Après avoir interrompu la cérémonie d’ouverture du festival international de la « créativité » le 20 juin, Greenpeace vient de perturber un événement organisé par le groupe WPP. Géant des groupes publicitaires, WPP travaille régulièrement pour des entreprises climaticides telles que Shell, Exxon, Chevron et BP.
Cet après-midi, une quarantaine d’activistes de Greenpeace France sont arrivés en kayak, depuis la mer pour interpeller les participants sur leur responsabilité dans la crise climatique en cours.
Voir les photos et vidéos de l’action à cette adresse : https://media.greenpeace.org/shoot/27MDHUHZMU8L
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https://media.greenpeace.org/collection/27MDHUHZC2UG
L’industrie fossile mise à l’honneur lors des Cannes Lions : « This is fine », tout va bien.
Les activistes de Greenpeace sont arrivés depuis la mer en kayak et ont envahi la plage où s’étaient réunis des professionnels de la publicité et de l’industrie fossile climaticide. Certains activistes portaient des pancartes « interdisons les pubs fossiles », d’autres étaient déguisés en chien – celui du célèbre mème « This is fine » [1] – pour dénoncer le déni et la complicité des agences de pub travaillant pour l’industrie fossile, malgré l’urgence climatique.
Le groupe WPP travaille régulièrement pour des majors pétrolières et gazières telles que Shell, Exxon, Chevron ou encore BP. Il a malgré tout largement communiqué sur son « ambition » d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025… sans se poser la question de sa responsabilité dans l’impact carbone de ses clients. Or, selon Clean Creatives, l’empreinte carbone des entreprises issues de l’industrie fossile clientes de WPP est 423 fois plus importante que les activités du groupe.
« Nous venons de vivre la canicule la plus précoce jamais observée en France ; le climat s’emballe, les alertes des scientifiques se multiplient et les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus fréquents… mais les agences publicitaires continuent à travailler et promouvoir l’industrie fossile, responsable de 86% des émissions mondiales de CO2, comme si de rien n’était », dénonce Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France.
C’est la troisième journée d’action aux Cannes Lions pour Greenpeace, qui est présente depuis le début du festival. Après avoir interrompu la cérémonie d’ouverture, l’ONG a organisé une projection de nuit, listant les prix reçus par les entreprises des biens et services fossiles depuis l’année de l’Accord de Paris. Elle a également mené une action de collage dans la ville pour afficher le célèbre mème « This is fine », accompagné du message « No awards on a dead planet » [2].
L’interdiction des publicités fossiles, mesure cruciale dans la lutte contre le changement climatique
Chacune des campagnes de publicité des entreprises fossiles aggrave le changement climatique, que ce soit en détournant l’attention du public, en donnant envie de consommer des produits nocifs pour le climat, en promouvant de fausses solutions à la crise climatique, en participant au greenwashing des plus gros pollueurs…
Dans son dernier rapport, le GIEC a identifié ces stratégies de communication comme un obstacle à l’action climatique, tandis que plus de 450 scientifiques ont signé une lettre appelant les agences de relations publiques et de publicité à cesser de travailler avec les entreprises de biens et services fossiles.
Face à l’urgence climatique et malgré les beaux discours, le passage à l’acte du secteur de la publicité et de la communication est trop lent, trop rare [3]. C’est pourquoi Greenpeace milite, avec 40 organisations, pour une interdiction à l’échelle européenne des publicités, partenariats et mécénats pour les entreprises vendant des biens et services fossiles. Cette initiative citoyenne européenne est une occasion unique de réduire l’emprise de l’industrie fossile sur la société : une fois l’objectif du million de signataires atteint, la Commission européenne sera contrainte d’examiner la demande des citoyennes et citoyens européens.
« La désinformation et le greenwashing des entreprises vendant des biens et services fossiles ne sont plus tenables. L’Union européenne a déjà interdit la publicité pour l’industrie du tabac, il est temps d’en faire de même pour l’industrie des énergies fossiles, qui détruit à la fois la santé, la biodiversité et le climat », conclut Edina Ifticene.
[1] « Tout va bien », en français. Ce mème, représentant un chien buvant sereinement son café au milieu de sa maison en feu, est généralement utilisé pour pointer du doigt le déni face à des situations dramatiques, à l’instar de la crise climatique.
[2] En français, « Pas de prix sur une planète morte », en référence au festival de la publicité qui se tient actuellement à Cannes et récompense chaque année de nombreuses campagnes publicitaires, incluant les campagnes de criminels climatiques comme les entreprises pétrolières et gazières, les constructeurs automobiles ou encore les compagnies aériennes.
[3] Des créatifs ont déjà franchi le cap, à l’image du mouvement « Clean Creatives » rassemblant les professionnels du secteur qui se sont engagés à ne plus travailler pour l’industrie des biens et services fossiles.