Dans le port d’Amsterdam depuis près de 10 heures, 60 activistes venus de toute l’Europe bloquent le Crimson Ace, un méga-cargo transportant 60 millions de kilos de soja en provenance du Brésil. Leur objectif : exiger une loi européenne plus ambitieuse pour lutter contre la déforestation. Les activistes ont bloqué les grilles que le cargo de plus de 225 mètres de long doit franchir pour entrer dans le port. Les Pays-Bas sont la principale porte d’entrée des marchandises en Europe, notamment le soja qui est massivement importé d’Amérique du Sud pour nourrir nos animaux d’élevage, et dont la culture est souvent liée à la destruction d’écosystèmes et à des violations des droits humains.
“Ce cargo transportant à son bord des dizaines de milliers de tonnes de soja brésilien est une illustration criante de l’aberration du modèle européen de consommation et de production agricole, déclare Clara Jamart, responsable de la campagne Agriculture à Greenpeace France. Chaque année, des centaines de cargos arrivent dans nos ports chargés de soja pour nourrir nos animaux, sans garantie que la culture de ce soja n’a pas contribué à la déforestation. En continuant à importer des matières premières en fermant les yeux sur l’impact de leur production, l’Europe partage la responsabilité des incendies au Brésil. Il est temps que cette complicité cesse ! Nous nous mobiliserons tant que les ministres de l’Union européenne ne se seront pas engagés publiquement à revoir le projet de loi en discussion pour lutter contre la destruction des forêts.”
Des activistes de 16 pays ainsi que des responsables de communautés autochtones du Brésil participent à la manifestation pacifique devant la porte maritime d’IJmuiden. Des grimpeurs bloquent les portes de l’écluse et ont accroché une banderole sur laquelle on peut lire « EU: Stop nature destruction now ». Sur l’eau, des activistes à bord de canots pneumatiques portent des banderoles dans leur langue. De grands cubes gonflables flottent sur l’eau devant les portes de l’écluse, affichant le message « Protect Nature » et le nom de dizaines de milliers de personnes de six pays différents qui soutiennent la manifestation. Les leaders autochtones se joignent à la manifestation depuis le Beluga II, le voilier de 33 mètres de long de Greenpeace. Sur une banderole suspendue entre les mâts du voilier, on peut lire « EU: Stop nature destruction now ».
« Nous avons été chassés de nos terres et nos rivières ont été empoisonnées, tout cela pour l’expansion de l’agrobusiness, dénonce Alberto Terena, chef du peuple Terena dans l’État du Mato Grosso do Sul. L’Europe partage la responsabilité de la destruction de nos foyers. Mais la législation peut aider à stopper ces destructions. Nous appelons les ministres à saisir cette opportunité, non seulement pour garantir les droits des peuples autochtones mais aussi pour l’avenir de la planète. La production de nourriture pour vos élevages industriels et le bœuf importé ne doivent plus engendrer de la souffrance pour nos peuples. »
Une nouvelle loi européenne
Greenpeace exige une nouvelle loi européenne solide pour garantir la traçabilité des marchandises susceptibles d’être liées à la destruction d’écosystèmes et à des violations des droits humains. Cette loi doit protéger les forêts mais aussi les autres écosystèmes naturels, comme la savane du Cerrado, au Brésil, qui disparaît à cause de l’expansion de la production de soja. Elle doit également s’appliquer à tous les produits qui mettent en danger l’environnement et garantir le respect des droits humains reconnus au niveau international, et notamment la protection des terres des peuples autochtones.
Les ministres de l’environnement des 27 pays de l’Union européenne se réuniront le 28 juin pour discuter du projet de loi contre la déforestation.