Greenpeace rappelle son soutien aux agriculteurs et exige du gouvernement un cap ambitieux et juste
Ce matin, une trentaine de militant.e.s et activistes de Greenpeace France se sont mobilisé.e.s aux abords de l’Assemblée nationale. Ils ont déployé une grande banderole de 20 mètres de long portant le message ‘Soutien aux agriculteurs – Stop accords libre-échange’ sur le pont de la Concorde, ainsi que d’autres, plus petites, indiquant ‘Nourrir le monde, pas les profits’, ‘Agriculture : 60 ans de fausses solutions’, ou encore ‘L’agrobusiness se gave’. En amont du discours de politique générale du Premier ministre Gabriel Attal, prévu demain, et alors que de nouvelles mesures sont attendues pour répondre à la crise agricole, Greenpeace France réitère son soutien aux agriculteurs et agricultrices mobilisé.e.s partout en France, et exige du gouvernement un cap ambitieux et juste pour la transition agroécologique.
📷 Photos de l’action à télécharger ici / crédits photo @ Emeric Folhen 📷
“La colère des agriculteurs et agricultrices est juste et légitime et nous la partageons”, déclare Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne agriculture et alimentation chez Greenpeace France. Cependant, alors que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appellent à un blocage de la capitale ce jour, Greenpeace rappelle que la vision de l’agriculture ultra intensive portée par ces deux syndicats, qui sont loin de représenter l’intégralité des agriculteurs mobilisés, n’est pas une réponse à la crise. “Ce n’est ni en revoyant à la baisse les ambitions environnementales, ni en faisant la promotion des pesticides, des OGM et de l’hyper industrialisation des systèmes de production que nous pourrons sortir de la crise profonde et structurelle qui s’exprime aujourd’hui”, insiste Sandy Olivar Calvo.
Mettre fin aux accords de libre-échange
Pour adresser la question cruciale des revenus agricoles, le nouveau gouvernement doit s’engager immédiatement à mettre fin aux négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur – ce qui est très différent d’une opposition sur le traité “en l’état” déjà exprimée à maintes reprises par le Président de la République et simplement rappelée vendredi par le Premier ministre -, instaurer un moratoire sur tous les autres accords commerciaux en cours de négociation, et réexaminer tous les accords en vigueur. Ces accords de libre-échange mettent en concurrence les agriculteurs au lieu de les protéger, aggravent leur paupérisation, en France comme dans les pays du Sud, et accentuent la crise climatique et environnementale.
Afin de garantir des conditions de vie dignes à toutes celles et ceux qui nous nourrissent, Greenpeace soutient les demandes exprimées par les agriculteurs sur la nécessité de mettre en place des prix planchers, c’est-à-dire l’interdiction de la vente de produits agricoles en dessous des prix de revient, l’instauration de prix minimum d’entrée des produits importés, en particulier pour les filières les plus en difficulté, et l’encadrement strict des marges des intermédiaires, notamment de la grande distribution.
En outre, l’annonce vendredi d’une annulation de la hausse des taxes sur le gazole non routier (GNR), alors que dans un contexte d’urgence climatique, les subventions directes ou indirectes aux énergies fossiles vont devoir disparaître, n’est qu’un palliatif bien insuffisant, loin de répondre à l’enjeu des revenus.
Quant aux normes environnementales, il convient de rappeler quelques éléments essentiels : les agriculteurs et agricultrices sont parmi les principales victimes du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Ce ne sont pas elles qui doivent être mises en cause mais l’incapacité des gouvernements successifs à accompagner la transition du modèle agro-industriel vers un modèle agroécologique. L’écologie contribue à assurer la pérennité et la résilience de l’agriculture sur le long terme et ainsi assurer la durabilité de notre système alimentaire tout en garantissant le droit à une alimentation saine pour l’ensemble de la population. En ce sens, la proposition du Premier ministre cherchant à limiter et entraver les recours juridiques pouvant être portés par des riverains ou des associations sur des projets tels que les projets de méga-bassines ou les projets d’installation ou d’extension de fermes-usines est absolument irresponsable et contre-productive. Tout comme les revendications portant sur les pesticides les plus toxiques ou la suppression des jachères.
“La crise agricole actuelle est la conséquence directe des politiques agricoles et commerciales menées depuis des années, par les gouvernements successifs main dans la main avec la FNSEA, qui ont entraîné l’appauvrissement d’une partie du monde agricole et la dépendance aux grandes industries de l’agroalimentaire et de la distribution”, rappelle Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne agriculture et alimentation chez Greenpeace France. “Nous voulons des réponses concrètes du gouvernement, bien plus ambitieuses que les mesures annoncées vendredi. Le gouvernement doit complètement changer de braquet. L’agriculture française a besoin d’une totale révolution, axée sur la transition agroécologique, afin de garantir des conditions et des revenus permettant aux agriculteurs de vivre dignement tout en préservant les écosystèmes nécessaires à leur survie”.