Quels sont les impacts des mesures environnementales européennes dans notre vie quotidienne ?
C’est le traité de Maastricht, adopté en 1992, qui a fait de l’environnement un domaine d’action officiel de l’Union européenne (UE). Depuis, de nombreuses mesures ont permis, dans de multiples domaines, d’améliorer la protection de l’environnement et de notre santé, avec des retombées concrètes dans notre vie quotidienne notamment sur :
- 🌍 Notre climat et l’air que nous respirons
L’UE s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, de diminuer d’au moins 57 % ses émissions de gaz à effet de serre, de porter la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique globale à 42,5 % d’ici 2030 et d’interdire la vente des voitures neuves à essence et diesel d’ici à 2035. Ces mesures visent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et donc à lutter contre le changement climatique. Par ailleurs, elle compte renforcer les normes sur la qualité de l’air. afin de préserver notre santé en réduisant la pollution atmosphérique et notre exposition aux particules fines.
- 🥗 Ce que nous mangeons
La politique environnementale européenne repose sur le principe de précaution, qui permet de retirer de la circulation un produit qui peut avoir des effets dangereux même s’ils n’ont pas encore été prouvés. Et c’est assez unique ! Aux États-Unis par exemple, un produit peut circuler tant que sa nocivité n’a pas été prouvée ! Ce principe a notamment permis aux États membres qui le souhaitaient d’interdire la culture d’OGM sur leur territoire.
🥛 L’UE vise à préserver aussi ce que nous buvons, en fixant des normes pour la qualité de l’eau de façon à prévenir sa pollution, notamment aux nitrates. Elle oblige ainsi les États membres à désigner des zones vulnérables, qui alimentent des eaux polluées ou susceptibles de l’être, et à établir des programmes d’action obligatoires pour ces zones.
- 🗑 Ce que nous jetons
La gestion de nos déchets est réglementée par l’UE. Elle a interdit la vente de plastiques à usage unique (couverts, pailles, cotons-tiges, bâtonnets), ainsi que l’exportation des déchets plastiques vers les pays hors OCDE.
L’UE agit aussi contre le gaspillage alimentaire.
- 🛒 Les produits que nous consommons
L’UE contrôle également la fabrication, l’importation et l’utilisation des produits chimiques et des substances dangereuses. Via le règlement connu sous le nom de “Reach”, elle interdit certaines substances nocives et réduit la pollution toxique pour préserver notre santé et l’environnement. Par exemple, en 2015, elle a interdit l’importation de marchandises contenant des NPE, des composés toxiques surtout utilisés dans l’industrie textile qui polluent durablement l’environnement et sont considérés comme des perturbateurs endocriniens.
- 💡 Notre consommation énergétique
En prévoyant de réduire nos importations de gaz fossile et de pétrole, la politique européenne vise à renforcer notre indépendance énergétique. Pour ce faire, elle mise sur le déploiement des énergies renouvelables, qui permettra de créer de nombreux emplois dans ce secteur mais aussi de nous protéger de la volatilité des prix des énergies fossiles, moteur de l’inflation. Elle aide aussi les territoires dans cette transition : la France a bénéficié à ce titre d’une aide de 937 millions d’euros.
Fin 2022, l’UE a mis en place une taxe temporaire sur les superprofits réalisés par les géants de l’énergie, dont l’argent est redistribué aux ménages et entreprises qui souffrent de l’explosion des prix de l’énergie.
- ⛰ La nature qui nous entoure
L’Europe a aussi déployé le plus vaste réseau de sites protégés au monde, les sites Natura 2000 pour préserver la biodiversité et assurer la survie sur le long terme d’espèces et d’habitats particulièrement menacés. Ces sites représentent aujourd’hui 18 % de la surface terrestre de l’UE.
🌊 Les initiatives de protection s’étendent aussi en mer : environ 7 % des eaux européennes (hors territoires d’outre-mer) bénéficient du statut d’AMP via Natura 2000 (chiffres 2020). L’Union européenne coordonne aussi la préservation des ressources marines en encadrant l’accès aux eaux, aux quotas de pêche et aux techniques utilisées. Ainsi, elle a interdit dans ses eaux la pêche électrique, particulièrement dangereuse pour les ressources halieutiques et la vie marine, en juillet 2021.
🏞L’ Union européenne lutte aussi contre la déforestation à l’échelle mondiale : en décembre 2022, elle a adopté un règlement visant à mettre fin à la commercialisation en Europe de produits issus de la déforestation. C’est la première fois qu’une législation interdit la commercialisation de produits résultant de la destruction des forêts. Ce règlement concerne les produits issus de l’élevage bovin, le cacao, le café, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja et le bois.
Ces acquis, pourtant fragiles ou incomplets, sont menacés
En 2019, à l’issue des précédentes élections marquées par une forte poussée des partis écologistes, l’Union européenne a adopté le Pacte vert (ou Green Deal), qui trace les grandes lignes de la feuille de route de la transition écologique. Bien que perfectible à de multiples égards, le Pacte Vert européen est à ce jour le plan le plus ambitieux jamais adopté pour le climat et devrait permettre à l’Europe de devenir le « premier continent à atteindre la neutralité climatique au plus tard en 2050 ». Il a aussi vocation à protéger notre santé, nos emplois, notre pouvoir d’achat et notre souveraineté énergétique et alimentaire.
L’épidémie de covid, la guerre en Ukraine et la crise agricole sont venus détourner l’attention des ambitions climatiques et environnementales européennes et, à l’approche des élections de juin, certains gouvernements et partis politiques se sont mis à vouloir détricoter les règles environnementales, accusées de tous les maux, nous faisant croire qu’on pouvait mettre « en pause »le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, et retourner dans le monde d’avant comme si de rien n’était.
Ainsi, la révision de la réglementation Reach sur les produits chimiques, qui devait interdire ou restreindre considérablement l’utilisation de nombreux produits chimiques dangereux présents dans de nombreux produits de consommation (notamment les jouets) a été reportée sine die. L’adoption de la loi sur la restauration de la nature, qui prévoit notamment la restauration d’au moins 20 % des terres et des mers de l’UE d’ici à 2030 et de tous les écosystèmes dégradés d’ici à 2050, a été bloquée par le gouvernement d’extrême droite hongrois. Ces régressions européennes font écho à des régressions à l’échelle de certains États membres, dont la France.
Mais c’est surtout l’agriculture qui a fait les frais de ce détricotage : de la réautorisation du glyphosate à l’offensive des nouveaux OGM, en passant par le récent sabotage de la Politique agricole commune (PAC), les mesures visant à protéger l’environnement et le climat, mais aussi notre santé et celle des agriculteur·trices, ont été minutieusement torpillées sur l’autel du profit et d’une vision court-termiste.
Quelle Europe voulons-nous ?
À l’heure où tous les voyants climatiques sont au rouge et où les experts nous mettent en garde aussi contre les conséquences économiques à terme de notre inaction climatique, ces coups de canif portés aux mesures environnementales sont en réalité en train de scier la branche sur laquelle nous sommes tous et toutes assis.
Ces élections sont l’occasion pour les citoyens et citoyennes de montrer qu’ils ne sont pas dupes : ce n’est pas en fermant les yeux sur un problème qu’on le fera disparaître, encore moins en revenant en arrière sur les avancées obtenues.
Des progrès peuvent et doivent être réalisés dans l’ensemble des domaines que nous avons cités : nous devons pouvoir respirer un air qui ne met pas en danger le climat ni nos poumons, manger plus sainement tout en garantissant un revenu décent au monde paysan, boire une eau qui n’est pas polluée, acheter des produits exempts de matière toxiques, préserver les espaces naturels sur terre comme en mer, taxer davantage les superprofits pour redistribuer plus équitablement, aider les ménages les plus en difficulté et financer la transition écologique (transports, logements…). La composition du futur Parlement européen dépend de votre mobilisation… Ce n’est qu’à l’échelle européenne que nous pourrons construire une société apaisée, protectrice des droits fondamentaux et respectueuse de l’environnement.
Pour aller plus loin :
Sur le site de l’Observatoire climat, vous pouvez voir comment les groupes politiques ont voté au Parlement européen lors de la dernière mandature (2019-2024) concernant les grandes législations climatiques. Sans surprise, Renew Europe (Renaissance, Mouvement démocrate, Horizons), le Parti populaire européen (les Républicains et les Centristes) et Identité et démocratie (RN et Reconquête) arrivent en bas du tableau.