Ce matin, une vingtaine d’activistes de Greenpeace France occupent l’esplanade du Louvre à Paris pour dénoncer le partenariat entre le musée du Louvre et la multinationale TotalEnergies. Ils ont notamment déployé une banderole géante de 27x6m portant le message « Climat : Total criminel, le Louvre complice ».
Ce lundi 4 octobre, Greenpeace a lancé une initiative citoyenne européenne pour mettre fin aux publicités, partenariats et mécénats pour toutes les entreprises vendant des biens et services fossiles.
Une action pour dénoncer la complicité du Louvre dans l’activité climaticide de TotalEnergies
Plusieurs activistes se trouvent devant la pyramide du Louvre avec des banderoles « Faisons une loi pour un monde sans pétrole » ou encore « Ban fossil fuel propaganda ». Ils ont érigé un faux derrick de 8 mètres de haut crachant une fumée noire non toxique pour symboliser l’implantation de la multinationale pétrolière et gazière au sein du musée. Plus loin, 10 activistes ont déployé sur le bâtiment du Louvre une bannière « Climat : Total criminel, le Louvre complice ».
« Nous sommes ici aujourd’hui car les partenariats avec les entreprises responsables du changement climatique, comme Total, ne sont plus acceptables. Les publicités teintées de vert, le sponsoring sportif et le mécénat culturel sont un écran de fumée dressé par les entreprises fossiles. Derrière lui, elles continuent leurs activités destructrices dans le pétrole et développent leurs investissements dans le gaz, dont l’impact climatique est tout aussi catastrophique. Les institutions culturelles telles que le Louvre ont un devoir d’exemplarité vis-à-vis de la société. Comment peuvent-elles rester silencieuses ? », déclare Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole à Greenpeace France.
Des photos et vidéos de l’action seront disponibles au fil de la journée ici.
Cet été, Greenpeace France a écrit à la nouvelle présidente-directrice du musée du Louvre, Laurence des Cars, afin de lui rappeler sa responsabilité dans l’acceptabilité sociale de TotalEnergies. Avec sa campagne « Libérons le Louvre », l’association 350.org s’était déjà mobilisée durant plusieurs années contre le partenariat entre la multinationale et le Louvre. Il est temps que le musée sorte de son mutisme et y renonce publiquement. Et pour cause : le logo de Total est à l’intérieur même du musée. Sur son site internet, le Louvre affiche sans ambiguïté « La Fondation Total, mécène principal de La Petite Galerie du Louvre ».
Derrière cette philanthropie se cache une stratégie de soft power bien ficelée, permettant à TotalEnergies d’asseoir son pouvoir et ses positions stratégiques, mais aussi de signer de nouveaux contrats grâce à la diplomatie internationale que lui offre le musée du Louvre. Une situation loin d’être anecdotique puisqu’en France, TotalEnergies finance aussi le musée du quai Branly, l’Institut du Monde Arabe, le Centre Pompidou… et ce schéma se répète à l’international avec d’autres instituts culturels, et d’autres majors pétrolières.
Un mouvement européen contre la propagande de l’industrie fossile
C’est pour cette raison que Greenpeace a lancé, lundi 4 octobre, une initiative citoyenne européenne pour l’interdiction des publicités, partenariats et mécénats pour toutes les entreprises vendant des biens et services fossiles. Lundi, des activistes de Greenpeace Pays-Bas bloquaient l’entrée de la raffinerie de Shell à Rotterdam. Aujourd’hui Greenpeace France est au Louvre pour dénoncer sa complicité avec TotalEnergies. Le mouvement ne fait que démarrer. Car oui, la fin de ces publicités, partenariats et mécénats est possible, l’Union Européenne l’a déjà fait. C’était en 2003, avec l’industrie du tabac. Les associations ont un an pour réunir 1 million de signatures à travers l’Union européenne et ainsi obliger la Commission européenne à se saisir du dossier.
D’ores et déjà, le vent tourne pour les majors pétrolières : plusieurs institutions culturelles telles que le Royal Shakespeare Theatre et le Tate museum au Royaume-Uni ou le musée Van Gogh aux Pays-Bas ont pris les mesures et engagements nécessaires en cessant leurs partenariats avec des entreprises productrices d’énergies fossiles. Le musée du Louvre va-t-il enfin s’emparer de l’enjeu climatique, préoccupation majeure de notre siècle, plutôt que de continuer à cautionner l’industrie fossile ?