[Action] Greenpeace France bloque l'arrivée d'un bateau de soja au port de Sète
Sète, le 28 juin 2019
Alors que la canicule étouffe la France, Greenpeace France démontre une nouvelle fois le manque flagrant d’action du gouvernement pour changer de trajectoire. « L’Europe suffoque et avec le réchauffement climatique, cela ne fera qu’empirer. Puisque le gouvernement est incapable de respecter ses engagements pour lutter contre la déforestation et le changement climatique, nous sommes venus le faire à sa place », déclare Cécile Leuba, chargée de campagne forêts chez Greenpeace France. Depuis 14h30 vendredi, 50 activistes, français mais aussi allemands ou encore hollandais, ont bloqué l’arrivée du cargo ELLIREA, en provenance du port de Cotegipe, situé à Salvador au Brésil, l’empêchant d’accoster dans le port de Sète. Ce cargo transporte 50 000 tonnes de tourteaux de soja, destinées à être déchargées pour moitié en France et pour moitié en Slovénie, afin de nourrir les animaux d’élevage au sein de l’Union européenne.
A quai, les activistes ont bloqué les quatre grues de déchargement et interdit l’accès au quai d’amarrage. Ils ont également déployé des banderoles déclarant « Warning : soja qui déforeste » et peint sur le quai un message « Stop Elevage industriel ». La coque du bateau a quant à elle été repeinte avec le message « Forest Killer ».
Photos et vidéos de l’action téléchargeables ici : https://media.greenpeace.fr/855
Le symbole d’un système soja destructeur et climaticide
Cette action fait suite à la publication le 11 juin d’un rapport intitulé « Mordue de viande : l’Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja¹ » qui démontre comment l’élevage industriel et la surconsommation de viande en Europe engendrent des phénomènes massifs de déforestation et de destruction d’écosystèmes précieux en Amérique du Sud via la culture du soja.
De plus, la déforestation et l’élevage pèsent fortement sur les émissions de gaz à effet de serre, représentant respectivement 12 % et 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
En provenance du port de Cotegipe, situé à Salvador dans l’Etat de Bahia au Brésil, le cargo ELLIREA est le symbole de ce système soja destructeur. En effet 89% du soja originaire de ce port provient du Cerrado, une savane brésilienne précieuse qui abrite la plus grande biodiversité au monde et stocke de grandes quantités de carbone. Malgré sa grande valeur écologique, le Cerrado est victime d’une destruction rapide, ses forêts et prairies étant converties en champs de soja et en élevages. Près de la moitié de sa végétation d’origine, environ 88 millions d’hectares, a déjà été détruite, en partie pour nourrir les millions d’animaux (poulets et porcs principalement) élevés dans les élevages européens. Sans compter sur le fait que ces monocultures de soja se font à grands renforts d’OGM et de pesticides en partie interdits dans l’Union européenne.
Pas de demi-mesures face à l’urgence climatique
« Le gouvernement se noie sous les belles paroles et les fausses promesses depuis des mois, que ce soit concernant la mise en application de la Stratégie nationale contre la déforestation importée (SNDI) ou de la transition de notre modèle d’élevage vers des systèmes plus écologiques, condamne Cécile Leuba. L’urgence climatique oblige le gouvernement français à l’action. François de Rugy et Didier Guillaume, en première ligne sur ces questions, doivent mettre en cohérence les discours et les actes. Nous avons besoin d’une révolution agricole et alimentaire : mettons fin à la destruction des forêts au Brésil, au Paraguay, en Argentine ; mettons fin à nos modes de productions industriels et destructeurs en Europe ; mettons fin à cette surconsommation de viande et de produits laitiers qui a des conséquences jusque de l’autre côté de la planète. Nous bloquerons l’arrivée de ce cargo jusqu’à obtenir des engagements réellement convaincants du gouvernement en ce sens. »
Les demandes de Greenpeace France :
- Concernant la SNDI, Greenpeace France demande l’interdiction de toute arrivée de soja sur le territoire français s’il n’est pas prouvé qu’il n’a pas contribué à la déforestation ou destruction d’écosystèmes. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’appliquer immédiatement les grands principes énoncés dans sa stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée.
- Concernant la transition de notre modèle d’élevage : Greenpeace France demande à ce que le prochain Plan protéines végétales soit ambitieux et favorise le développement de légumineuses diversifiées, durables et adaptées aux territoires, tant pour nourrir les animaux que les humains. Par ailleurs, la prochaine Politique agricole commune, et en particulier le plan stratégique national, doit permettre une réduction de la production de protéines animales et la transition d’un modèle intensif vers un élevage écologique et paysan. Greenpeace France demande ainsi la fin des subventions aux modèles productivistes pour enfin assurer cette transition vers un élevage écologique.
Notes : (1) Rapport Mordue de viande, l’Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja
Contact presse : Cécile Cailliez / 06 13 07 04 29