Ce mercredi 5 janvier, TotalEnergies révèle ses résultats financiers de l’année 2024 : 15.8 milliards de dollars de bénéfice net (15.2 milliards d’euros), et environ 15.7 milliards de dollars qui ont bénéficié aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d’actions. Greenpeace France dénonce l’indécente lucrativité de la multinationale française, dont l’essentiel des activités reste basé sur l’extraction fossile, et qui fait fi de sa responsabilité climatique ainsi que des dommages environnementaux et sociaux qu’elle entraîne.
Pour Sarah Cleaver, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France : “Ces résultats annuels démontrent la cupidité sans limite des entreprises polluantes comme TotalEnergies. Faute de politiques publiques ambitieuses pour réglementer le secteur, TotalEnergies continue de miser sur les énergies fossiles et met en péril nos conditions de vie sur Terre pour maximiser sa profitabilité et rémunérer ses actionnaires.”
“Cyclone Chido, méga-feux à Los Angeles, inondations en Bretagne… Pas une semaine ne passe sans qu’un événement climatique extrême n’impacte gravement les populations. Les sinistré·es le paient de leur poche et parfois même de leur vie. En tant que principale responsable de la crise climatique, l’industrie pétro-gazière doit payer pour les dommages qu’elle cause autant que pour la transition énergétique à mener”, ajoute-t-elle.
Derrière les discours verdissants, ces chiffres annuels confirment la perpétuation du modèle climaticide de l’entreprise. La production d’énergie à partir d’hydrocarbures (pétrole et gaz) continue de représenter près de 97.4 % de la production d’énergie globale de TotalEnergies. Pour rappel, d’après le GIEC, l’industrie des énergies fossiles est responsable de 86 % des émissions de CO₂ dans le monde. Les entreprises pétro-gazières ont conscience depuis des décennies de leur responsabilité dans les changements climatiques. Après avoir tenté de le cacher, voire de le nier, elles continuent de jouer la montre pour retarder toute transition et maximiser leurs profits à court-terme. Elles continuent donc d’investir pour extraire toujours plus et vendre leurs produits polluants, à rebours des recommandations de la communauté scientifique.
Pour Greenpeace France, il est grand temps que cette industrie rende des comptes sur ses activités mortifères et paie pour les dégâts qu’elle cause dans le monde entier. “En France, la crise climatique entraîne déjà des catastrophes plus fréquentes et intenses, dont les plus précaires sont les premières victimes. Les coûts engendrés pèsent lourds sur l’économie du pays et installent une crise assurantielle préoccupante. Dans certaines zones, collectivités comme particuliers ne parviennent plus à couvrir leurs biens”, précise Sarah Cleaver[1].
Greenpeace France appelle donc le gouvernement à mesurer l’urgence de la situation, et à mettre cette industrie à contribution[2]. L’ONG regrette que les récentes discussions sur le projet de loi de finances n’aient abouti à aucune avancée significative en ce sens[3]. Des financements doivent être trouvés pour la transition écologique et les politiques d’adaptation, mais aussi pour prendre en charge les dommages causés par la crise climatique, aux niveaux national (responsabilisation des entreprises polluantes face aux pertes et dommages climatiques, taxe sur les superprofits accumulés par l’industrie pétrogazière) comme international (à l’image du projet de Climate Damages Tax[4]).
Face à la crise climatique, Greenpeace France rappelle la nécessité de renoncer à tout nouveau projet d’infrastructure fossile, de contraindre l’industrie fossile à se mettre en cohérence avec l’accord de Paris, et d’engager une planification ambitieuse pour une transition écologique socialement juste. À l’approche de la COP30, alors que la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le financement de l’action climatique et des pertes et dommages seront au cœur des discussions, le gouvernement doit enfin prendre ses responsabilités.
[1] En France, selon FranceAssureurs, le coût assurantiel des catastrophes climatiques était estimé à 10 milliards d’euros en 2022 et à 6,5 milliards d’euros en 2023. https://www.franceassureurs.fr/wp-content/uploads/2024-03-26-slides-cdp-complete-vdef.pdf
[2] Sur ce sujet, voir notre rapport “Évènements climatiques extrêmes : qui doit payer la facture ?” (octobre 2024). https://www.greenpeace.fr/espace-presse/rapport-evenements-climatiques-extremes-qui-doit-payer-la-facture/
[3] Communiqué de Greenpeace France, “Projet de loi de finances : un bloc gouvernemental rétrograde épargne encore les pollueurs” (31 janvier 2025). https://www.greenpeace.fr/espace-presse/projet-de-loi-de-finances-un-bloc-gouvernemental-retrograde-epargne-encore-les-pollueurs/
[4] “The Climate Damages Tax : A guide to what it is and how it works” (avril 2024). https://www.greenpeace.org.uk/news/taxing-fossil-fuel-giants-could-raise-720-bn-by-2030-to-help-worlds-poorest-with-climate-damages-new-report-finds/