Ce rapport, commandé à deux chercheuses du laboratoire Sophiapol de l’université de Nanterre, s’attache à décrypter l’imaginaire dominant du voyage en faisant dialoguer deux corpus : les publicités du secteur aérien et les publications des principaux « influenceurs et influenceuses voyage» sur Instagram.
La première partie montre comment ces publicités travaillent à nous faire croire qu’un « vrai » voyage consiste à partir loin – généralement sur une plage paradisiaque -, et donc à prendre l’avion. Elles nous invitent à le faire le plus fréquemment possible, grâce à des prix d’appel anormalement bas, et à des promesses écologiques inconsistantes. Ce constat est peu surprenant : tant que ce type de publicités ne sera pas interdit, le secteur aérien fera tout son possible pour nous inciter à acheter des billets d’avion, aggravant de fait la crise climatique.
La seconde partie analyse comment les influenceurs voyage valorisent l’hypermobilité aérienne, au moyen d’une imagerie similaire aux publicités du secteur aérien. La notoriété d’un influenceur semble se mesurer davantage au nombre de pays qu’il a « faits » (même pour quelques jours) qu’à la richesse humaine de ses voyages ou à tout autre critère. Ces communications sont particulièrement efficaces grâce à la relation spéciale entretenue avec les abonné·es (dite « relation parasociale ») et la sensibilité à la « nature » de la majorité des influenceur·euses. Elles entretiennent la fausse idée selon laquelle voyager souvent en avion est compatible avec un mode de vie écologique.
En fin de rapport, Greenpeace formule des demandes politiques (loi Evin climat, rééquilibrage du prix des billets d’avion et de train, billet Interrail offert aux jeunes) visant à faire émerger un imaginaire de voyage plus compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique.
Des recommandations sont également adressées aux influenceurs qui aimeraient faire correspondre davantage leur ligne éditoriale avec leurs convictions écologiques.
A TELECHARGER | En mode avion, l’emprise de la publicité et des influenceurs sur nos imaginaires du voyage