini les cachotteries et les petites affaires réglées entre amis de la grande famille du nucléaire français : la sûreté nucléaire nous concerne tous et la lumière doit être faite sur le sujet au plus vite.