Dans un entretien publié aujourd’hui par le quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France le ministre de l’Écologie et du Développement durable Jean-Louis Borloo, annonce que le « malus » qui frappe les voitures qui émettent le plus de CO2 sera payé non plus seulement à l’achat des véhicules, mais tous les ans.
« Nous allons amplifier le bonus-malus. Le malus des véhicules extrêmement polluant sera payé non plus simplement à l’achat mais tous les ans », a déclaré Jean-Louis Borloo, en réponse aux critiques émises le 13 juin par le ministre du Budget dans les colonnes du quotidien économique Les Échos. En pleine crise sur le prix des carburants, Éric Woerth avait mis en cause ce dispositif, estimant qu’il allait coûter 200 millions d’euros à l’État.
« En annualisant la pénalité infligée aux voitures les plus polluantes, le gouvernement concrétise enfin l’une des demandes portées par Greenpeace lors du Grenelle de l’environnement, déclare Anne Valette, en charge de la campagne Climat à Greenpeace France. Mais la France, qui préside désormais l’Union européenne pour six mois, doit encore transformer cet essai : le système du bonus-malus reste un outil complémentaire. L’essentiel, c’est que l’Europe se dote d’une réglementation ambitieuse sur les émissions de CO2 des véhicules. »
Or, début juin, Nicolas Sarkozy a cédé à la pression de la chancelière allemande Angela Merkel, en acceptant un compromis, qui reflète davantage les intérêts des constructeurs automobiles européens, et en premier lieu allemands, que le souci de développer le marché des voitures efficaces. Cette position franco-allemande ne répond ni à l’enjeu climatique, ni à celui du pouvoir d’achat, ni à celui de la sécurité énergétique, et risque de vider de toute ambition la future réglementation sur les émissions de CO2 des voitures neuves.
« À l’heure où flambe le prix du pétrole et où il faut plus que jamais favoriser la mise sur le marché de véhicules qui émettent le moins de CO2 et consomment le moins de carburant, la France doit revenir sur cette position », conclut Anne Valette.
D’ici la fin de l’année, les autres États membres de l’UE ainsi que les députés européens examineront le projet de réglementation. Greenpeace les appelle à rejeter le déplorable compromis franco-allemand et soutenir un texte qui, pour être à la hauteur du défi climatique, doit notamment :
– limiter la moyenne des émissions à 120 g de CO2/km d’ici à 2012, et à 80 g/km d’ici à 2020 ;
– comprendre des pénalités immédiatement dissuasives (150 € pour chaque gramme de CO2 supplémentaire, pour chaque véhicule vendu), seule garantie que les constructeurs respecteront les nouvelles normes.