Publié le 30 mars 2017
N’y allons pas par quatre chemins : pour Jacques Cheminade, “l’écologisme” n’est qu’une mode et un “obscurantisme infantilisant”. Malgré leurs oripeaux scientifiques, ses propositions pour l’environnement sont totalement en décalage non seulement avec les recommandations des chercheurs les plus sérieux mais aussi avec le quotidien de millions de personnes déjà impactées par le changement climatique . Selon lui, nous pouvons traiter les problèmes environnementaux grâce au progrès scientifique et au potentiel créatif de l’être humain. Mais sur quelle planète habite-t-il donc? Illustrations par l’exemple.
Energies : climato-scepticisme et défense du nucléaire, “un bien indispensable” (sic!)
On a eu beau cherché dans le programme du candidat, pas un mot sur le changement climatique, sur l’accord de Paris, et l’urgence de rester sous la barre des 1,5%. Pas étonnant donc que J. Cheminade soutienne un programme ambitieux d’extraction d’hydrocarbures dans les océans pour répondre aux besoins énergétiques croissants dans le monde. Les énergies renouvelables? Encore des “faits alternatifs” probablement pour le candidat : il propose un moratoire sur les subventions à ces énergies et prône un soutien inconditionnel au nucléaire. Le candidat n’a peut-être pas été informé que les ENR sont aujourd’hui largement plus compétitives que le nucléaire et bien moins dangereuses pour les humains et l’environnement.
Pour le candidat Cheminade, “l’atome et sa domestication seront au coeur des solutions optimales aux problèmes qui se posent” aujourd’hui. Il prône donc le soutien à la recherche tous azimuts pour le développement de réacteurs nouvelle génération (IV), d’EPR qualifiés de “NM” (nouveau modèle) nouveau modèle à déployer à Hinkley Point et partout en France en relais de nos réacteurs actuels.
Bien entendu, il n’est aucun besoin de fermer Fessenheim par exemple alors qu’il reconnaît le problème de gestion d’EDF et les anomalies découvertes sur de nombreuses pièces de réacteurs en France. La faute serait due uniquement à une mauvaise gestion par des actionnaires préoccupés par des dividendes à court terme.
Pas un mot non plus sur le risque nucléaire. A l’heure où on vient de rappeler le triste anniversaire des 6 ans de Fukushima, le candidat Cheminade conteste les nouvelles normes de sûreté “inutiles et chères” adoptées suite à cette tragédie et semble nier les milliers de déplacés ou encore le fait que le site japonais (tout comme celui de Tchernobyl) seront pollués pendant des dizaines d’années.
Il défend, la recherche sur le thorium. Il souhaite ainsi approfondir la recherche pour les réacteurs à sels fondus au thorium, une technologie pourtant loin d’être mature. Vieille lune des technophiles pro-nucléaires, le nucléaire au thorium n’est pas au point d’un point de vue théorique (en anglais) et génère aussi des déchets tout en comportant des risques d’accident.
Agriculture : lutter contre les prix bas mais aucun mot sur le bio ou le danger des pesticides
J. Cheminade veut défendre les agriculteurs contre la toute puissance de l’agro business et des distributeurs et il condamne de façon véhémente les dysfonctionnements de la PAC. Il semble oublier que le malaise n’est pas uniquement le fait de la concurrence, de la PAC et de la dérégulation des marchés. Pas un mot sur le changement nécessaire de modèle agricole et les conséquences d’une agriculture intensive et industrielle fortement consommatrice de pesticides. Pas un mot sur les effets néfastes sur notre santé et celle des agriculteurs. Pas un mot de soutien pour défendre l’agroécologie, l’agriculture écologique.
On peut se réjouir, en revanche, de son soutien aux circuits courts et de son rejet des traités de libre échange comme le Tafta ou le Ceta. On doute malheureusement que ce soit pour les mêmes raisons que nous (la lutte contre le changement climatique ou la protection des normes environnementales et sanitaires) car selon lui il faut au contraire “arrêter d’accumuler les normes et règlementations “écologiques” ou “climatiques”, formatées pour l’agrobusiness qui “livrent nos producteurs à la concurrence de pays plus laxistes”.