Greenpeace soutient la démarche des élus locaux et des associations.
Paris / Saint-Lô – 2 juin 2009, le préfet de la Manche, lance aujourd’hui, dans un climat tendu, l’enquête publique sur le projet de ligne à Très Haute Tension « Cotentin-Maine ». Ce projet de ligne à 400.000 volts, d’une distance de 150km, qui doit relier la commune de Beaulieu-sur Oudon (Mayenne) à Saint-Sébastien de Raids (Manche), est la conséquence directe de la construction du réacteur de type EPR sur le site de Flamanville dans la Manche.
EPR et THT: des projets inutiles et couteux
Pour Greenpeace ces deux projets sont aberrants. « L’industrie voudrait faire croire que le nucléaire est la solution à la crise énergétique et à l’urgence climatique, alors que l’énergie d’origine nucléaire est une énergie marginale au niveau mondial. Se faisant elle empêche le développement des vrais solutions: sobriété, efficacité et système de production décentralisé basé sur les énergies renouvelables ! La France, avec ses 58 réacteurs en service et ses centaines de milliers de kilomètre de lignes à THT, n’a ni besoin d’une nouvelle centrale ni d’une nouvelle ligne » déclare Laura Hameaux, chargée des questions énergétiques à Greenpeace France.
« L’industrie nucléaire et les autorités qui la soutiennent oublient également l’impact et le risque liés à ce type d’ouvrages. Accident, déchets et prolifération pour le nucléaire. Nuisances, problèmes de santé et atteinte à l’environnement et aux écosystèmes pour les THT. »
Les élus locaux, rassemblés en collectif sont toujours plus nombreux à s’opposer au projet. 39 maires ont pris un arrêté contre la ligne et 45 ont rendu un avis négatif à l’organisation de l’enquête publique, soit 80 % des avis exprimés. Le 21 mai, ils demandaient au préfet de reporter l’enquête publique.
Leur demande étant restée sans réponse et le registre d’enquête ayant été déposé en mairie par les autorités, 12 d’entre eux se sont rassemblés à la préfecture de Saint-Lô, vendredi dernier, afin de rapporter les registres d’enquête. Le préfet a refusé de recevoir les élus et les a laissé à la porte de la préfecture !
Samedi matin, ils recevaient un recommandé en mairie, invoquant l’article L 2122-34 qui précise que, dans le cas ou le maire néglige de faire un acte prescrit par la loi, le représentant de l’état peut, après l’y avoir requis, y procéder d’office par lui même ou un délégué spécial. Dimanche, la gendarmerie leur demandait de reprendre les registres, ceux que les maires de Boisyvon, Buais et du Chefresne ont d’ores et déjà refusé.
De leur côté, les associations locales, les collectifs départementaux et la Coordination Interrégionale STOP-THT se mobilisent également. Afin de dénoncer ce simulacre de démocratie, elles lancent dès aujourd’hui une contre enquête publique et une grande campagne d’information. Les militants se déplaceront de villages en villages, avec une exposition mobile, rencontreront les habitants en leur proposant d’inscrire leurs observations sur le « registre citoyen STOP-THT » et iront interroger les riverains impactés directement à leur domicile. Ce contre registre sera ensuite remis au MEEDATT, la décision finale incombant au ministre en charge de l’énergie.
Greenpeace soutient les démarches des élus locaux et des associations et dénonce ces projets couteux, inutiles et dangereux.
EPR : le fiasco continue
Il n’est pas trop tard, le décret d’autorisation de l’EPR peut toujours être abrogé. En effet, à l’instar du chantier d’Olkiluoto 3, en Finlande, celui de Flamanville est un véritable fiasco. En plus des malfaçons dans la qualité du liner et du béton, l’ASN avait constaté, à l’automne, un écart dans le respect des procédures de réalisation de trois pièces forgées sous-traitées par AREVA NP et destinées au pressuriseur. Elle lui avait demandé, le 24 octobre 2008, d’apporter la démonstration de la conformité des pièces produites jusqu’ici par son prestataire. AREVA n’ayant pas apporté de preuves suffisantes sur la qualité d’une de ces pièces, l’ASN vient de la refuser.
Greenpeace réitère sa demande d’arrêt du programme EPR, et notamment du chantier de Flamanville et demande au ministère de ne pas délivrer le décret déclarant d’utilité publique le projet de THT.