À Bali, Jean-Louis Borloo doit sortir le grand jeu
Au lendemain de l’arrivée à Bali de Jean-Louis Borloo, et à la veille de son discours devant les Nations unies, Greenpeace France et le Réseau Action Climat-France (Rac-F) font part de leurs attentes à l’égard du ministre français de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables.
Demain s’ouvre le segment de haut niveau de l’Onu. Fini le temps des discussions : les gouvernements doivent jouer carte sur table, notamment l’Union européenne (UE), qui doit sortir du rôle de médiateur qu’elle a principalement joué jusqu’à présent. L’UE doit afficher son leadership et garder comme fil rouge de son action l’objectif de maintenir l’augmentation des températures en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle.
L’UE doit aussi réaffirmer les engagements pris à Vienne en août dernier :
– la nécessité de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050 ;
– l’engagement des pays industrialisés de réduire de 25 à 40 % leur émissions d’ici à 2020, et d’au moins 80 % d’ici à 2050, par rapport aux niveaux de 1990 ;
– la nécessité que les émissions de gaz à effet de serre (GES) atteignent leur maximum dans les dix à quinze prochaines années pour décliner ensuite.
« À l’heure où la connaissance scientifique ne fait plus de doute et où l’opinion publique est plus que jamais en attente de réponses concrètes, Jean-Louis Borloo doit sortir la France de sa discrétion et concrétiser l’ambition affichée lors du Grenelle de l’environnement, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. Il n’y a qu’un seul message fort possible pour la France : s’engager à réduire de 30 % ses émissions d’ici à 2020. Afficher un objectif inférieur, ce serait être petit joueur. »
Durant les deux journées de réunions bilatérales, les associations attendent de Jean-Louis Borloo qu’il travaille à une collaboration renforcée à l’égard des pays du G 77 et de la Chine en particulier, tout en incluant l’Australie et le Japon.
« En se déclarant prête à s’engager davantage dans la lutte contre les changements climatiques à partir de 2012, à condition que les pays industrialisés fournissent une aide financière et technologique, la Chine tend la main, affirme Morgane Créach, chargée de mission International du Rac-F. La France et l’Europe doivent saisir cette opportunité et assumer pleinement la dette qu’ils ont contractée à l’égard des pays en développement. »
À Jean-Louis Borloo également de transformer l’essai réalisé jusqu’ici à Bali sur :
– de nouveaux financements pour l’adaptation, mécanisme destiné à aider pays les plus vulnérables à faire face aux impacts des changements climatiques ;
– le transfert de technologies des pays du nord vers les pays du sud ;
– la prise en compte des émissions de GES provenant de la déforestation et la dégradation des forêts tropicales.
« Dérogeant à la tradition française, le ministre affirme ne pas avoir la possibilité de recevoir les associations de défense de l’environnement avant son discours devant l’Onu, déplore Pascal Husting. Espérons qu’il recevra tout de même notre message. »