Efficacité énergétique : consommer mieux pour consommer moins

Climat

Énergies renouvelables, sobriété et efficacité énergétiques constituent le triptyque indispensable de la transition énergétique et de la réduction drastique de nos émissions de gaz à effet de serre. Ces trois composantes sont nécessaires à une transition énergétique qui permettrait à la France de tenir l’engagement pris lors de la COP21 à Paris, à savoir limiter à 1,5°C l’élévation moyenne de la température du globe. Pourtant l’efficacité énergétique n’est toujours pas une priorité de nos politiques énergétiques.

En quoi consiste l’efficacité énergétique ?

L’efficacité énergétique, c’est faire mieux avec moins. Actuellement, nos appareils électriques, nos chauffages, nos voitures consomment trop. Ils ne sont pas pensés pour éviter le gaspillage. Ils sont conçus pour une société qui peut se permettre tous les excès. Une telle société n’est plus possible aujourd’hui. Nous devons absolument réduire notre consommation énergétique si nous voulons éviter un emballement climatique catastrophique.

L’efficacité répond à un autre enjeu d’importance : celui de mieux consommer pour donner accès à l’énergie à tous ceux qui, en France (avec quatre millions de foyers) et dans le monde n’ont pas accès à l’énergie nécessaire pour vivre dignement (hygiène, se chauffer, se déplacer, se soigner…).

Que faut-il faire pour être efficace ?

Il faut lutter contre toute consommation inutile et réfléchir en termes de performance énergétique. Cela signifie, entre autres :

  • Remplacer les ampoules à incandescence par des ampoules basse consommation.
  • S’équiper d’appareils électriques (téléviseurs, lave-linges, ordinateurs…) qui consomment moins d’énergie.
  • Renoncer au chauffage électrique dans les constructions neuves (le Danemark l’a fait il y a 20 ans) et rénover les bâtiments les moins performants.
  • Éteindre les appareils électriques au lieu de les laisser en veille.
  • Repenser notre politique de transports individuels et collectifs, sur terre et sur les fleuves et rivières (des véhicules moins gourmands en carburant, plus de ferroutage).
  • Revoir notre aménagement du territoire pour repenser les distances et favoriser les « déplacements doux » (déplacement à pied, en vélo, en roller ou trottinette…).

Et la sobriété ?

Ce sont nos choix au quotidien. Prendre le train de Paris plutôt que la voiture pour aller voir tati à Nice, marcher un km pour aller chercher les enfants au lieu de prendre la voiture, chauffer à 19 °C les pièces à vivre, fermer les volets le soir pour éviter le refroidissement des pièces, manger local, éteindre les lumières en sortant, etc. Tous ces comportements réduisent consommations et factures…

Comment promouvoir l’efficacité énergétique ?

Jusqu’à présent, la réglementation en matière d’efficacité énergétique a été insuffisante. Quelques mesures ont été prises pour les ampoules et l’étiquetage des appareils électriques, mais le gouvernement doit aller plus loin, être plus ambitieux.

Il faut imposer des normes aux industriels et faciliter l’accès de la majorité des consommateurs aux produits les moins gourmands en énergie (par des prêts à taux zéro, du cofinancement, etc…). Enfin, la chasse au gaspillage dans les bâtiments résidentiels et tertiaires doit devenir une priorité pour réduire la consommation et augmenter le confort et les usages, tout en maîtrisant les factures.

La France et l’Union européenne doivent rendre contraignant l’objectif qui vise à réaliser 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020. Cela exige notamment de limiter les émissions de CO2 des voitures (- de 80 g de CO2/km en 2020) et de fixer des seuils obligatoires de performance énergétique pour les appareils électriques. La France devra avoir diviser sa consommation d’énergie par deux d’ici à 2050 si elle veut contribuer efficacement à la lutte contre les dérèglements climatiques.

L’efficacité énergétique ne doit plus être le parent pauvre de notre politique énergétique.

Quels sont les bénéfices de l’efficacité énergétique ?

Une réelle politique d’efficacité énergétique nous permettra d’émettre moins de gaz à effet de serre, de réduire les risques nucléaires, de faire baisser la facture énergétique à tous les niveaux et d’importer moins de pétrole (jusqu’à ne plus en importer du tout lorsque le mix énergétique sera 100 % renouvelable).

Une telle politique créerait des centaines de milliers d’emplois en Europe avec la réhabilitation thermique des bâtiments, la fabrication de nouveaux matériaux de construction, le déploiement de transports collectifs, le développement de l’expertise et du conseil…

Lutter contre le gaspillage énergétique, ce n’est pas revenir à la bougie. C’est au contraire le meilleur moyen de conserver notre confort actuel tout en construisant une société 100 % énergies renouvelables. Ne rien faire, continuer comme si de rien n’était, serait par contre favoriser les dérèglements climatiques et prendre le risque de perdre définitivement ce confort d’ici quelques années.